Neuchâtel: «Une timbreuse ne sert pas à fliquer»

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Neuchâtel«Une timbreuse ne sert pas à fliquer»

Tandis qu’un employé s’est fait licencier pour avoir triché, un spécialiste explique l’utilité d’enregistrer le temps de travail.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Au sein d’une commune neuchâteloise, un fonctionnaire a été licencié pour avoir triché avec la timbreuse. Comme l’a rapporté le média «ArcInfo», cet employé n’a pas arrêté le compteur alors qu’il allait faire du sport. À deux reprises en une semaine, l’hiver dernier, ce chef de service a omis de badger sa sortie, si bien que le Conseil communal a mis un terme à son engagement avec effet immédiat, pour faute grave.

Patron d’une entreprise lausannoise qui développe des applications permettant d’enregistrer le temps de travail, Jean-Marc Fillistorf précise que cet enregistrement est une obligation légale imposée par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO): «Une timbreuse ne sert pas à fliquer», assure-t-il.

La santé au travail

«La mesure du temps de travail a pour but la santé au travail», selon Jean-Marc Fillistorf, par exemple «quand on est engagé pour 40 heures par semaine et qu’on bosse 60 heures». Un logiciel peut contenir des alertes en cas de journée trop longue ou de pause trop courte.

Pour le législateur, il en va de l’intérêt de l’employé comme de celui de l’employeur. «Ce système met de la transparence et la visibilité dans l’entreprise», soutient Jean-Marc Fillistorf.

Un calcul correct

«Quand on multiplie les heures à côté d’un collègue qui se tourne les pouces, on estime mériter un meilleur salaire. D’où l’intérêt d’un calcul correct», explique le patron d’une société lausannoise créatrice de l’application romande «tipee» destinée au petites et moyennes entreprises, ainsi qu’aux collectivités publiques.

Badgeuse, pointeuse ou timbreuse, ces termes désignent une application utilisable au bureau ou à l’atelier, mais aussi chez soi, en télétravail. «On ne parle alors plus d’une machine, mais d’un smartphone…», sourit Jean-Marc Fillistorf.

Avant ses enfants

L’idée pour un employé, c’est par exemple de se lever avant ses enfants pour travailler avant de faire une pause pour les amener à l’école, ce qui améliore la qualité de vie. «Le timbrage entrecoupe une journée en enregistrant le temps de travail réel», indique Jean-Marc Fillistorf.

Autre avantage de la mesure de temps de travail: connaître le solde en permanence. «Quand un employé quitte une entreprise avec des heures supplémentaires en pagaille, son départ passe généralement par les prud’hommes», relève Jean-Marc Fillistorf. À la tête d’une entreprise qui fournit des applications à 1500 clients, lui ne pointe pas: les directeurs font exception­… 

Toujours exemplaire

L’employé communal licencié dans une commune neuchâteloise s’est adressé à la Cour de droit public du Tribunal cantonal pour faire annuler cette décision ou obtenir une indemnité, en faisant valoir un travail «toujours exemplaire».

La justice neuchâteloise relève encore que le chef de service adjoint avait lui-même demandé la mise en place d’un système de timbrage, malgré la résistance de certains collaborateurs, raison pour laquelle on pouvait «attendre de lui une certaine exemplarité».

Devoir de fidélité

La jurisprudence du Tribunal fédéral considère qu’une tricherie intentionnelle sur le timbrage constitue en principe un manquement grave au devoir de fidélité envers l’employeur.

Pour le tribunal, «l’intéressé a indiscutablement trompé son employeur en n’arrêtant pas son compteur alors qu’il se rendait à des leçons de sport». L’employé licencié a également été questionné sur 25 heures supplémentaires inscrites en trois semaines. Il a alors indiqué vivre une situation compliquée sur le plan privé, ce qui l’a poussé à passer beaucoup de temps au travail.

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