Argent russe en Suisse: demande d’enquête au Parlement

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Guerre en UkraineArgent russe en Suisse: demande d’enquête au Parlement

À Berne, des représentants de la gauche et du Centre demandent une enquête indépendante approfondie sur les liens entre les oligarques russes et la place financière et de négoce en Suisse.

Eric Felley
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Eric Felley
Lundi 9 mai, lors de la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Vladimir Poutine songe-t-il à l’argent qu’il aurait encore en Suisse?

Lundi 9 mai, lors de la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Vladimir Poutine songe-t-il à l’argent qu’il aurait encore en Suisse?

AFP

Après les critiques acerbes de la Commission d’Helsinki sur le double jeu que mènerait la Suisse dans le cadre de l’application des sanctions contre la Russie de Vladimir Poutine, le Parlement veut en avoir le cœur net. La conseillère nationale Claudia Friedl (PS/SG) a déposé un postulat pour faire la lumière sur les accusations portées contre la Suisse. Mais elle n’est pas seule. Sa requête a été signée par des représentants des Verts, la cheffe du groupe parlementaire des Vert’libéraux, Tiana Angelina Moser (VL/ZH) et le président du Centre Gerhard Pfister (C/ZG). De quoi former une majorité au Conseil national.

Toute la lumière sur l’argent russe en Suisse

Cette enquête s’annonce ambitieuse et devrait suivre un certain nombre de pistes pour le moins délicates. Il s’agira de considérer le rôle de la Suisse et de certains cantons comme siège de sociétés liées au Kremlin, le rôle de la Suisse dans le commerce russe des matières premières, les activités économiques des oligarques proches de Poutine en Suisse, le rôle des intermédiaires financiers suisses dans la gestion des avoirs des oligarques, les mesures mises places pour contourner les sanctions internationales après l’annexion de la Crimée en 2014 et enfin la politique d’octroi de «visas dorés» aux Russes fortunés durant les deux dernières décennies.

«Construire un cercle de pouvoir autoritaire et une armée de cette taille nécessite des années de planification et d’énormes ressources financières, constate l’auteure du postulat. De l’avis unanime des experts, ces fonds proviennent notamment du commerce des matières premières, d’un réseau international d’entreprises internationales et d’un réseau mondial actif d’oligarques proches du régime».

Des avoirs gelés qui fluctuent

Jeudi le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) a informé jeudi que la Suisse avait gelé pour 6,3 milliards de francs et que 2,2 milliards avaient été débloqués. C’est moins que les 7,5 milliards annoncés le 7 avril. Le SECO a précisé: «Le montant des avoirs gelés ne permet pas de mesurer l’efficacité des sanctions. Il livre uniquement un instantané et peut varier dans un sens ou dans l’autre: d’un côté, le SECO reçoit sans arrêt de nouvelles annonces et, de l’autre, il arrive que des actifs financiers gelés à titre préventif soient libérés une fois les clarifications nécessaires réalisées»

Suisse «principale complice»

Début mai, la Commission Helsinki des États-Unis, un organisme financé par le gouvernement américain qui examine les questions de sécurité en Europe, a qualifié la Suisse de «principal complice du dictateur russe Vladimir Poutine et de ses acolytes». Selon cette instance: «Les lois suisses leur permettent de cacher et protéger le produit de leurs crimes». Dans la vidéo diffusée par la commission, on peut voir et entendre le conseiller aux États Carlo Sommaruga (PS/GE) qui explique à ses interlocuteurs, que la pression internationale est indispensable pour faire bouger les choses en Suisse.

Devant la gravité de ces accusations, le Conseil fédéral a aussitôt réagi. Le président Ignazio Cassis a parlé «d’insinuations politiquement inacceptables» et avait demandé au gouvernement américain de «corriger immédiatement cette impression trompeuse» lors d’un appel téléphonique avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

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