FootballServette et ses limites
Étouffés par Bâle dès le début, les Grenat s’effondrent, terminant à dix avec deux blessés. Une défaite 5-1 grave?

Tordu dans un sens inhabituel et extrême, le concept de «défaite à la Pyrrhus» visité par Servette dimanche à Bâle dit à la fois l’impossibilité du moment et la douleur des circonstances. Voilà donc des Grenat qui ont explosé sous toutes les coutures au Parc Saint-Jacques, encaissant cinq buts, jouant toute la deuxième période à dix après l’expulsion de Sasso (44e), perdant Rodelin sur blessure (dos) à la demi-heure et peut-être aussi Kyei, qui semblait également touché (adducteurs). L’opprobre et le malheur ensemble pour Servette.
Encaisser le 2-0 à la 45e minute, sur un penalty qui se double d’une expulsion (main de Sasso sur une tête de Cabral qui filait dans le but), c’est évidemment être assommé. S’écrouler dès le retour sur le terrain, après la pause (trois buts de plus concédés en moins de vingt minutes), c’est montrer des faiblesses morales face au défi, malgré l’infériorité numérique.
On pourra toujours se dire que ce Bâle du début de saison, qui renaît avec force à son glorieux passé, était bien trop fort pour ce Servette dépassé dès les premières secondes de jeu. C’est vrai. On pourrait également penser à une erreur de casting quant au onze de départ choisi par Geiger, cela peut arriver. Cognat et Imeri sur le banc au coup d’envoi, remplacés sur le terrain respectivement par Douline et Rodelin. Un Douline obligé de jouer en No 8 et pas en No 6, là où Cespedes œuvrait, alors que ce dernier, l’international Bolivien, a plus naturellement peut-être cette faculté de jouer plus haut.
Questions et fantasmes
On pourrait se dire plein de choses, sur cette obsession vertueuse à vouloir s’aligner en 4-3-3 (en fait en 4-1-4-1 à Bâle), avec cette nécessité de prendre le dessus dans l’entre-jeu, ce qui n’a jamais vu le jour dimanche, ni de près ni de loin. On pourrait même se dire qu’il n’y avait pas assez de jeunes Grenat formés au club sur le terrain, pourquoi pas, en considérant que les meilleurs jeunes Servettiens ont tous déjà dans les jambes le niveau de la Super League, que leur introduction plus massive servirait forcément, à la fois, leurs intérêts et ceux de l’équipe.
Il y a beaucoup de fantasmes autour de Servette. Et une réalité, bornée par les limites de l’exercice. Cognat n’a pu s’entraîner qu’une fois sérieusement dans la semaine qui a précédé le déplacement à Bâle (deuxième dose de vaccin Covid qu’il a dû digérer) et Imeri se ressent d’une douleur en haut de la cuisse. Et Rouiller était absent, annoncé blessé. Voilà pour les choix contraints du début.
On peut rajouter la blessure de Schalk, qui souffre légèrement d’une cuisse et qui ne veut pas prendre le moindre risque. Que les jeunes sont pour certains issus des M21, soit de la 2e ligue inter, si loin de la Super League.
Kyei sur le départ?
On doit aussi dire que Kyei, selon nos informations, est toujours, à tort ou à raison, dans la ligne de mire de quelques clubs français (notamment en L1) et qu’il aurait déjà laissé entendre qu’il voudrait partir. Et qu’Oberlin constitue un pari qui demande encore de la patience et dont on ne sait pas s’il sera concluant. Bref: sur le plan du contingent, Servette est à des années-lumière de ce Bâle qui lui a infligé un sec 5-1. Le rapport de force est là, cinglant.
Ce qui a manqué dimanche à Servette, partout et au-delà de la défaite logique et sans appel, c’est l’équilibre. Entre les lignes, dans le projet de jeu, dans les intentions. L’intensité a fait défaut aussi. Un match compliqué, parce que dès que quelques éléments essentiels manquent, cela se remarque, à commencer par l’absence de Cognat au milieu. C’est aussi cela, la réalité d’un Servette qui évolue à flux tendu. Il y a peu entre des Grenat qui imposent leurs idées ou qui osent et la même équipe qui subit la rencontre.
De nouveaux renforts vont-ils arriver? Entre un Schalk souvent blessé, un Kyei sur le départ, un Oberlin en guise de point d’interrogation, il y a sans doute des questions à se poser du côté de l’attaque, pour l’avenir. Même si Kyei devait rester d’ailleurs.
Constance à trouver
Servette est rentré de Bâle avec beaucoup de questions dans la tête. Alain Geiger, lui, est resté calme. «Je ne suis pas inquiet, a-t-il dit. On doit aussi savoir progresser avec des matches comme celui-là.»
L’avantage de Servette, c’est d’avoir des certitudes et de les cultiver. De savoir réagir aussi, le plus souvent, après un revers. D’en avoir le potentiel. Mais s’il ne veut pas faire dangereusement le yoyo dans ses performances cette saison, il va lui falloir trouver de la solidité et de la constance. Avec ou sans renfort.
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