Amérique centraleL’offensive contre les gangs continue au Salvador
Le président Bukele a assuré lundi que plus de 6000 membres de gangs avaient été placés en détention en neuf jours de régime d’exception au Salvador.

Le Salvador compte «22’000» membres de ces groupes criminels dans les prisons, a déclaré Nayib Bukele.
AFPL’offensive contre les gangs au Salvador se poursuivait mardi, avec plus de 6000 arrestations, dont un chef de «mara» au Guatemala, selon les autorités dont les méthodes «inquiètent» le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.
Le «marero (gangster) salvadorien (Wilman Wilfredo Muñoz) alias «El Flash» a fui son pays, mais a été arrêté au Guatemala» mardi, a annoncé un porte-parole de la police guatémaltèque. «El Flash», âgé de 40 ans, «est un chef de la mara (Barrio) 18», a-t-il précisé. Deux femmes, soupçonnées de faire partie de la bande, ont été arrêtées avec lui lors d’une opération dans la capitale guatémaltèque.
Le président Bukele a assuré lundi que plus de 6000 membres de gangs avaient été placés en détention en neuf jours de régime d’exception, instauré après une vague d’homicides fin mars. Avec ces 6000 détenus et les quelque 16’000 membres de gangs qui étaient déjà incarcérés, le petit pays centraméricain compte «22’000» membres de ces groupes criminels dans les prisons, a déclaré le chef d’État.
Préoccupation de l’ONU
La porte-parole Liz Throssell de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, la Chilienne Michelle Bachelet, a exprimé «la profonde préoccupation» de l’organisation «en raison de la série de mesures adoptées récemment au Salvador» dans le cadre de la lutte contre les «maras».
Liz Throssell a fait état de «rapports» sur «un usage excessif et inutile de la force» par les policiers et militaires chargés des arrestations. De même, le Haut-Commissariat s’inquiète de ce que «quelques» personnes arrêtées «ont été soumises à de présumés traitements cruels, inhumains ou dégradants», a-t-elle dit.
«Nous reconnaissons les défis posés par la violence des gangs au Salvador, et le devoir de l’État de garantir la sécurité et la justice. Cependant, il est impératif que cela se fasse en conformité avec le droit international des droits de l’homme», a insisté Liz Throssell.
«Nous rappelons au Salvador que le droit à la vie, le droit à ne pas être soumis à la torture, et que les principes de jugement équitable et de la présomption d’innocence (…) s’appliquent à tout moment, y compris durant les états d’exception», a ajouté la porte-parole de Michelle Bachelet. Nayib Bukele a indiqué lundi que tous les gangsters détenus sont «sans matelas, dorment par terre, dans la promiscuité, et avec deux repas par jour».
«Pas un grain de riz»
Dans l’hypothèse où les gangs pourraient se «venger» sur la population des coups de filet contre eux, «il n’y aura même plus un repas par jour dans les prisons (…) je jure devant Dieu qu’ils ne mangeront pas un grain de riz», a clamé le président salvadorien, en ajoutant: «ce que diront les organismes internationaux m’est égal».
Après une série de 87 meurtres entre les 25 et 27 mars, le parlement avait approuvé dans la foulée l’instauration de l’état d’urgence pour un mois. Il permet notamment les arrestations sans mandat de membres présumés de maras (bandes organisées), principalement ceux de la Mara Salvatrucha et du Barrio 18, qui comptent quelque 70’000 membres au Salvador.
Le parlement à majorité présidentielle a par ailleurs modifié récemment le code pénal pour faire passer de neuf à 45 ans de prison la peine maximale pour les chefs de gang. «Quiconque participe à un groupe, une association ou une organisation illicite», comme une mara, «sera puni d’une peine de prison de vingt à trente ans». Avant cette réforme, l’appartenance à un gang était passible de trois à cinq ans d’emprisonnement.