Jura bernoisIl attaque ses voisins à la hache, comme dans «Shining»
Le procès d’un assisté social, qui a attaqué sa voisine et son fils dans un immeuble locatif de Malleray, se déroule à Moutier.


Les coups de hache ont été portés sur la porte.
lematin.ch/Vincent DonzéLes traces verticales relevées sur une porte rouge témoignaient de la rage d’un assisté social de 63 ans qui s’en est pris à une voisine et à son fils, le 2 mars 2021, dans un immeuble locatif de Malleray (BE). Armé d’une hache, ce sexagénaire excédé par du bruit qu’il croyait intentionnel a frappé sur cette porte avec l’intention de décapiter les locataires! Du bruit? Ce jour-là, celui d’une porte d’ascenseur qui claque…
Croyant ouvrir à un copain venu le chercher ce mardi-là à 15 h 30, un garçon de 12 ans s’est retrouvé nez à nez avec le locataire placé au dernier étage par les services sociaux. Le drame a été évité de peu, la maman s’étant protégée avec une caissette en bois. Son fils en a profité pour se saisir d’un couteau et frapper l’assaillant dans le dos pour défendre sa maman.
Le soigner
Cette semaine, l’agresseur a comparu devant le Tribunal régional Jura bernois-Seeland. «Contrairement à ce qu’il se passe dans ‘Shining’, mon client va continuer de vivre et j’espère qu’on trouvera un moyen de le soigner», a plaidé l’avocat du prévenu, en citant le film d’horreur de Stanley Kubrick sorti en 1980, avec l’acteur Jack Nicholson jouant de la hache. Le verdict sera prononcé mardi prochain.
Selon «Le Journal du Jura», le prévenu a évoqué «le trop-plein de harcèlement» subi pendant deux ans. Sommé de quitter son appartement trois mois plus tard, P. I. s’était disputé avec le fils de sa voisine. Menaçant, il laissait sous-entendre qu’il pourrait arriver des bricoles à «ces Portugais». Devant ses trois juges, il a admis un pétage de plombs qui lui a valu une inculpation pour tentatives de meurtre, éventuellement d’assassinat.
Des regrets
Déclaré irresponsable de ses actes au moment des faits, le prévenu a exprimé des regrets. «Je suis désolé d’avoir fait ce que j’ai fait. Je suppose que je les ai extrêmement traumatisés et je le regrette», a-t-il dit, selon le «JdJ». Il a avoué également ne pas comprendre son geste.
«On a l’impression d’être comme dans un film», a commenté dans son réquisitoire le procureur Raphaël Arn. La maman s’en est tirée avec de légères blessures à un coude et à un bras, mais le choc post-traumatique est violent: stress, peur constante, hallucinations auditives, humeur dépressive…

L’agression s’est déroulée dans cet immeuble de 14 appartements, Malleray (BE).
lematin.ch/Vincent DonzéServiable et poli avec les aînés de l’immeuble, P. I. souffre de délire persistant paranoïaque, d’anxiété et d’autres problèmes d’ordre psychiatrique. De fait, le procureur et les avocats de l’accusation comme de la défense préconisent une mesure thérapeutique en milieu fermé. Actuellement, faute de places en institution, le prévenu suit un traitement mensuel à la prison de la plaine de l’Orbe (VD).
Les avocats des victimes demandent 40 000 francs et 20 000 francs d’indemnités pour tort moral, pour la mère et l’enfant. Le préjudice subi pour incapacité de travail n‘est pas encore chiffré. L’avocat du prévenu propose de renvoyer les parties civiles devant le juge civil pour partager les 100 000 francs que l’assurance est susceptible de couvrir.