RapportL’antisémitisme toujours bien présent en Suisse
La Commission fédérale contre le racisme publie un rapport sur cette question qui occupe régulièrement les tribunaux. Une personne sur cinq en Suisse adopte des stéréotypes négatifs vis-à-vis des Juifs.


Sur les réseaux sociaux, les thèses complotistes font revivre de vieilles légendes contre les Juifs.
Getty Images/iStockphoto«8% des personnes interrogées expriment de l’hostilité à l’égard des juifs et 22% approuvent différents stéréotypes négatifs à leur égard. L’antisémitisme est toujours là, il est important de le reconnaître pour pouvoir le combattre et le prévenir». La Commission fédérale contre le racisme (CFR) a diffusé lundi les résultats de son enquête bisannuelle «Vivre ensemble en Suisse».
18 000 juifs en Suisse
La CFR a choisi aussi de publier cette année un dossier thématique «Antisémitisme», consacré à cette question. Quelque 18 000 juifs sont recensés en Suisse et la plupart y sont nés. Le document atteste qu’ils ne sont que rarement victimes de violences physiques. Cependant, «nombre d’entre eux sont confrontés à d’autres formes d’hostilité ou à des préjugés, notamment aux discours de haine en recrudescence sur les réseaux sociaux. Les théories du complot et les infox antisémites propagent quant à elles une image fausse et négative des juifs», note le communiqué de la CFR.
La pandémie, un révélateur
Sa présidente, Martine Brunschwig Graf constate que la pandémie a agi comme un révélateur: «Le besoin de désigner des boucs émissaires lorsque la situation économique, sanitaire ou sociale se détériore est toujours aussi présent. Les juifs, de tout temps, ont été des cibles rapidement désignées. Il n’en va pas autrement depuis 2020». Ainsi, selon les constats faits par la CFR: «Les théories complotistes, éculées ou nouvelles, les attaques contre les personnes, voire le détournement de l’étoile juive sont des signes qui ne trompent pas. L’amplification des propos antisémites sur internet vient s’ajouter au constat».
200 condamnations en 26 ans
En Suisse, nombre de personnes ont déjà été condamnées en vertu de l’article 261bis du Code pénal pour des propos antisémites publiés sur les réseaux sociaux, comme Facebook ou Twitter: «Ces dernières années, note la brochure, les incidents antisémites sur internet (textes, images, publications audio et vidéo) représentaient même la majorité des procédures pénales». Depuis 1996, le recueil de cas juridiques de la CFR a recensé quelque 265 procédures pénales pour antisémitisme, soit environ un quart des procédures prévues dans le cadre de l’article 261bis. 200 procédures environ ont débouché sur une condamnation.