Formule 1Charles qui rit, Carlos qui pleure
Charles Leclerc a signé une magnifique pole-position à Melbourne, tandis que Carlos Sainz, qui visait la même place, se classe 9e… et très déçu.

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Charles Leclerc «presque à l’aveugle»
En raison de plusieurs interruptions dues aux accidents et sorties de piste de Nicolas Latifi ou Fernando Alonso, la séance qualificative du Grand Prix d’Australie a pris beaucoup de retard, et s’est terminée au coucher du soleil.
Pour les pilotes, le soleil très bas sur l’horizon, dans le champ de vision, a constitué une gêne non prévue: «En Q2, je ne voyais rien, je devais deviner où étaient les limites de la piste», raconte Charles Leclerc. «C’était risqué, mais je ne pouvais rien faire d’autre que d’y aller au feeling. Vous devinez un peu où vous êtes, en fonction du rythme que vous aviez pris jusque-là pendant le week-end. Vous vous dites que vous devez tourner «ici». C’était plus que délicat, mais pareil pour tout le monde.»
Pour la dernière séquence des qualifications (Q3), le Monégasque a demandé qu’on lui monte la visière la plus fumée à disposition - Lewis Hamilton et Max Verstappen ont fait le même choix. Et c’est reparti. «Pour ma première sortie en Q3, il y avait quelques nuages, c’était parfait. Mais pour la deuxième, on ne voyait rien au freinage du premier virage… rien. Si on avait eu une visière plus sombre, ça n’aurait pas fonctionné non plus, parce qu’elle aurait été trop sombre pour le reste du tour.» Ça n’a pas empêché le Monégasque de signer sa deuxième pole-position en trois courses.
«Tout ce qui pouvait mal se passer… s’est mal passé»
Pour Carlos Sainz, neuvième sur la grille de départ, tout est allé de travers. L’Espagnol allait signer un chrono en Q3 lorsque la séance a été interrompue au drapeau rouge suite à la sortie de Fernando Alonso - sa Ferrari allait franchir la ligne une seconde plus tard. Au moment de reprendre la piste, un problème non encore expliqué a empêché son moteur de démarrer. Carlos Sainz est ainsi resté bloqué dans son stand plusieurs minutes, alors qu’il fallait prendre la piste pour signer un chrono de qualification.

L’Espagnol Carlos Sainz est resté bloqué au stand Ferrari durant plusieurs minutes.
AFPA trois minutes de la fin, son moteur a enfin démarré. Mais il n’avait alors plus le temps d’effectuer qu’un seul tour de chauffe pour monter ses gommes en température - alors qu’il en faut deux à Melbourne depuis que les couvertures chauffantes sont plafonnées à 80 degrés. «Quand j’ai démarré mon tour rapide, mes pneus étaient encore glacés, c’était affreux. J’ai failli sortir de piste deux fois, impossible de faire un bon tour. Je suis furieux, parce que je visais la pole, on n’aurait jamais dû avoir ces problèmes de démarrage du moteur. Et à une seconde près, avant ça, je signais un chrono et j’étais au moins dans les deux premières lignes. Tout ce qui pouvait aller mal est allé mal.»
Lando Norris n’y croit pas trop

Le pilote britannique Lando Norris a hissé sa McLaren en quatrième place sur la grille de départ.
AFPAprès un début de saison difficile à Bahreïn, Lando Norris avait terminé 7e à Djeddah. Et ce week-end, le Britannique a réussi à hisser sa McLaren en quatrième place de la grille de départ.
Un petit exploit qu’il n’expliquait pas vraiment. «En fait, la voiture est exactement identique à la version de Djeddah», explique-t-il. «Il y a deux ou trois domaines dans lesquels nous avons progressé, dans la compréhension des réglages - on a légèrement changé de direction dans la manière de régler la voiture. Mais je dirais que l’immense différence, c’est la piste. Notre voiture fonctionne mieux ici qu’ailleurs, c’est comme ça, et c’est 80% de nos progrès.»
Qualifié pour la première fois de la saison dans les dix premiers, Daniel Ricciardo confirme: «Ça n’est pas comme si nous avions amené de toutes nouvelles pièces complètement délirantes ici… nos performances dépendent énormément de la piste. Mais on a un peu plus confiance dans la voiture, donc on peut attaquer un peu plus.»
Alonso a joué finement
Le système DRS (pour « Drag Reduction System », le système d’ouverture des ailerons arrière pour en réduire la traînée) des Alpine fonctionne moins bien que sur les autres monoplaces. C’est ainsi.
Samedi matin, au cours de la réunion des pilotes avec la direction de course, Fernando Alonso a levé la main pour remarquer que la quatrième zone de DRS, celle de la nouvelle section du circuit, entre les virages 8 et 9, était «trop dangereuse», parce que situées dans une légère courbe. Parmi les pilotes, personne d’autre ne partageait son avis.
Mais une heure plus tard, Niels Wittich, le nouveau directeur de course, envoyait un SMS à toutes les écuries pour leur demander s’il y avait vraiment danger à cet endroit.
Les ingénieurs se consultèrent, et surtout estimèrent si le changement leur était favorable ou non… et la moitié répondirent que «oui, il y avait danger»! Vingt minutes à peine avant la dernière séance d’essais de samedi matin, la direction de course a donc envoyé une note interdisant l’usage du DRS à cet endroit.
Pour les qualifications, il n’était donc plus possible de l’utiliser entre les virages 8 et 9. Une mauvaise nouvelle pour les Red Bull, écurie dont le DRS se montre particulièrement efficace. «Je ne comprends pas. Il y a un gars qui se plaint, et tout le monde doit enlever le DRS», s’étonne Max Verstappen. «Pour moi, à cet endroit, c’était plus facile avec le DRS que certains virages où il était autorisé à Djeddah. Il n’y avait aucun problème ici. C’est vraiment dommage, et pour la course aussi.»
En course, il faut en effet s’attendre à moins de dépassements qu’espéré, puisque la zone retirée du DRS constituait peut-être la principale opportunité pour doubler. Fernando Alonso n’a finalement pas profité de son petit «truc», puisque l’hydraulique de sa voiture l’a lâché en pleine séance qualificative. Il partira dixième sur la grille de départ.
Cachez ces piercings et ces colliers!
L’interdiction du DRS à peine vingt minutes avant une séance est apparue comme une drôle de manière d’agir de la part de Niels Wittich. Le nouveau directeur de course veut absolument se démarquer de la manière un peu cool d’agir qu’avait Michael Masi, remercié après l’affaire d’Abu Dhabi 2021.
Niels Wittich veut se montrer extrêmement sévère. Ce week-end, il a déjà décidé de renforcer l’application de l’appendice L du code sportif international, qui vise à réguler ce que les pilotes portent sur eux.
Il a décidé d’interdire aux pilotes de porter des piercings, des bracelets ou des colliers métalliques. Il y aura des vérifications avant le départ de la course! La règle existe depuis 2005, mais n’avait jamais été appliquée jusqu’ici. Elle a été mise en place pour éviter que des pilotes aient davantage de mal à s’extraire de leur monoplace en raison de ces accessoires…