Tour de FranceCopenhague va couronner un «monstre» du chrono
Le contre-la-montre inaugural du Tour de France va permettre à un rouleur de se vêtir de jaune vendredi. Reportage sur le parcours tout plat – et ultrarapide – dans la capitale danoise.


Qui enfilera le maillot jaune vendredi au terme du contre-la-montre de Copenhague? Deux Suisses le convoitent.
AFPLe premier maillot jaune de la 109e édition du Tour de France sera un spécialiste du chrono. Et ça tombe bien, deux Suisses sont des spécialistes de l’effort solitaire. Ils s’appellent tous les deux Stefan, ils sont les deux Thurgoviens et ont chacun comme objectif principal le contre-la-montre de ce vendredi dans les rues de Copenhague. Au menu: 13,2 kilomètres tout plats, un profil qui colle aux qualités de Bissegger, lui qui a battu le champion du monde de la spécialité, Filippo Ganna, en début de saison lors de l’UAE Tour.
«Le but est simple vendredi: gagner!, tranche sans détour l’ambitieux coureur de 23 ans. Je n’ai pas encore reconnu le parcours, car les barrières ne sont pas encore prêtes et il faudra voir comment cela sera précisément tracé. On fera ça vendredi matin.»
L’homme aux chaussures crocs et aux Dragons sur l’original maillot de sa formation (EF Education) est déjà dans sa bulle, sous les chaises tournantes suspendues dans le vide du parc d’attractions de Tivoli, théâtre de la présentation des coureurs mercredi soir, dans une ambiance de folie.

Le héros du peuple danois, Jonas Vingegaard, a été ému aux larmes lors de la présentation des équipes mercredi soir à Tivoli.
AFPMais nous avons fait le parcours à vélo quelques jours plus tôt et on peut déjà affirmer sans risques qu’il sera rapide. «C’est un chrono pour rouleurs, c’est tout plat, tu n’as pas le droit à l’erreur, la vitesse moyenne sera très élevée», confirme en souriant Stefan Küng.

Voici le parcours du contre-la-montre à Copenhague de vendredi.
ASO
La capitale du Danemark est le royaume de la petite reine et les Copenhageois roulent 400 Tour de France à vélo chaque jour, soit 45 millions de km sur une journée. Près de la moitié des habitants de la ville scandinave utilisent la bicyclette comme moyen de transport en roulant sur les 388 kilomètres de voies cyclables.

A Copenhague, ce sont des «autoroutes» pour cyclistes.
Tout est fait pour que les cyclistes soient en sécurité. Les voies cyclables sont la plupart du temps séparées par un muret de la route. Elles sont surtout larges et on trouve même des repose-pieds aux feux rouges.

Le repose-pied permet de ne pas perdre de temps au redémarrage. Car ici, il faut s’adapter à la vive allure des locaux.
Peu après le départ, les coureurs traverseront le «Dronning Louises Bro», ou Pont de la Reine Louise, qui symbolise à lui-seul la culture cycliste danoise. En une journée, jusqu’à 40’000 cyclistes traversent l’ouvrage qui fait la jonction entre le centre et le quartier branché de Nørrebro.
Bissegger impatient d’en découdre
En afterwork, le pont est submergé par les Copenhagois qui profitent de la longue journée scandinave pour s’y retrouver autour d’une bière.

Les bouchons cyclistes se forment assez rapidement aux heures de pointe sur le pont de la Reine Louise.
«Ce pont est le plus large pour les cyclistes et symbolise l’ADN cycliste des Danois, on en est très fiers et c’est le plus beau de la ville», souligne Rasmus Nowak Franklin. Ce journaliste pour le média cycliste Feldet.dk est aussi historien et a réalisé un tour à pied historique du tracé de vendredi.
Pas sûr que nos deux Stefan auront le temps de s’imprégner dans l’atmosphère locale. Les cyclistes croisés sur la route estiment que les meilleurs auront des pointes de vitesse à 70 km/h. Pour les plus créatifs, ce parcours épouse la forme d’un poulet. Histoire de rendre hommage au Danois Michael Rasmussen, vainqueur du maillot à pois sur le Tour de France (2005 et 2006) et surnommé «Chicken».
Mais revenons sur le parcours, qui longe le stade du FC Copenhague, fait une boucle dans le quartier huppé d’Østerbro, avant de permettre aux coureurs de foncer comme des bateaux à foil aux abords du spot de la (très) Petite Sirène.

Les coureurs n’auront pas l’occasion de dire coucou à la Petite Sirène.
De grands braquets et une position aérodynamique frôlant la perfection devraient permettre à nos deux spécialistes helvétiques d’affoler la montre sur les larges avenues planes. Mais seront-ils prêts ce vendredi? Ils ont pu embarquer de justesse à Copenhague, après avoir pu montrer un test négatif, eux qui ont été infectés par le Covid-19 au Tour de Suisse.

De très longues avenues très larges et toutes plates – comme la principale rue commerçante Østerbrogade - vont permettre aux meilleurs rouleurs de développer leur puissance. Les arbres, eux, se sont déjà habillés en jaune.
«C’est clair, ça a changé ma préparation, mais je n’aurais de toute façon pas fait les championnats du suisse du chrono pour profiter de la naissance de notre premier enfant, souligne Küng. J’arrive sans pression, je suis déjà soulagé de pouvoir m’aligner au départ. Je me sens compétitif mais vu le nombre de prétendants, ce sera compliqué!»
Ganna, van Aert, Pogacar, Roglic, Vingegaard, Thomas, sont autant de noms cités parmi les potentiels vainqueurs. Et Stefan Bissegger donc. «J’espère que tout le monde aura les mêmes conditions. Nous sommes sans cesse en train de vérifier l’évolution de la météo pour vendredi.»
Le parcours est court et roulant, sans trop de virages techniques: tout ce qu’adore l’ancien pistard. Un mot sur la concurrence? «Non, il n’y a rien à dire. Je suis content d’être là, comme tout le monde.» Le Suisse a déjà la tête sur son chrono et après plusieurs jours coincés à la maison (il a manqué le chrono final du Tour de Suisse et celui des championnats nationaux). Bissegger a hâte d’en découdre sur le bitume.