Bande dessinée: Cyril Bonin passe à un cheveu du bonheur

Lui, c’est Paul, un peintre qui se cherche. Il continue à voir ses potes des Beaux-Arts mais ne partage pas leur cynisme sur le marché de l’art contemporain. Il aimerait exprimer tout son potentiel sur la toile, mais ça bloque. Comme il aimerait que sa maîtresse quitte son mari pour lui, mais là aussi ça bloque.

Jusqu’au jour où il va chez le coiffeur et se fait couper les cheveux par la rousse Mathilde, «belle comme une actrice en Technicolor». Et à son contact, il va apprendre le bonheur et cela va rejaillir sur ses toiles, qui s’arrachent comme des petits pains. Mais est-ce bien naturel tout cela? N’est-ce pas trop beau pour être vrai? Quel est le secret de Mathilde?

Dire que l’on a appris à connaître Cyril Bonin avec une série mêlant fantastique et polar («Fog» sur un scénario de Roger Seiter)! Après, on l’a retrouvé signant le premier volume de l’incroyable «Quintett» de Frank Giroud, où chaque tome confié à un dessinateur différent racontait la même histoire, mais vue par un autre personnage. Et là, déjà, on percevait que sous l’impression de noirceur qu’il nous avait proposée se cachait une grande finesse et une délicate élégance.

Cela s’est confirmé plus tard avec des albums comme «Quand souffle le vent» ou «Stella». Son dernier, «Du bout des doigts» est une démonstration de légèreté, une plongée dans des couleurs de feu et une très belle romance, qui interroge sur deux choses: quel est le secret du bonheur, quelle est la source de l’art? Cela pourrait faire un bon scénario de film romantique français. Mais il serait alors difficile de rendre cela aussi beau que l’univers de Cyril Bonin.