Gymnastique – «Giulia Steingruber a créé des vocations»

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Gymnastique«Giulia Steingruber a créé des vocations»

David Huser, responsable du sport d’élite à la Fédération suisse de gymnastique, livre son éclairage sur la retraite annoncée de la Saint-Galloise.

Brice Cheneval
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Brice Cheneval
Giulia Steingruber brandit sa médaille d’or remportée lors des Championnats d’Europe 2016, au saut de cheval.

Giulia Steingruber brandit sa médaille d’or remportée lors des Championnats d’Europe 2016, au saut de cheval.

AFP

David Huser, comment avez-vous accueilli la décision de Giulia Steingruber de mettre un terme à sa carrière?

Je n’ai pas été surpris. Au sein de la Fédération, nous étions au courant de sa décision avant qu’elle ne l’annonce. Nous étions impliqués dans ce choix, nous en avons discuté avec Giulia. C’était un processus, je sentais que c’était le bon moment pour elle. Nous sommes OK avec sa position.

Estimez-vous qu’elle était arrivée au bout de son histoire avec la gymnastique de haut niveau?

Mon rôle est d’aider nos athlètes à surmonter les moments difficiles, mais en aucun cas de les forcer à prendre des décisions contraires à leur volonté profonde. 27 ans, c’est un âge raisonnable pour dire stop en gymnastique. Giulia a déjà effectué une longue carrière et on est fier de ce qu’elle a réalisé. Elle a apporté énormément à la gymnastique suisse et au sport suisse, plus généralement.

Giulia Steingruber indique se sentir usée mentalement et physiquement. Y a-t-il un élément particulier qui a déclenché sa décision?

C’est un processus qui a débuté en 2016, après les Jeux olympiques de Rio (ndlr: où elle a remporté le bronze sur le saut de cheval). Elle était à son meilleur niveau à ce moment-là, mais son corps se trouvait déjà un peu à la limite. Elle est ensuite repartie sur un nouveau cycle perturbé par des blessures, le décès de sa sœur (ndlr: en février 2017), le Covid… Malgré ces obstacles, elle a tout essayé pour performer au mieux aux Jeux de Tokyo cet été (ndlr: 15e du classement général). Ça aurait été trop compliqué qu’elle enchaîne sur un nouveau cycle olympique.

Il s’agit de la gymnaste suisse la plus titrée de l’histoire. Qu’est-ce qui faisait d’elle une athlète à part?

De mon point de vue, il y a trois éléments particulièrement inspirants chez elle. Déjà, elle aimait profondément ce qu’elle faisait. Un peu comme Roger Federer, on sentait qu’elle était passionnée par son sport, l’entraînement, la compétition. Ensuite, elle est toujours restée humaine, heureuse, souriante. C’est une superbe personne en plus d’être une athlète géniale. Et, enfin, elle répondait systématiquement présente dans les grandes compétitions. Giulia avait beaucoup de talent, mais elle a su le gérer grâce à ses aptitudes mentales.

Au-delà de son palmarès, quelle trace laisse-t-elle dans l’histoire de la gymnastique helvétique?

Énormément de gymnastes suisses ont commencé grâce à elle, en voulant suivre ses pas. Elle a créé des vocations et inspiré des entraîneurs. La gymnastique est un sport très difficile, où il faut surmonter beaucoup d’obstacles. Giulia est inspirante par la manière dont elle y est parvenue pour s’imposer au plus haut niveau.

À l’avenir, peut-on espérer voir Giulia Steingruber impliquée dans un projet commun avec la Fédération?

Je l’espère. Elle a tant appris depuis 20 ans, ce serait génial qu’elle transmette son expérience à la nouvelle génération. Elle a beaucoup à apporter à la gymnastique suisse. Mais quand tu as consacré autant de temps à ce sport, tu as besoin de couper pendant un moment. Giulia doit prendre du temps pour elle, profiter de sa vie, avant de «replonger».

Le plus beau palmarès de la gymnastique suisse

1 médaille de bronze aux Jeux olympiques 2016 (saut de cheval)

1 médaille de bronze aux championnats du monde 2017 (saut de cheval)

10 médailles aux championnats d’Europe, dont 6 en or

35 titres nationaux

Élue athlète suisse de l’année en 2013

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