Combattants étrangers en Ukraine  - Beaucoup sont «fondamentalement inaptes à la zone de guerre»

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Combattants étrangers en UkraineBeaucoup sont «fondamentalement inaptes à la zone de guerre»

Méconnaissance du terrain, incompétence, problèmes mentaux: bon nombre de volontaires qui ont afflué pour prendre part au conflit ukrainien sont en réalité difficiles à gérer et à intégrer. 

Début mars, Kiev avait affirmé que quelque 20’000 combattants étrangers, principalement de pays européens, s’étaient portés volontaires.

Début mars, Kiev avait affirmé que quelque 20’000 combattants étrangers, principalement de pays européens, s’étaient portés volontaires.

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Ils sont européens, africains ou américains, suprémacistes, islamistes radicaux ou aventuriers. Des combattants étrangers et mercenaires de tout poil ont afflué en Ukraine pour combattre dans un camp ou dans l’autre, posant plus de problèmes qu’ils n’apportent de solutions.

Un outil de propagande 

Sont-ils des milliers, des dizaines de milliers ? Les chiffres varient du tout au tout mais aucun n’est fiable. En revanche, les deux camps brandissent régulièrement leur existence. «Les combattants étrangers constituent un outil de propagande important», résume James Rands, analyste pour l’institut de renseignement britannique Janes. «Pour les Ukrainiens, la présence de volontaires étrangers envoie un signal à leurs troupes et aux civils qu’ils reçoivent un soutien international. Pour les Russes, les Tchétchènes et les (mercenaires du) groupe Wagner sont des unités qui viennent avec de l’expérience de conflits précédents», estime-t-il.

Début mars, le ministère ukrainien des Affaires étrangères avait affirmé que quelque 20’000 combattants étrangers, principalement de pays européens, s’étaient portés volontaires. Moscou, pour sa part, mobilise des mercenaires de la société privée Wagner et s’est déclarée favorable au déploiement de Syriens.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) avait d’abord fait état de 40’000 combattants de l’armée syrienne et de milices alliées prêts à être déployés. Il indique aujourd’hui que des dizaines d’officiers ont passé quelques jours en Ukraine et sont actuellement de retour en Syrie où ils sont formés sous supervision russe.

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Illusions et incompétence 

Les volumes n’ont en tout cas rien à voir avec les quelque 40’000 combattants réellement partis en Syrie dans les années 2010, selon les experts occidentaux. Les recrutements semblent à ce stade individuels, spontanés et à l’évidence peu efficaces. «En dépit de la profusion d’anecdotes, il n’y a pas de preuves convaincantes que les combattants étrangers fassent la différence sur le front», assure James Rands.

Car ils débarquent souvent avec leurs lots de problèmes, d’illusions et d’incompétences. Ils réclament des armes, ne parlent pas la langue et ne connaissent ni le terrain ni la culture du camp qu’ils voudraient servir.  Il y a aussi ceux qui souffrent de fragilités psychologiques. Les toxicomanes, les repris de justice, les ultraviolents portés par des idéologies qui n’ont rien à voir avec le conflit dans lequel ils s’engagent. La plupart sont donc difficiles à intégrer dans des unités sous un commandement cohérent, avec de la discipline, le respect des tactiques adoptées et la maîtrise de l’engagement.

«Forces spéciales TikTok»

«Certains ont déjà été expulsés pour des problèmes de santé mentale», constate le Dr Vera Mironova, de l’université de Harvard, qui en a rencontré personnellement. «Nombre d’entre eux ne s’approcheront jamais du front», assure-t-elle, même si certains sont prêts à corrompre les militaires pour être autorisés à en découdre.

Daniel Byman, professeur à l’université de Georgetown, à Washington, trace des comparatifs avec d’autres théâtres récents et constate que beaucoup de volontaires sont «fondamentalement inaptes à la zone de guerre». Ils résistent mal à des choses aussi basiques que l’absence de repas chaud ou à la nécessité de dormir dehors. «Un grand nombre de personnes ont de faibles capacités et vont juste rentrer chez elles», estime l’Américain.

James Rands évoque de son côté une vidéo de Tchétchènes en train de prier, supposée intimider leurs adversaires. En lieu et place de quoi ces derniers s’en sont servis pour les géolocaliser et leur tendre une embuscade. Leur chef et plusieurs soldats ont été tués. «Les Ukrainiens les appellent les «forces spéciales TikTok» suggérant qu’ils ne savent faire que de bonnes vidéos».

(AFP)

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