SpectacleCuche et Barbezat se rendent hommage à eux-mêmes
Les comiques neuchâtelois n’ont pas prévu de s’arrêter mais s’auto-célèbrent «avant qu’il ne soit trop tard».

La dernière fois qu’on a vu le duo comique Cuche et Barbezat, Benjamin Cuche était tombé sur la tête en s’amusant avec ses enfants dans un centre de loisirs lausannois. Verdict: fracture d’un disque entre la 4e et la 5e vertèbre. Six mois plus tard, le duo est en tournée sous un titre intriguant: «Hommage à Cuche et Barbezat par Cuche et Barbezat avant qu’il ne soit trop tard!»
Avant une double représentation à Cossonay (7 et 8 avril au Théâtre du Pré-aux-Moines), puis à Bienne (14 mai au HAHA Comedy Festival), le matin.ch s’est entretenu en coulisses avec Jean-Luc Barbezat et Benjamin Cuche, un duo qui cultive le stand-up, la comédie, et, comme ils disent, «pas mal d’absurde»:
Benjamin, comment vont vos vertèbres?
Cuche: J’ai perdu de la mobilité dans la main gauche, j’ai du mal à aller chercher des trucs assez loin, mais ça va.
Barbezat: Le docteur lui a quand même dit de se tenir tranquille une année….
On lit que c’est votre dernier tour de piste…
Barbezat: On ne sait pas si c’est la dernière tournée, mais on a déjà des dates réservées dans des grandes salles en 2023: Beausobre (ndlr. à Morges), Nuithonie (Villars-sur-Glâne), Crochetan (Monthey), Passage (Neuchâtel)… Et dès cet automne, ce sera la Revue vaudoise à Montreux… On ne fait pas tant de calcul que ça, mais comme on le dit dans le spectacle, si on ne rend pas hommage à Cuche et Barbezat avant qu’il ne soit trop tard, qui le fera?.
Chez vous au Locle, c’était bien?
Barbezat: La standing ovation fût longue et évidemment émouvante… «comme si on allait mourir demain!».
On ne vous imagine pas l’un sans l’autre…
Cuche: Même si on n’est pas inséparable, on est toujours ensemble! Mais dans la vie artistique, on fait des trucs l’un sans l’autre, mais c’est tellement mieux avec!
Barbezat: On a mis 35 ans à construire une complicité sur scène… Et même plus que ça, puisqu’on se connaît depuis gamins. On se connaît depuis toujours.
Cuche: On ne peut pas savoir quand on va s’arrêter quand on ne sait pas quand c’est qu’on a commencé.
D’où l’idée de reprendre d’anciens sketchs?
Barbezat: Ce coup de rétro met en valeur notre complicité. C’est vraiment de la déconne: on s’amuse tellement ensemble. Et quel bonheur de jouer sans pression! On a commencé sans plan de carrière, en essayant de n’être pas trop loin des premiers à défaut de ne pas être devant les autres.
Cuche et Barbezat, c’est devenu une marque?
Barbezat: Visiblement, ça porte un peu ses fruits, les gens s’intéressent à notre bazar.
Cuche: Oh! On ne fait pas toujours le plein de sièges, comme d’autres… Ce n’est pas l’émeute, mais c’est presque devenu un nom commun: Celui qui s’appelle Cuche, il risque fort de s’entendre dire «Pis Barbezat?». On a peut-être marqué une, deux générations….
Une, deux?
Cuche: Presque trois… Mais on est loin derrière Henri Dès!
Barbezat: Mais lui, il est tout seul dans sa loge, alors que nous, on s’amuse comme des gamins!
Cuche: Il faut faire un hommage avant qu’il ne soit trop tard, c’est aussi valable pour notre public…
Dans vos faits d’armes, citez-vous le Cirque Knie?
Barbezat: Le Knie, oui, mais aussi les «Marionnettes du pénis» à Paris, «Juste pour rire» à Montréal et… un voyage en Corée du Sud! Mais les petites anecdotes font aussi les meilleurs souvenirs, comme cette représentation devant cinq spectateurs à Liège. Quel plaisir on a eu et qu’est-ce qu’on a ri dans la loge avant et après le show!
Avez-vous souffert de la pandémie?
Barbezat: Il a fallu se relever du Covid, redistribuer les cartes. On a monté une Revue qui a été annulée, on a mélangé les dates… Notre spectacle, on aurait dû le jouer il y a un an. On a dû revoir nos plans de tournée, ce n’était pas tout simple. Mais c’était pire pour les débutants qui ont commencé leur carrière juste avant pandémie.
Cuche: Ils ont vécu deux ans devant un écran. Il y en a qui ont 20 ans et qui ne sont jamais sortis draguer!
Quelle est votre marque de fabrique?
Barbezat: On traite de nous avec pas mal d’absurdes et d’autodérision…
Cuche: Et pas mal d’accent neuchâtelois!