Paris: Des tracteurs défilent contre les restrictions des pesticides

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ParisDes tracteurs défilent contre les restrictions des pesticides

Des centaines d’agriculteurs français ont investi la capitale mercredi. Cible de leur courroux? La décision de renoncer aux insecticides néonicotinoïdes pour la culture de la betterave sucrière.

Une longue file de tracteurs s’est ébranlée vers 9h de la porte de Versailles en direction des Invalides, dans le centre de Paris.

Une longue file de tracteurs s’est ébranlée vers 9h de la porte de Versailles en direction des Invalides, dans le centre de Paris.

AFP

«Des mesures qui s’empilent en notre défaveur»: juchés sur leur tracteur, des centaines d’agriculteurs ont afflué, mercredi, à Paris, pour manifester contre les restrictions d’usage des pesticides et d’autres obligations, une première depuis trois ans. Une longue file d’engins s’est ébranlée vers 9h de la porte de Versailles, où de nombreux policiers ont été déployés pour encadrer la manifestation, qui doit se diriger vers les Invalides, dans le centre. Vers 9h30, le cumul de bouchons était de 304 kilomètres en Île-de-France.

Déclencheur de la mobilisation: la décision du gouvernement, le 23 janvier, de renoncer à autoriser les insecticides néonicotinoïdes pour la culture de la betterave sucrière, à la suite d’une décision de la Cour de justice de l’Union européenne. Ces derniers mois, les agriculteurs se sont aussi rassemblés par petits groupes, ici pour dénoncer la hausse de leurs coûts de production du fait de la flambée des prix de l’énergie, là pour réclamer de stocker de l’eau d’irrigation.

Leur dernière grosse mobilisation remontait au 27 novembre 2019, quand un millier de tracteurs avaient mené des opérations escargot sur le périphérique parisien. Les manifestants dénonçaient un durcissement des règles concernant l’épandage de pesticides de synthèse.

«Pression environnementaliste»

Grégoire Bouillant, céréalier de 40 ans, est parti vers 5h du matin de sa ferme du Val-d’Oise pour arriver, à 20km/h, à la porte de Versailles, où se tiendra dans moins d’un mois le Salon international de l’agriculture. Il dénonce une «pression environnementaliste» et des «mesures qui ne cessent de s’empiler en notre défaveur». «On veut montrer au gouvernement qu’on ne peut pas interdire des moyens de production sans alternative», ajoute Cyril Milard, président d’une antenne du syndicat de la FNSEA.

«À ce rythme-là, l’agriculture va disparaître.»

Damien Greffin, cultivateur et militant syndical

Les néonicotinoïdes, toxiques pour les abeilles et interdits depuis 2018, bénéficiaient d’une dérogation depuis deux ans. Ce qui permettait de les appliquer préventivement sur les semences de betteraves pour les prémunir de la jaunisse. «Comme utilisateur de néonicotinoïdes, je n’ai pas l’impression d’empoisonner le monde», s’agace le cultivateur et militant syndical Damien Greffin. Pour lui, «à ce rythme-là, l’agriculture va disparaître». Il cite l’interdiction de l’insecticide phosmet, qui «compromet» la culture de cerises, ou celle – prochaine – d’un désherbant pour les endives.

Plus largement, selon la FNSEA, «les agriculteurs se retrouvent aujourd’hui en butte à des contraintes sanitaires et réglementaires de tous ordres, qui freinent les projets innovants dans les territoires, en matière d’irrigation, de bâtiments d’élevages…»

«Pratiques dignes de l’agriculture des années 1960»

À l’inverse, un autre syndicat, la Confédération paysanne, a déploré que «d’autres» manifestent «pour continuer à utiliser des néonicotinoïdes et refuser toute avancée écologique». L’ONG environnementale Générations futures a rappelé, elle, que les néonicotinoïdes étaient «plus toxiques que le tristement célèbre DDT», interdit dans les années 1970, dénonçant des pratiques «dignes de l’agriculture des années 1960, pas de celle des années 2020».

(AFP)

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