Neuchâtel - A peine installée, la fresque photographique est maculée

Publié

NeuchâtelÀ peine installée, la fresque photographique est maculée

Un graffeur s’est affranchi d’un code d’honneur qui veut qu’on ne s’attaque pas au travail d’un artiste, voire à un lieu de culte. La Ville a porté plainte.

Vincent Donzé
par
Vincent Donzé

En taguant son pseudo à grandes lettres noires et rouges sur une fresque photographique à peine installée dans une rue piétonne de Neuchâtel, un tagueur est parvenu à se faire remarquer. Sauf qu’en recouvrant le travail d’une artiste, le graffeur a dépassé certaines bornes.

La fresque vandalisée à l’angle des rues du Seyon et du Râteau est l’œuvre de Catherine Gfeller, une plasticienne neuchâteloise de renommée internationale. Inaugurée le 25 septembre dernier par la Ville de Neuchâtel, elle fait partie d’un paquet de mesures censées dynamiser et embellir la zone piétonne.

«Tu visais quoi?»

Le média «ArcInfo» a relayé une question posée au tagueur sur Facebook: «Tu visais quoi? L’œuvre? Les femmes? L’artiste? Ton propre ennui?».

Selon un graffeur respecté, c’en est fini du code d’honneur établi dans la mouvance hip-hop, qui voulait qu’un tagueur ne s’attaque pas au travail d’un artiste, voire à un lieu de culte. Il constate que sans cette racine commune, ceux qui tracent aujourd’hui leur pseudo à la bombe le font désormais sur tous les supports, sans distinction.

Une manière de marquer l’espace public

Pourquoi sprayer un nom et pas un dessin? Dans le milieu, il est admis qu’un tagueur appose illégalement son pseudo dans l’espace public en réponse aux marques qui ont payé pour mettre leur nom dans la rue. C’est une manière de dire que l’espace public n’appartient pas qu’à ceux qui ont de l’argent.

Le tag prend la forme d’un jet, de vomi si on se réfère à son appellation anglaise «throw-up». Ce «bubble» est réalisé en deux couleurs, dont une pour le contour et pour permettre un remplissage rapide.

Ce manifeste rend son auteur identifiable dans son milieu. La Ville a porté plainte. Mais, déjà à ce stade, la réputation de celui qui s’est attaqué à la fresque photographique rendant hommage aux femmes risque d’en pâtir.

Le rôle des fresques

À Neuchâtel, une première fresque a été peinte en 2013 sur une surface taguée. L’artiste Kesh a représenté le vieux Neuchâtel d’avant le détournement du Seyon. À l’époque, le graffeur Soy déclarait au média «ArcInfo: «C’est vrai qu’une partie des mandats sert effectivement à éviter les tags, à égayer des endroits à risque puisque, en général, une fresque est bien respectée et met en valeur un lieu. Par contre, nous ne pouvons pas être contre le tag, car nous sommes aussi passés par là».

«Faut laisser vivre…», dit une référence du milieu. En s’empressant d’ajouter: «Si ça m’arrivait, je ne me laisserais pas faire!» Le lettrage rouge et noir tracé sur la fresque photographique imprimée sur des panneaux, c’est pour lui du pur vandalisme. À Neuchâtel, rouge et noir, ça doit rester la couleur d’un club de foot…

Ton opinion

466
9
20
9 commentaires