États-UnisAu Congrès, Joe Biden retrouve ses accents de rassembleur
Le président Joe Biden, dont la cote de popularité est faible, a veillé à ne froisser personne lors de son premier discours sur l’état de l’Union, mardi.

Le président Joe Biden lors de son discours sur l’état de l’Union, avec la vice-présidente Kamala Harris et Nancy Pelosi derrière lui.
Getty Images via AFPFace à l’effroi causé par la guerre en Ukraine, et alors que l’étau du Covid-19 se desserre, l’Amérique va-t-elle pouvoir surmonter ses divisions? Pour son premier discours sur l’état de l’Union, Joe Biden a en tout cas repris mardi ses accents de président rassembleur.
Ce rituel annuel, par lequel le chef de l’exécutif détaille ses grands axes politiques devant le Congrès, a offert des scènes devenues rares aux États-Unis: des parlementaires républicains et démocrates debout ensemble, pour manifester leur soutien à l’ambassadrice d’Ukraine, invitée d’honneur. Et même, à quelques exceptions près, pour saluer l’entrée de Joe Biden.
Le démocrate de 79 ans a entamé son discours long de près d’une heure par une longue diatribe contre le «dictateur» Vladimir Poutine, un vibrant éloge à la résistance du peuple ukrainien, et une affirmation de la cohésion des démocraties face à «l’autocratie». Il a assuré que le président russe n’avait pas atteint son autre objectif, celui de «diviser chez nous».
Joe Biden, qui avait fait campagne sur la promesse de guérir «l’âme» de l’Amérique, veut voir dans l’effroi commun face à la guerre en Ukraine, et dans le soulagement partagé face à la décrue de la pandémie, une occasion d’y arriver.
«Le Covid-19 ne doit plus régir nos vies», a-t-il clamé, face à des parlementaires, ministres, et juges de la Cour suprême, qui avaient quasiment tous abandonné le masque, à la suite de nouvelles recommandations des autorités sanitaires.
Équilibriste
Rappelant les débats parfois violents sur les mesures sanitaires, il a ajouté: «Nous ne pouvons pas changer nos divisions passées. Mais nous pouvons changer la manière dont nous allons avancer, sur le Covid-19 et d’autres sujets que nous devons affronter ensemble.»

Joe Biden, au Capitole, mardi 1er mars 2022.
AFPLe président, dont la cote de confiance est anémique, sait bien que dans quelques mois, aux législatives de mi-mandat, il risque de perdre sa très mince majorité parlementaire. Alors l’ancien sénateur, modéré dans l’âme, s’est livré, devant le Congrès, à un exercice d’équilibriste politique. Pas de violentes critiques de l’opposition républicaine, pas d’attaques, comme il a pu en livrer, contre son prédécesseur Donald Trump. Joe Biden a essayé de ne froisser personne.
À destination d’électeurs conservateurs qui le taxent de laxisme, il a promis qu’il allait investir dans les forces de police face à la flambée de criminalité aux États-Unis, et assuré qu’il voulait «sécuriser» la frontière sud, où se succèdent les vagues migratoires.
«Produisons en Amérique!»
À ses partisans progressistes, il a assuré qu’il se battrait pour défendre le droit à l’avortement «menacé comme jamais» et pour l’accès au vote des Afro-Américains. Il a aussi promis son «soutien» aux jeunes Américains transgenres, face à des mesures prises dans certains États conservateurs contre les procédures chirurgicales ou hormonales suivies par certains mineurs.
Et Joe Biden, indécrottable optimiste mais aussi centriste roublé, a matraqué des thèmes qu’il espère consensuels, en tâchant d’être le plus concret possible, lui qui a vu ses grands projets de réformes sociales sombrer pour cause de trop faible majorité parlementaire.
Il a assuré que lutter contre la flambée d’inflation, que la Maison-Blanche a mis longtemps à reconnaître, et qui est certainement son principal handicap politique, était «sa première priorité». Et, avec des accents qui rappelleraient presque Donald Trump, il a plaidé pour une renaissance industrielle des États-Unis et pour une réduction de la dépendance aux importations: «produisons en Amérique!»