FootballLe sentiment de l’absurde
Battu 3-0, Servette s’égare à Saint-Gall, avec deux bourdes de Frick et des absences partout.


La littérature est déjà copieuse sur le sujet, mais pour Servette, les seuls deux premiers matches de 2023 suffisent déjà à la documenter dans l’excès et à l’envi: le sentiment d’absurdité. On aurait pu croire que les Grenat avaient écrit des lignes définitives sur la question contre Sion une semaine plus tôt, offrant deux buts à une équipe fantôme déjà à dix? C’était compter sans le sens tragique des Servettiens.
À Saint-Gall, après avoir fait illusion durant les premiers instants, tout a viré au tragicomique. Rien de comparable avec les maladresses aperçues dimanche passé: cette fois, il y avait quelqu’un en face, pour alimenter les craintes. Il n’empêche: c’est après un cafouillage sans nom, pour concéder deux corners, que le premier but est tombé. Et bien sûr enveloppé d’aigreur.
C’est sur un centre qui devient tir de Dajaku que Frick est pris en faute: il avait anticipé, il est trompé au premier poteau et sa tentative de sauvetage ne suffit pas, Görtler est là. Première bourde.
La seconde suit, avec ce ballon perdu de Pflücke, cette touche rapide et, au final, une sortie kamikaze de Frick sur Guillemenot, pour le penalty du 2-0. Un penalty, Servette en a eu un aussi, juste après, l’occasion de revenir dans le match (bras de Stergiou sur une reprise de la… hanche de Bedia). Mais Kutesa, qui connaît pourtant bien l’endroit, ratait la transformation face à Zigi.
Au royaume de l’absurde, Servette collectionne donc les premiers prix. Le listing sur les deux derniers matches est suffoquant: le cadeau de Clichy contre Sion; l’autobut-gag de Douline (son tibia contre une passe latérale de Grgic, et ça finit dans le petit filet, toujours contre Sion); on pourrait rajouter l’invraisemblable raté de Pflücke, seul à 7 mètres d’une cage ouverte; puis, contre Saint-Gall, les deux black-outs de Frick; le penalty raté de Kutesa; le but de Cognat annulé parce que Bedia était proche de la trajectoire, hors-jeu; l’expulsion de Cespedes (2e jaune à la 64e minute).
La tête à l’envers
Dans un monde grenat ou le sentiment de l’absurde domine, il faut peut-être se tourner vers Albert Camus, maître en la matière et en son analyse. «Il n’est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris», a-t-il asséné. Il faudra un Servette très philosophe pour s’en inspirer. Parce que la réalité des Genevois, c’est une métaphysique qui tourne en rond en ce début d’année. Les minces promesses de jeu s’effacent devant les cadeaux offerts aux adversaires, et ce Servette qui voulait rester solide derrière en est, en deux matches, à une moyenne de deux buts encaissés par rencontre. Autrement dit: les Grenat ont la tête à l’envers, sur un terrain glissant.
Ils ont commencé leur semaine anglaise de la pire des manières avec cette défaite à Saint-Gall ponctuée par le 3-0 de Geubbels: ils vont la poursuivre à Winterthour mercredi soir si un nouveau renvoi n’intervient pas (promesses de grand froid pour le milieu de semaine à Zurich) et ils la termineront samedi en accueillant Grasshopper.
Égarés dans leurs propres labyrinthes, les Servettiens doivent vite trouver une porte de sortie. Pour leur santé morale et pour cesser de reculer au classement.