JuraUn paysagiste coupe le courant: procès sans fin!
Un câble électrique sectionné sur les berges de l’Allaine a failli tuer un employé, mais il a aussi causé des dommages économiques.


Située à proximité de la patinoire et de l’autoroute de Porrentruy, entre deux ponts, la zone d’activités «En Roche de Mars» était vulnérable aux inondations en raison de l’étroitesse du lit de l’Allaine.
lematin.ch/Vincent DonzéProtéger une zone industrielle contre les inondations, c’était l’objectif poursuivi en 2011 par l’assainissement des berges de l’Allaine, canalisées à Porrentruy. Sauf qu’en sectionnant un câble électrique, un paysagiste n’a pas seulement mis sa vie en danger: il a privé d’électricité une usine qui réclame 63’000 francs d’indemnité.
Le paysagiste occupé à planter des sardines a coupé d’un coup de masse une ligne électrique de 16 000 volts. Sa masse avait une tête en nylon et un manche de bois, deux particularités qui ont sauvé la vie de l’ouvrier chaussé de bottes étanches.
35 minutes
Problème: l’employé a privé d’électricité une partie de l’Ajoie pendant 35 minutes. Des compensations financières ont alors été demandées par des lésés pour l’arrêt de leur production, comme le détaille «Le Quotidien Jurassien». C’est le point de départ d’un procès civil sans fin.
Lors d’une coupure précédente, l’assurance d’une entreprise de génie civil avait payé à la satisfaction des lésés. Mais dans le cas du paysagiste, l’employé qui plantait des agrafes de 40 centimètres ignorait que la conduite électrique avait été déplacée pour les besoins des travaux: elle n’était enterrée qu’à 20 centimètres par endroits, au lieu des 80 centimètres requis.
Béton ou métal
Les regards se sont portés vers l’entreprise de construction qui a déplacé la ligne, mais si la conduite n’a pas été protégée par du béton ou du métal, c’est parce que le groupe BKW propriétaire du réseau ne l’ont pas jugé nécessaire…
Dans un arrêt rendu le mois dernier, la Cour civile a disculpé l’entreprise qui a bougé la ligne, mais l’usine privée d’électricité a déposé un recours au Tribunal fédéral avec la volonté d’établir les responsabilités: qu’un fautif soit désigné et que le dommage soit remboursé!
Plan de soutien
Devisés à quatre millions de francs, les travaux entrepris protègent contre les crues la zone d’activités «En Roche de Mars», ainsi que la division technique du Centre jurassien d’enseignement et de formation. Ce projet s’est inscrit dans un train de mesures décidé dans le cadre d’un plan de soutien à l’économie et à l’emploi.
Le lit de l’Allaine a été élargi avec sur sa rive droite, la réalisation d’un chemin pour les piétons et les cyclistes, entre deux ponts enjambant l’Allaine. Ce projet visait aussi à rétablir la circulation piscicole et à protéger une digue contre l’érosion, mais aussi à revitaliser l’Allaine et ses berges en améliorant sa morphologie et sa dynamique.
Le risque d’inondation a été ramené à un niveau «acceptable» pour les industries et l’école présentes dans le secteur, sachant qu’une crue survenue en 2007 avait provoqué des dégâts pour 4,5 millions de francs.