Jura bernoisPlainte classée après l’incendie «On va de l’avant»
Une organisation antispéciste accusait une agricultrice et sa famille de négligence et de maltraitance. Le Ministère public classe la procédure pénale.


Une cinquantaine de veaux ont péri dans l’incendie du 22 janvier dernier, survenu suite à une défaillance dans l’installation électrique.
Lematin.ch/Vincent DonzéComme si la perte d’une cinquantaine de veaux brûlés dans l’incendie de sa ferme de Cortébert (BE) ne suffisait pas, l’agricultrice Christine Wüthrich était la cible d’une plainte de l’association antispéciste «PETA» pour négligence et maltraitance envers les animaux. Plainte désormais sans suite: selon la radio «RJB», le Ministère public Jura bernois - Seeland a classé la procédure pénale.
«J’ai autre chose à faire que de débattre avec les plaignants. On va de l’avant en construisant une nouvelle ferme», réagit Christine Wüthrich. Après l’incendie du 22 janvier dernier, les vaches épargnées ont été disséminées dans tout le Jura bernois. Depuis le 12 mai, elles sont rassemblées dans une ferme de Courtelary et si le planning est respecté, elles reviendront à Cortébert le 18 septembre prochain, en stabulation libre.
Aux normes
La nouvelle ferme répondra naturellement aux exigences légales en matière de détection d’incendie, mais Christine Wüthrich ne se fait guère d’illusion: «Tout sera aux normes, mais avec un départ de feu aussi rapide que celui du 22 janvier, il n’y a pas grand-chose à faire». Le bétail n’était pas attaché, mais un mur de fumée a empêché le fils aîné d’ouvrir toutes les portes: les 70 vaches ont pu sortir au pâturage, pas les 50 veaux.
L’association antispéciste «PETA» accusait les exploitants de ne pas avoir pris toutes les précautions pour protéger les animaux. Sa plainte avait suscité une vague d’indignation dans le monde agricole et au sein de la population, matérialisée par une pétition de soutien à la famille munie de 23 857 signatures en ligne et sur papier.

Au même endroit, la nouvelle ferme sera opérationnelle avant l’hiver prochain, avec des bâtiments séparés et non plus accolés.
DR – Christine WüthrichDans sa conclusion, le Ministère public précise qu’il n’a pas été possible de déterminer si une négligence a été commise et par qui. Selon «RJB», la justice ne détient aucune preuve permettant d’imputer une éventuelle responsabilité pénale. Si le procureur reconnaît que les animaux prisonniers des flammes ont subi une atteinte à leur bien-être, il affirme que personne n’a voulu sciemment leur faire du mal.
Un défaut technique sur une installation électrique est à l’origine du sinistre. «Rien n’indique que les propriétaires du bâtiment auraient conçu, exploité ou entretenu de manière défaillante les installations où se trouvaient les veaux», précise le Ministère public. Les normes et recommandations en lien avec la détention d’animaux semblent avoir été respectées lors de la construction du bâtiment.
Frais de procédure
Dans son rapport, le procureur conclut que rien n’indique que la construction du bâtiment n’aurait pas été faite dans les règles visant à protéger les animaux. Les frais de procédure sont mis à la charge du canton, ce qui irrite l’agricultrice. Le classement du dossier peut encore faire l’objet d’un recours.
«Le vétérinaire qui a contrôlé nos installations l’an dernier nous a félicités», relevait l’agricultrice sinistrée. «PETA Suisse» a adressé un courrier détaillé à l’Office fédéral de l’agriculture pour demander l’inscription dans la loi de réglementations adéquates et des contrôles officiels réguliers. «Le sauvetage des animaux doit être tout aussi efficace et rapide que celui des personnes», argumentait Ilana Bollag, porte-parole de «PETA» à Kreuzlingen (TG).