Climat: fuyant le réchauffement, les oiseaux se heurtent à des obstacles

Publié

ClimatFuyant le réchauffement, les oiseaux se heurtent à des obstacles

Deux tiers des espèces européennes sont parties vers des endroits plus frais, mais les montagnes et les grandes étendues d’eau en bloquent certaines.

Habituées à de hautes altitudes, certaines espèces hésitent à migrer car cela impliquerait de passer par des vallées plus basses.

Habituées à de hautes altitudes, certaines espèces hésitent à migrer car cela impliquerait de passer par des vallées plus basses.

© Aleksi Lehikoinen

Deux tiers des oiseaux européens se sont déplacés vers des zones plus fraîches au cours des trente dernières années, en moyenne de 100 kilomètres et surtout vers le nord et l’est. Ce faisant, ils tentent de retrouver les conditions qui leur conviennent malgré le réchauffement du climat. Mais ces déplacements se heurtent à des obstacles tels que les chaînes de montagnes et les mers et océans. Telle est l’observation que font des scientifiques dans une étude qui vient d’être publiée dans la revue PNAS et qui a reçu le soutien du Fonds national suisse (FNS).

Dans cette étude portant sur la quasi-totalité des espèces d’oiseaux européennes, les scientifiques ont constaté que ces barrières écologiques ont affecté à la fois la distance parcourue et la direction prise par les oiseaux. «Sur la période d’observation, la faune aviaire s’est par exemple davantage déplacée lorsqu’elle vivait loin des côtes que lorsqu’elle vivait à proximité», illustre Laura Bosco, chercheuse à l’Université d’Helsinki et auteure de l’étude. Les côtes ont donc eu l’effet de véritables obstacles au déplacement des oiseaux, ont conclu les scientifiques. «Nous savions déjà que les oiseaux ne se déplaçaient pas suffisamment vite pour pouvoir rester dans les conditions climatiques qui leur conviennent. Nous avons désormais une partie de l’explication à ce phénomène», ajoute Laura Bosco.

L’immobilité pourrait les mener à l’extinction

Ces résultats sont importants pour mieux appréhender les conséquences possibles du changement climatique sur les oiseaux européens. Les groupes qui se heurtent à des obstacles risquent de devoir faire face à des conditions climatiques inadaptées sans être en mesure de se déplacer vers des zones plus appropriées. Ils pourraient donc être menacés d’extinction, ou en tout cas certaines des espèces qui les constituent.

«L’avifaune côtière est souvent composée d’espèces rares et d’autres uniques», met en garde la scientifique à ce sujet. En Suisse, l’avifaune alpine – qui comprend des espèces telles que le pinson des neiges (Montifringilla nivalis), le lagopède alpin (Lagopus muta) ou le pipit d’eau (Anthus spinoletta) – spécialisée dans les habitats alpins, pourrait être confrontée à des problèmes similaires à cause des différences d’altitude. Ces oiseaux préfèrent en effet rester dans les conditions alpines qu’ils connaissent et pourraient par exemple se retrouver bloqués par le fait de devoir affronter des altitudes inférieures pour traverser des vallées.

Pour parvenir à ces conclusions, les scientifiques ont pu compter sur le soutien de la Station ornithologique suisse de Sempach. Ils se sont en effet basés sur les données des atlas européens des oiseaux nicheurs des années 1980 (collecte des données entre 1981 et 1989) et 2010 (collecte des données entre 2013 et 2017) auxquels la station a collaboré. Ces atlas couvrent l’ensemble du continent européen et portent sur la quasi-totalité des espèces d’oiseaux européennes.

(DPA)

Ton opinion

10 commentaires