FranceIl nie avoir étouffé une nonagénaire avec une madeleine
L’ancien pompier qui est accusé d’avoir tué une dame âgée, à qui il avait acheté sa maison en viager, a nié les faits devant la cour mercredi, en France.

Des morceaux de madeleine ont été retrouvés dans la bouche de la nonagénaire.
AFP«Je maintiens mon innocence»: l’ancien pompier jugé pour avoir étouffé une nonagénaire avec une madeleine, sur fond de viager qui s’éternise, a nié les accusations mercredi matin, à l’ouverture de son procès devant la cour d’assises de Tours, en France.
Alain J. est arrivé dans une salle d’assises comble, encadré par deux agents de l’administration pénitentiaire. Vêtu d’une chemise blanche finement rayée et d’un pantalon beige, cheveux coupés très court, l’ancien militaire a décliné son nom d’une voix claire. Il n’a montré aucune réaction pendant le rappel des faits lu par la présidente Aude Cristau. Interrogé par la magistrate, l’homme âgé de 63 ans a maintenu sa position, la même que lors de toute l’instruction.
«Je maintiens mon innocence. Je viens de faire 1170 jours de prison. Trois ans d’humiliation, séparé de ma femme. J’espère que la vérité sortira et que mon innocence sera reconnue», a déclaré calmement l’accusé, incarcéré depuis le 23 mai 2019.
Porte verrouillée
Yvette B., 92 ans, résidente d’une unité Alzheimer d’un Ehpad tourangeau, avait été retrouvée morte le 13 mai 2019 dans son lit, des morceaux de madeleine dans la bouche. L’accusé lui avait rendu visite quelques minutes avant, apportant un paquet de madeleines industrielles d’une marque célèbre. Le passionné de moto avait verrouillé la porte de la chambre, un comportement qui avait suscité des interrogations chez le personnel soignant présent ce lundi-là en fin d’après-midi.
Si l’autopsie a mis en évidence un étouffement par un corps étranger, sans doute d’origine alimentaire, les expertises médico-légales n’ont pas permis de démontrer l’existence certaine de l’intervention d’un tiers dans la mort de la nonagénaire. Mais son état de santé ne lui permettait pas de se servir seule. Elle ne mangeait que des aliments coupés en très petits morceaux. Du «mixé», selon les employés de l’Ehpad.
«Aidant» et «gai»
Durant l’enquête, l’accusé a assuré ne pas avoir porté de madeleine à la bouche de la victime qui était, selon lui, encore en vie au moment de son départ de l’Ehpad. Selon ses défenseurs, maîtres Abed Bendjador père et fils, l’instruction n’a pas mis en évidence l’éventuel mode opératoire de l’ancien pompier.
D’autres éléments ont toutefois éveillé les soupçons des enquêteurs. La version des faits de l’accusé a parfois varié et il était lié à la nonagénaire par un viager, contracté en 1995 sur une maison de famille de la victime. Cette forme d’achat ne lui permettait pas de revendre la demeure pour se lancer dans un projet immobilier avec sa femme à l’approche de la retraite. Le débirentier avait déclaré aux policiers que la victime serait «morte au bon moment».
Visites en augmentation
Au moment des faits, le sexagénaire avait déjà pris contact avec des agences dans le but de vendre cette maison et d’acheter un terrain à Bléré (Indre-et-Loire, France). L’instruction a relevé 47 appels à des professionnels de l’immobilier. Par ailleurs, l’homme avait récemment augmenté la fréquence de ses visites à l’Ehpad, lui qui n’entretenait jusqu’alors qu’une relation distante avec son ancienne voisine.
L’homme a été décrit comme «serviable» et «gai» par ses proches. Son «engagement» envers les autres, jusque dans sa dernière profession de gardien dans une résidence séniors, où il était «apprécié», a été noté par la présidente. Alain J. encourt la réclusion criminelle à perpétuité.