FootballCe que cache la démission de Pascal Besnard à Servette
En abandonnant son poste de président, l’ancien joueur «grenat» a provoqué un séisme à Genève. Sa démission surprise serait liée à des rapports conflictuels avec la Fondation 1890 qui chapeaute le club. Explications.


Ancien joueur du Servette FC, Pascal Besnard sera resté 30 mois à la tête du club «grenat».
Eric LafarguePascal Besnard (59 ans) ne sera bientôt plus président du Servette FC. Dans un communiqué qu’il a lui-même rédigé, le boss de la Praille a fait savoir ce mardi en milieu d’après-midi qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête du club «grenat» au-delà du 30 juin. À l’échelle de la République, c’est un tremblement de terre dont les répercussions pourraient provoquer des dégâts considérables.
Que s’est-il passé pour justifier à ce départ à l’improviste ayant tout l’air d’un clash? Le timing interpelle en tout cas autant que le mystère qu’il véhicule. Ce dimanche encore, en marge du derby du Rhône à Sion, le dirigeant se projetait déjà sur la prochaine saison, évoquant les chantiers à mener, l’intégration des jeunes, etc. Face aux journalistes le pressant de questions, cachait-il alors bien son jeu dans ce qui s’apparente, quarante-huit heures plus tard, à un divorce? Selon plusieurs sources, celui-ci résulterait de sérieuses divergences de vues sur la politique à mener et la manière de faire tourner le club. Même si des dissensions, sur fond de luttes d’influence, étaient apparues depuis quelque temps, pas simple au demeurant de s’y retrouver.
«Paqui» prônait un Servette indépendant
Une simple discussion sur le budget à disposition pour le prochain mercato estival aurait aussi pu convaincre l’ancien milieu de terrain des Charmilles (il l’a été de 1983 à 1990) de quitter précipitamment le poste qu’il occupait depuis janvier 2020. Très proche de son ancien coéquipier, Alain Geiger pourrait aussi indirectement être affecté par le départ de son président. Tout comme Philippe Senderos, dont le maintien au poste de directeur sportif n’est pas fondamentalement acquis.
Pour tenter de percer l’origine du divorce, il faut sans doute décortiquer l’organigramme même de l’institution servettienne, divisée en trois pôles distincts (football, hockey et rugby) regroupés sous la bannière de la Fondation 1890 présidée par Didier Fischer. Depuis sa nomination, «Paqui» avait toujours défendu la vision d’un Servette indépendant au niveau de la gestion, refusant la mise sous tutelle qu’aurait pu représenter l’intervention trop envahissante de la Fondation elle-même à travers la société Genève-Sport. Il n’était pas question pour lui de vouloir reproduire à la Praille le même fonctionnement qu’au hockey sur glace voisin…
Un désaveu
C’est sans doute une des raisons du départ précipité de Pascal Besnard, il y en a peut-être d’autres, comme professionnelles – comptant plusieurs centaines d’employés sous sa responsabilité, l’homme dirige la région Genève au Credit Suisse. Les termes mêmes utilisés dans son communiqué accréditent plutôt la thèse d’un potentiel conflit de loyauté. Alors que le président démissionnaire multiplie les remerciements, à aucun moment il ne fait état de la Fondation ni du rôle joué par celle-ci. Il faut attendre une note en bas de page pour que son nom apparaisse enfin dans un appendice probablement rajouté. Voilà qui épouse la forme d’un désaveu au moment où Didier Fischer, de retour aux affaires, s’apprête à succéder, à titre intérimaire, à l’homme qui l’avait remplacé!
Au Stade de Genève, au sortir d’une saison demeurée sportivement quelconque, l’été promettait déjà d’être animé. Depuis ce mardi, on sait qu’il sera aussi brûlant.