Hockey sur glace – Philip-Michaël Devos: «On est tous tannés de perdre»

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Hockey sur glacePhilip-Michaël Devos: «On est tous tannés de perdre»

Le meilleur compteur du HC Ajoie n’entend pas abandonner, malgré les échecs à répétition. Pour l’attaquant québécois, chaque défaite qui s’ajoute à la longue liste est un coup supplémentaire porté au moral de son équipe.

par
Julien Boegli
Malgré son excellente forme du moment, Philip-Michaël Devos est frustré par les résultats collectifs d’Ajoie.

Malgré son excellente forme du moment, Philip-Michaël Devos est frustré par les résultats collectifs d’Ajoie.

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Paradoxalement, c’est au moment où son équipe est en train d’écrire la pire série d’épouvante de l’histoire de la 1re division du hockey helvétique qu’il réalise l’une de ses semaines les plus productives. Auteur de deux réussites vendredi face à Zoug (3-6) - son premier doublé de l’exercice, Philip-Michaël Devos retrouve un certain éclat offensif. Il en faudrait pourtant davantage pour mener le HC Ajoie vers un succès qui le fuit depuis le 19 novembre (victoire 3-1 contre Davos).

Froid reflet de l’extrême fragilité de son système défensif, le dernier de National League a concédé 19 buts lors de ses trois rencontres livrées en 2022, toutes à domicile. Difficile dans ces conditions d’espérer briser cette longue chaîne de revers. Alors même que le nouveau manager général Julien Vauclair a laissé entendre jeudi qu’il fallait d’ores et déjà se tourner vers la saison à venir, le top scorer québécois, compétiteur dans l’âme, se refuse à solder cette fin de concours. Il semble d’ailleurs ne pas être le seul, à en juger la réaction d’orgueil affichée aussi bien en début de semaine face à Lugano que contre le champion zougois.

À s’obstiner, le néo-promu bruntrutain parviendra-t-il à s’éviter le déshonneur de devenir la formation détentrice de la plus longue série de revers de la première division helvétique ? Avec 14 défaites de suite, il n’est plus qu’à un échec du record détenu par le Lausanne HC (saison 1995-96) et le HC La Chaux-de-Fonds (2000-01).

Ce dimanche, Devos et ses partenaires sont justement attendus à la Vaudoise Aréna.

Philip-Michaël Devos, malgré la réaction d’orgueil affichée mardi contre Lugano et vendredi face à Zoug, la série noire se poursuit…

Personne ne va nous aider, c’est donc à nous de trouver le moyen de s’en sortir. Tout ce qu’on veut, en ce moment, c’est gagner un match, rien d’autre. Après, comme je le dis, il faut juste trouver le moyen d’y parvenir, car on ne nous donnera pas cette victoire. On essaie, chacun fait du mieux qu’il peut, mais ça n’est pas encore suffisant.

Cette réaction aperçue a justement été menée par votre ligne offensive, avec Reto Schmutz et Lars Frei.

Il faut donner du crédit à Lars et Reto. Ce ne sont pas les joueurs les plus talentueux mais ils n’hésitent pas à foncer dans les coins, à protéger la rondelle. Pour nous, c’est un petit baume sur la blessure.

Vous n’êtes plus, à présent, qu’à un revers du record de 15 défaites consécutives. Cela vous travaille?

Honnêtement, je n’y pense pas. Ce qui occupe mon esprit, là, en ce moment, c’est ce besoin de victoire. On en a besoin pour le moral, la confiance, pour l’état d’esprit. On en a besoin désespérément. Je n’y pensais pas à neuf défaites, je n’y penserai donc pas maintenant. Même si le record était à 21 matches, je ne me dirais pas que l’on a encore cinq ou six matches pour «s’asseoir» devant nous. Peu importe le nombre, il faut gagner maintenant!

Vous êtes déjà assurés de terminer le championnat à la dernière place et pourtant, on ne vous sent pas prêt à baisser les bras. Après tout, vu le contexte, on pourrait s’attendre à voir une équipe résignée, non?

On a quand même une certaine fierté. Personne n’a envie d’avoir l’air d’un pigeon ou d’un idiot sur la glace. Dans le vestiaire, aucun gars n’a abandonné ou n’est prêt à le faire. Et si cela devait être le cas, on le ramènerai sur le droit chemin. On est tous «tannés» de perdre, c’est évident, mais on continue de travailler.

«Personne n’a envie d’avoir l’air d’un pigeon ou d’un idiot sur la glace»

Philip-Michaël Devos, attaquant du HC Davos

Si on regarde la physionomie des deux dernières rencontres, tout est fait pour vous briser un peu plus encore le moral. À chaque fois que l’espoir d’un retour renaît, que vous semblez prendre l’ascendant, une bévue est commise et débouche sur un but…

C’est sûr que l’on est moins talentueux et expérimentés que les autres, on en est bien conscients et on ne peut pas se permettre grand-chose car on paie tout au centime. Il suffit de laisser échapper un puck pour que l’adversaire score. Et ça arrive malheureusement un peu trop souvent. On en a plein le «casque»! À chaque match, le ras-le-bol de perdre grandit un peu plus.

Vu le calvaire enduré actuellement, vous réjouissez-vous que cette saison se termine et que vous puissiez repartir et reconstruire sur de nouvelles bases ?

Pas du tout! J’aime beaucoup trop ce que je fais pour imaginer cela. Je suis un passionné, venir à la patinoire tous les matins est loin d’être une corvée pour moi. Le hockey est ma vie, j’ai quitté ma famille pour en vivre. Je n’aurai jamais hâte qu’un championnat se termine, je continuerai de travailler quelle que soit la situation.

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