Football: Le pire? Sion s’en est bien sorti

Cette année, les cancres de Super League avaient de la chance. Il n’y a aucune relégation directe en Challenge League et la plus mauvaise équipe envoyée en barrage doit affronter le 3e de l’étage inférieur. Ce qui devait être une bénédiction s’est transformé en chausse-trape pour des Valaisans qui, en plus, sont tout à fait capables de trébucher tout seuls. Parce que Stade Lausanne Ouchy est une bonne, une très bonne équipe.

Les Stadistes auraient pu mettre un terme à tout suspense dès le match aller. Ils ont eu une grosse poignée d’occasions de couler le bateau ivre de Paolo Tramezzani et comme avec Sion on n’est jamais sûr de rien, ils pourraient potentiellement le payer mardi soir. Ce serait un exploit digne de la légende sédunoise, mais rien ne semble tendre dans cette direction. Sion n’a plus gagné depuis mi-avril.

Le plan d’Anthony Braizat s’est déroulé sans accroc. Ses joueurs ont laissé Sion faire des erreurs et les Valaisans ont été parfaitement attirés dans le camp vaudois, pour pouvoir lancer ensuite les flèches Teddy Okou et Liridon Mulaj dans le dos des latéraux Numa Lavanchy et Baltazar Costa - qui a dû suppléer Gora Diouf, vite sorti sur blessure, à gauche. En prime, l’impressionnante maîtrise technique des Stadistes leur a permis de se sortir régulièrement et avec une facilité déconcertante du pressing mal maîtrisé de leurs opposants.

Et c’est là la chose qui fait peut-être le plus mal aux Valaisans… Un Stade Lausanne Ouchy quasiment au complet est doté d’au moins autant de talents à faire valoir qu’un FC Sion privé au coup d’envoi - volontairement ou non - d’individualités comme Balotelli, Cavaré, Schmied, Zagre, Cyprien, Halabaku, Itaitinga, Moubandje et Lindner. On ne le dit pas assez, ce SLO n’est pas qu’un gentil club de quartier. C’est surtout une formation bourrée de talents et presque deux ans plus jeune en moyenne au coup d’envoi que la lanterne rouge de Super League (26,9 ans contre 28,5).

Je crois que c’est Jacques Chirac, véritable Footix devant l’éternel, qui le disait: «Les emmerdes, ça vole en escadrille.» Et il aurait eu tout à fait raison s'il analysait les dernières sorties de Sion. Quand les Valaisans arrivent à battre le gardien, un défenseur sauve deux fois sur la ligne et quand ils arrivent enfin à marquer (Fortune involontairement de l’épaule), la VAR leur annule leur but… Le président français avait aussi eu cette sortie à méditer côté valaisan avant le retour: «Le pessimisme ouvre la voie à tous les renoncements» (je voulais mettre: «On greffe de tout aujourd’hui: des reins, des bras, un cœur, sauf des couilles, par manque de donneurs», mais je n’ai pas osé).

Zéro, sur dix tentatives adverses: comme le nombre d’arrêts du portier vaudois répertoriés par le site de la Ligue. Les deux seuls envois cadrés du FC Sion ont, en effet, été sortis sur sa ligne par le vaillant capitaine Lavdrim Hajrulahu.

Au milieu d’un collectif lausannois qui porte bien ce nom, Giovani Bamba a été partout. Le milieu fribourgeois de 23 ans format géant n’est certes pas toujours le plus élégant au milieu du pré, mais sa capacité à garder, ratisser et distribuer le ballon a fait de grandes différences à Tourbillon. Et pour ne rien gâcher, l’ancien du… FC Sion a marqué le 0-2 du droit, sur corner, juste avant l’heure de jeu, après avoir semé un Reto Ziegler qui n’y a vu que du feu. Bamba a marqué 6 fois en 98 matches chez les pros. Disons que celui-ci est sans doute celui qui vaut le plus cher pour l’instant.

Franchement, c’est très dur de choisir, tant il y a de candidats potentiels du côté de Sion. Le choix s’est porté sur Ilyas Chouaref, surtout parce que l’ancien de Châteauroux est particulièrement agaçant. Ça se voit que les arbitres l’ont dans le nez à force de tomber à chaque petit coup de foehn et il n’a de cesse de pester contre tout et n’importe quoi. Quand on a mis un seul but en 32 apparitions en championnat de la saison, qu’on n’a pas marqué une seule réalisation au cours des 1630 dernières minutes de Super League et qu’on est avant-centre, on peut commencer par se demander à soi-même si on est à la hauteur, avant d’en vouloir à la terre entière.

Vous avez peut-être vu passer quelques photos moqueuses de l’enclôt tout vide des supporters adverses à Tourbillon et c’est un peu sévère. La grande majorité des quelques «ultras ou associés» que compte le SLO a été semble-t-il interdite de stade après avoir rencontré d’un peu trop près des fans du LS (si, si…) il y a quelques semaines. Par contre, la tribune de place assise juste à côté était tout de même garnie d’une petite centaine de Lausannois (ou des familles des joueurs), qui n’ont pas boudé leur plaisir en fin de rencontre.

Qu'est-ce que va bien pouvoir nous inventer encore le FC Sion?