Euro en Angleterre: Manchester et l’Angleterre vont vibrer, mais surtout pour les «Lionesses»

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Euro en AngleterreManchester et l’Angleterre vont vibrer, mais surtout pour les «Lionesses»

Le coup d’envoi de l’Euro 2022 sera donné mercredi soir à Old Trafford. Le parcours des Anglaises conditionnera pour beaucoup l’ambiance, mais le tournoi est déjà presque réussi pour l’UEFA.

Robin Carrel
par
Robin Carrel Manchester
Le «Théâtre des Rêves» est prêt.

Le «Théâtre des Rêves» est prêt.

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Quand on a connu le championnat d’Europe masculin dispersé dans un tas de villes, joué en pleine épidémie de Covid en 2021 et avec un intérêt poli des diverses cités hôtes, il faut se mouiller un peu la nuque quand on arrive en Angleterre, pour voir les filles jouer leur Euro qui commence sous peu. Alors oui, le masque est redevenu la norme quand les journalistes ne sont pas loin des joueuses, mais pour le reste, l’ambiance change du tout au tout.

On a vite été plongé dedans mardi matin, en prenant la route d’Old Trafford, où l’UEFA organisait sa conférence de presse d’avant tournoi. Au détour d’une rue du sud de Manchester, alors que les Mancuniens étaient tous au bureau ou affairé à dîner vers des 10 heures 45 du matin, toute l’équipe d’Angleterre se promenait comme si de rien n’était, juste entourée de son staff et d’un seul garde du corps, totalement au chômage technique.

Qui n’a pas son écharpe?

Qui n’a pas son écharpe?

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Arrivé près du «Théâtre des Rêves», c’est la crise. Les touristes en goguette ne peuvent pas avoir accès au gigantesque Megastore de Manchester United. Ce dernier a eu le bon goût de fermer pour laisser place aux femmes et le pauvre portier des bureaux des «Red Devils» doit répondre environ toutes les quatre minutes à des fans frustrés. Seuls quelques petits filous ont pris possession de la place pour tenter de refourguer leurs ultimes écharpes de Ronaldo, qui s’arrachent encore malgré les velléités de départ du vétéran-star portugais.

En ville de Manchester, on ne va pas vous mentir, ce n’était pas encore l’émeute ce mardi. Il y a bien quelques affichettes sous les lampadaires qui rappellent que les «Lionesses» (les lionnes, le surnom de la sélection anglaise) sont là. Si vous vous achetez une boisson caféinée qui n’est pas rouge et blanche, mais dont l’étiquette est teintée de bleu, les stars anglaises sont sur l’étiquette. Il y a aussi de grandes affiches contre le sexisme qui garnissent la ville. La Suissesse Alisha Lehmann (qui a refusé sa sélection pour l’Euro), d’ailleurs, fait partie du casting d’un clip que vous ne pourrez bientôt plus manquer et ça a l’air d’être du bon boulot.

Avoir une rue à son nom de son vivant, ça ne court pas les rues.

Avoir une rue à son nom de son vivant, ça ne court pas les rues.

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Pourtant, on sent que ça bouillonne, dans la Perfide Albion. Lors de la conférence de presse de veille de match donnée par la coach Sarina Wiegman et la capitaine Leah Williamson, une bonne centaine de médias anglais étaient présents. Et ça fait du bruit. Il faut dire que la discipline fait recette de l’autre côté de la manche. En 2019, quand les Américaines ont battu les Anglaises 2-1 en demi-finale de la Coupe du monde à Lyon, la BBC a réalisé une de ses audiences de l’année avec 11,7 millions de personnes derrière leur TV. C’est plus que la Suisse entière.

Mercredi soir, Old Trafford va faire le plein lors du match d’ouverture contre l’Autriche. Aux 74’000 spectateurs du «Théâtre des Rêves» qui ne rêve plus tellement lorsque Manchester United joue en Premier League, il faudra ajouter ceux qui iront se masser dans la fan zone adjacente. Ensuite, après Manchester, c’est à Brighton (contre la Norvège) et à Southampton (face à l'Irlande du Nord) que plus de 30’000 spectateurs se masseront pour soutenir les leurs.

La fan zone qui va bien.

La fan zone qui va bien.

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L’Euro féminin va drainer un public bien différent (et moins agité) que celui qui suit les hommes, puisque 43% des tickets ont été vendus à des femmes et 21% à des jeunes de moins de 16 ans. En tout, 517’000 tickets ont été écoulés et ça rend fier les organisateurs. «On veut que ce tournoi soit partout et qu’il touche le plus de gens possibles dans ce pays. On a fait un gros effort, comme l’UEFA et les autres parties prenantes d’ailleurs. Ça va être phénoménal, s’est félicité Chris Bryant, dont le titre de «chef de la livraison du tournoi» ne manque pas d’étonner. On a tout fait pour que ce soit un succès. Nous sommes fiers du volume de billets vendus, parce qu’on a été ambitieux.»

Certaines «petites» sélections ont grincé des dents en découvrant qu’elles allaient jouer dans de petits stades, dans des villes certainement jumelées avec Pétaouchnok, comme Leigh, Rotherham ou même le centre d’entraînement de Manchester City. «Mais pour ces matches, il y a encore des billets à vendre et on préfère avoir des enceintes plus modestes et à guichets fermés, pour qu’il y ait une vraie atmosphère», convainc presque Chris Bryant.

Si l’Angleterre gagne le 31 juillet prochain à Wembley, ce sera de toute façon la fête partout.

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