JO 2022«Beat s’inscrit définitivement dans le cercle des plus grands descendeurs»
Champion olympique de descente voici pile 50 ans, Bernhard Russi célèbre le triomphe de son compatriote. Pirmin Zurbriggen, sacré en 1988, se mêle aux louanges.


Bernhard Russi et Pirmin Zurbriggen, deux des trois prédécesseurs de Beat Feuz à avoir conquis l’or olympique en descente.
FreshfocusBeat Feuz, sacré champion olympique de descente à Pékin, forme désormais un quatuor de légende(s) avec trois autres Suisses. Avant le Bernois, seuls Bernhard Russi (1972), Pirmin Zurbriggen (1988) et Didier Défago (2010) avaient connu le jour de grâce et décroché le graal ultime. Entre souvenirs d’antan et triomphe du jour, deux des trois glorieux devanciers de «Kugelblitz» donnent leur sentiment.
«C’est dans ces moments-là qu’on réalise qu’on n’est pas beaucoup à avoir réussi ça»
«Pour qui est Suisse et fan de ski, c’est le résultat de rêve, s’emballe Bernhard Russi, qui avait devancé Roland Collombin il y a pile un demi-siècle à Sapporo. Beat met enfin la plus belle des couronnes sur sa tête, il s’inscrit définitivement dans le cercle des plus grands descendeurs de tous les temps - le plus grand, c’est difficile à dire. Il a dominé la discipline toutes ces dernières années, il mérite à 100% ce titre olympique. Comme à chaque fois, il fallait un peu de chance pour gagner. Mais il fallait avant tout très bien skier, ne pas perdre ses nerfs et rester relax. On savait dès le début que, sur cette piste, le feeling allait l’emporter sur la force et la volonté.»

Le 7 février 1972, il y a cinquante ans jour pour jour, Bernhard Russi (à dr.) avait devancé Roland Collombin (à g.) lors de la descente olympique de Sapporo.
AFPAlors Beat Feuz a saisi sa chance et marqué l’histoire. Pirmin Zurbriggen, médaillé d’or dans la discipline reine en 1988 à Calgary, apprécie: «Je continue à suivre nos skieurs de près et je suis très content pour Beat, le meilleur descendeur du monde, qui mérite mille fois cette médaille d’or, savoure le Haut-Valaisan. Je suis d’autant plus heureux que, souvent, une descente olympique accouche d’une surprise sur une piste peu exigeante et dans des conditions aléatoires. Là, les meilleurs athlètes ont eu l’occasion de montrer leurs qualités et c’était le jour de Beat. Avec son dossard No13, il a su ne pas se laisser influencer par ce qui s’était passé avant et il a livré la course qu’il fallait au bon moment.»
Les souvenirs de Pirmin
Pirmin Zurbriggen, qui avoue avoir passé une nuit très courte, a évidemment profité du sacre de Beat Feuz pour replonger dans ses propres souvenirs. «C’est dans ces moments-là qu’on réalise qu’on n’est pas beaucoup à avoir réussi ça, s’amuse celui qui a fêté ses 59 ans vendredi. Oui, même si ça fait longtemps, les émotions de Calgary sont remontées, avec beaucoup de joie mais aussi toutes les tensions qu’il y avait eu à l’époque. C’est beau de repenser à tout ça, mais ne me demandez pas comment j’avais réussi, parce que je n’ai plus aucune force dans mes jambes aujourd’hui (rires). C’est peut-être pour ça que les souvenirs existent.»
«Je ne serais pas étonné qu’après avoir connu ça, il puisse s’arrêter bientôt»

Le 16 février 1988, Pirmin Zurbriggen (au centre) avait été sacré champion olympique de descente à Calgary. Il avait précédé son compatriote Peter Müller (2e, à g.) et le Français Franck Piccard (3e, à dr.).
AFPDes souvenirs, Beat Feuz s’en est fabriqué pour l’éternité. Lui-même a évoqué un «sommet». Bernhard Russi serait même tenté d’aller plus loin: «Ce titre olympique pourrait être un très joli final pour sa carrière, lance le septuagénaire. Je ne sais pas, mais je ne serais pas étonné qu’après avoir connu ça, il puisse s’arrêter bientôt.» Avant cela, il y aura (au moins) un super-G olympique à courir, puis un cinquième globe consécutif de meilleur descendeur du monde à conquérir.