France: Sarkozy était «seul bénéficiaire» du système

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FranceSarkozy était le «seul bénéficiaire» du système

Jeudi, le cofondateur de l’agence organisatrice des meetings de Nicolas Sarkozy en 2012 s’est exprimé au tribunal, à Paris.

L’ancien président Nicolas Sarkozy doit rendre des comptes pour ces meetings en 2012.

L’ancien président Nicolas Sarkozy doit rendre des comptes pour ces meetings en 2012.

AFP

Au procès en appel des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, l’ex-directeur général de Bygmalion a dit son «intime conviction» que le système de double facturation n’avait pu être décidé par un homme seul. Il a aussi argumenté que l’ex-président en avait été le «seul bénéficiaire».

Guy Alves, 51 ans, cofondateur de l’agence organisatrice des meetings de Nicolas Sarkozy en 2012, «assume» avoir accepté d’adresser une grande partie des factures de Bygmalion à l’UMP (devenue Les Républicains), pour masquer l’explosion des dépenses électorales de la campagne présidentielle perdue.

«Est-ce que vous cachez des noms?»

Devant la cour d’appel de Paris, il maintient: Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne, leur avait signifié «courant mars» 2012 que s’ils voulaient être payés pour les meetings déjà organisés, c’était «la seule façon de faire».

Mais pour lui, le directeur adjoint de la campagne, également directeur de cabinet de Jean-François Copé à la tête de l’UMP, n’a pas agi seul. «Si demain je devais apprendre que cette histoire a été organisée uniquement par Jérôme Lavrilleux, je me dirais «ce type est un fou, d’avoir pensé à ça seul, de pas s’être couvert, d’avoir trahi son patron»…»

Tour à tour, la cour et les avocats généraux tentent de lui en faire dire plus. Pense-t-il à Guillaume Lambert, le directeur de la campagne, qui a dit mercredi qu’il n’avait «aucune idée de l’envers du décor"? À Jean-François Copé, alors patron de l’UMP, dont il fut directeur de cabinet entre 2004 et 2006? Ou au président Sarkzoy, qui jouait sa réélection?

«Si c’est «est-ce que vous cachez des noms?» j’adorerais vous les sortir, malheureusement, je ne les ai pas», répond le prévenu. «Ce qui me paraît fou, c’est qu’il ait décidé de ponctionner 15 millions sur les comptes d’un parti dont le budget annuel est d’environ 40 millions d’euros sans que d’autres soient au courant».

«Personne ne s’enrichit»

Jean-François Copé n’a pas été incriminé au terme des investigations, qui n’ont pas non plus conclu à l’implication de Nicolas Sarkozy dans la fraude. Ce dernier, qui comparaît uniquement pour engagement de dépenses électorales dépassant le montant légal, sera interrogé le 24 novembre.

Ces dépenses avaient atteint près de 43 millions d’euros, alors que le plafond légal était de 22,5 millions. «Je ne sais pas» si l’ex-chef de l’Etat «est l’auteur» du système frauduleux, «mais ce qui est certain, c’est que c’est le seul bénéficiaire: l’infraction a été faite uniquement pour couvrir les frais de la campagne».

«Aucun argent n’a été détourné, personne ne s’enrichit», insiste Guy Alves, meurtri par les accusations d’enrichissement personnel, lorsque l’affaire éclate, en 2014, hypothèse encore soutenue par certains prévenus. Comme en première instance, il assure n’avoir accepté que par souci pour son entreprise.

«Je m’en fiche»

L’avenir du président-candidat? «Mais je m’en fous… Pardon, je m’en fiche. Je l’ai fait pour sauver ma boîte (…) pas pour sauver sa campagne», même si ce sera «la conséquence», s’anime-t-il à la barre. «Sur le moment», observe la présidente, Pascaline Chamboncel-Saligue, soulignant le risque que la supercherie soit «révélée».

«Je le sais que ça va être révélé. Quand je vois comment se passe l’exécution. C’est tellement grossier», affirme le prévenu. «On est d’accord», note la présidente. «Facturer un meeting à Nice, où vous avez 10 écrans géants, 58’000 euros, et facturer 500’000 euros une convention dans un bureau de l’UMP… On est chez les fous», poursuit-il.

«Je ne me suis pas autorisée»

Interrogée ensuite, Fabienne Liadzé, ex-directrice financière de l’UMP, confesse avoir tiqué sur les «prix très très chers» de ces conventions, dont elle a signé les devis. Mais «je ne me suis pas autorisée» à le dire, ajoute-t-elle, indiquant que «la consigne» de régler rapidement Bygmalion venait de Jérôme Lavrilleux.

Condamné en première instance notamment pour complicité d’escroquerie et de financement illégal de campagne, Guy Alves fait appel uniquement de la peine alors infligée: deux ans d’emprisonnement dont un ferme, 100’000 euros d’amende et cinq ans d’interdiction de gestion.

(AFP)

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