Football: Servette s’enflamme et le paye cher

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FootballServette s’enflamme et le paye cher

Le début de demi-finale de Coupe de Suisse des Grenat ne suffit pas à rendre plus cohérente leur prestation de mercredi. Lugano l’a emporté aux tirs au but mais doit sa qualification à des moments bien mieux gérés.

Valentin Schnorhk
par
Valentin Schnorhk Genève

Lucien Favre attend toujours un successeur. Et désormais, il est clair qu’Alain Geiger ne sera jamais celui qui succédera aux Vaudois dans la liste des entraîneurs capables d’amener Servette à un titre. La Coupe de Suisse était un objectif pour les Grenat, pourtant.

Déception légitime dans les rangs grenat.

Déception légitime dans les rangs grenat.

BASTIEN GALLAY/GALLAYPHOTO

Mercredi à la Praille, au bout de la nuit, le scénario de la rencontre n’a pas voulu consacrer l’irrationnel. Certes, Servette avait bien commencé et égalisé à 2-2 par Crivelli à la fin du temps additionnel, mais l’ensemble de la partie aura été bien mieux géré par Lugano. Le tenant du titre peut rêver de conserver son trophée. Servette, lui, n’a plus que la Super League à jouer.


Les trois enseignements

  • À l’exception de cette première demi-heure et de l’irrationnelle 96e minute, Servette a raté sa demi-finale de Coupe de Suisse. L’égalisation de Lugano a tout changé, et les Grenat ont perdu le fil d’un match qu’ils avaient pourtant bien entamé. «On s’est enflammé, on a surjoué bêtement», admettra Alain Geiger qui devait bien constater que son équipe a surtout manqué de cohérence tout au long du match.

  • C’est une leçon: une séance de tirs au but ne s’improvise pas, et Lugano a semblé être plus exigeant que Servette en la matière. Mattia Croci-Torti avait sa liste de tireurs presque au moment de faire sa composition d’équipe. Raison pour laquelle Macek et Amoura ont démarré du banc, pour inscrire leurs penalties. Servette, lui, avait préparé en amont sa séance à base de statistiques et d’informations sur les tireurs adverses, mais Alain Geiger n’a peut-être pas eu tous les tireurs qu’il aurait aimé avoir à disposition.

  • Le football tessinois vit un petit conte de fées depuis l’année dernière. Entraîneur de Lugano depuis un an et demi, Mattia Croci-Torti s’apprête à disputer sa deuxième finale de Coupe de Suisse, après celle remportée l’année dernière. «Et je ne vais pas à Berne pour voir jouer Young Boys», a-t-il lâché. Doublé envisageable?


Le meilleur: Ignacio Aliseda

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Il a fallu d’un but d’Ignacio Aliseda pour faire tourner le match. Et d’un deuxième pour donner un avantage à Lugano qui aura pesé, et ce même si le 2-2 de Crivelli a prolongé la soirée. En fait, par sa simple présence, Aliseda a incarné la plus grosse des menaces pour Servette, empêchant l’équipe de maîtriser la partie comme elle le faisait au début.

De par son activité sur son côté gauche, l’Argentin a non seulement donné de la largeur au jeu tessinois, mais ses appels toujours bien sentis vers l’intérieur ont mis en exergue les errances de la défense servettienne. Avec six buts marqués toutes compétitions confondues depuis le début de l’année 2023, il permet à Lugano de multiplier ses sources de danger. «Cette victoire contre Servette vient du match contre GC dimanche, où j’ai laissé au repos Aliseda, il n’aurait pas pu être à 100% aujourd’hui», s’est félicité Croci-Torti.


Le malheureux: Kevin Mbabu

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Le Genevois a le tort d’être impliqué directement ou indirectement sur les deux buts luganais. Il fallait sans doute couper le hors-jeu et accompagner Aliseda pour fermer son angle de frappe (sans succès) sur le 1-1, mais sa passivité sur le 1-2 est à l’image de celle du reste de la défense. Pas en verve défensivement, on lui reconnaîtra tout de même son impact sur l’ouverture du score servettienne, puisque c’est lui qui lance Stevanovic, dont le centre a profité à Kutesa.

Reste que Kevin Mbabu aurait pu sauver un petit peu son match lors de la séance de tirs au but. Il a cependant été le seul à manquer son essai, tirant à côté. Soirée à oublier.


La décla’

«Kevin Mbabu est un super joueur offensivement, mais je savais qu’il y avait des choses à faire de son côté quand nous avions le ballon.»

Mattia Croci-Torti, entraîneur de Lugano

Le fait tactique: la gestion servettiennes des transitions

Au tournant de la demi-heure de jeu, les Grenat menaient encore 1-0 et pensaient pouvoir inscrire le deuxième. C’est sans doute là que Servette a perdu une partie importante de la qualification à laquelle il aspirait. À l’image donc de cette transition offensive lancée par Clichy, et poursuivie jusqu’au bout par Kutesa. L’ailier était accompagné. Très accompagné: à l’exception de Mbabu, Rouiller, Séverin et Cognat (qui avait pris la place de Clichy), l’ensemble des Grenat s’étaient projetés, mais Kutesa avait choisi de frapper.

Le déséquilibre était créé. Mais il intervient en plusieurs phases: il y a d’abord le positionnement initial de Cognat. Le Français choisit de compenser poste pour poste la montée de Clichy. Sauf que, de la sorte, il dépeuple l’axe, Cespedes ne le protégeant plus.

Ainsi, après la frappe de Kutesa, Osigwe pouvait trouver Doumbia, lequel lançait la transition. Jamais il ne sera freiné. Déjà parce que Cognat préfère prévenir la passe vers l’extérieur (où se trouve Steffen), plutôt que de cadrer Doumbia. Sans doute parce que la paire Séverin-Rouiller est bien loin et risquait d’être débordée en cas de passe vers Steffen.

La ligne de quatre a donc défendu en reculant, sans que personne ne pense à cadrer Doumbia. Il a ainsi pu arriver aux vingt mètres et attendre l’appel d’Aliseda dans le dos de la défense. Tout cela était bien trop facile.


La statistique

22, comme le nombre d’années qui séparent Servette de son dernier titre. Difficile de ne pas faire plus terre à terre que ce constat-là. La Coupe de Suisse 2001 attend toujours son héritière.


Une question pour l’avenir

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Servette aura-t-il la capacité de se relever pour terminer la saison à la 2e place?

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