Football: Zachary Hadji: «Ce but, c’est comme une libération pour moi»

Ainsi donc, en deux matches à la Maladière, Xamax aura réussi à inscrire la bagatelle de 8 buts au FC Thoune sans en encaisser un seul, un déluge de buts équitablement répartis entre la démonstration d’une soirée estivale en août et la partition savamment maîtrisée d’un glacial soir de février.

Des quatre réussites applaudies par le public neuchâtelois vendredi, celle inscrite par Zachary Marvin Hadji (27 ans) dans les arrêts de jeu aura forcément été la moins décisive. Paradoxalement, à y regarder de plus près, c’est peut-être pourtant la plus symbolique. Parce que le fait d’un homme qui s’est senti rejeté par le SLO (lequel, depuis le coup d’envoi du présent championnat, ne lui a jamais vraiment fait confiance) et qui entendait marquer les esprits à sa manière.

Après avoir converti l’offrande de Ben Seghir, le dernier buteur devait ainsi laisser exploser sa joie comme s’il s’agissait pour lui d’évacuer des mois de frustrations. «J’étais vraiment ému, conviendra l’un des héros de la soirée. C’est sorti du cœur. Ce but, c’est comme une libération pour moi.» Comme si tout ce qui avait été enfoui, caché jusque-là devait sortir à ce moment-là.

En faisant indirectement le jeu du FC Sion, Xamax, porté par ses renforts hivernaux, a au demeurant démontré qu’il était en passe de retrouver une nouvelle identité de jeu. «Ce soir (ndlr: hier), reprend son nouveau No 22, on a montré que l’on formait plus qu’une équipe, on est une vraie famille, une bande de frères qui s’est surpassée pour l’emporter.» Un peu comme l’étaient aussi les Stadistes lors de l’épopée flamboyante qui les avait conduits dans l’élite helvétique voici neuf mois. «L’ambiance, c’est aussi ce qui fait gagner une équipe.»

Entré dans l’ultime quart d’heure en remplacement de Ramizi, l’attaquant franco-marocain ne pouvait rêver d’un meilleur baptême du jeu. «Je dois dire que j’ai été magnifiquement bien accueilli ici. Ce n’est pas toujours évident d’arriver dans une équipe où l’on ne connaît pas grand monde… On peut sentir une forme de jugement. En toute humilité, je sais ce que je vaux. Je pense que je peux apporter beaucoup à l’équipe en étant à son service.» Certainement davantage, en tout cas, que ce qu’il n’avait pu exprimer précédemment; la faute à un maudit temps de jeu qui lui était compté sous le maillot lausannois depuis la promotion.

«Au SLO, on m’a mis de côté. Mentalement, les derniers mois ont été difficiles à vivre. Mon profil ne plaisait pas. On ne m’a plus fait confiance. Je suis convaincu pourtant que j’aurais pu m’y imposer. Mais je sais aussi que tout cela, c’est la vie du foot.»

Arrivé à la Pontaise en juillet 2021 en provenance du club luxembourgeois de Fola Esch (où a aussi évolué son père ainsi que son frère), le fils du génial Mustapha Hadji, international marocain (64 sélections entre 1993 et 2002) et Ballon d’or africain 1998, avait pourtant disputé deux saisons pleines et plutôt réussies jusque-là, disputant respectivement 30 et 32 matches de Challenge League pour un total de 12 buts et 9 passes décisives.

Mais depuis l’été dernier, cela était devenu, on l’a compris, beaucoup plus laborieux, avec un temps de jeu réduit à 102 minutes pour cinq apparitions.

Une galère qui devait prendre fin avec son prêt à Neuchâtel. «Quand je vois la qualité qu’il y a dans cette équipe, je me dis que Xamax n’est pas à sa place.»

L’arrivée d’Hadji à la Maladière permet à son nouvel entraîneur de varier les offensives, car elle lui offre d’autres solutions. «Techniquement, résume Uli Forte, Hadji est très fort, au-dessus de la moyenne. C’est le vrai joueur de surface. Là où ça brûle, il est toujours là. Avec son aisance et sa fantaisie, c’est le plus qu’il nous fallait.»

Vendredi 1er mars, jour de l’indépendance neuchâteloise, Xamax ira rendre visite à Aarau dans l’espoir de monter sur le podium. Alors qu’il reste 39 points en jeu et qu’il accuse 15 points de retard sur la deuxième place, pourrait-il fondre sur Thoune jusqu’à lui piquer la place de barragiste sur le fil? L’hypothèse existe certes mais force est de reconnaître qu’elle est surtout théorique. Enfin, sait-on jamais… Pour qu’elle puisse voir le jour plus concrètement, il faudrait qu’une série de victoires neuchâteloises se conjugue à un effondrement bernois prolongé.

Xamax aurait pourtant tort de ne pas au moins rêver.