Retraites en FranceMalgré une mobilisation massive, l’Élysée adopte sa réforme
Le gouvernement a adopté lundi en Conseil des ministres sa réforme des retraites, affichant sa «détermination» à aller jusqu’au bout sans «renoncer» au report de l’âge de départ à 64 ans.

Entre un et deux millions de personnes étaient dans la rue, jeudi dernier pour manifester.
AFPInflexible sur les 64 ans, le gouvernement français déroule sa réforme des retraites, malgré une forte contestation de l’opposition et de la rue. «Revenir» sur les «mesures d’âge» controversées, ce «serait renoncer au retour à l’équilibre» du système en 2030, «et donc manquer de responsabilité pour les générations futures», a déclaré le ministre du Travail Olivier Dussopt devant la presse à l’Élysée, tout en reconnaissant «un désaccord avec les organisations syndicales» sur ce sujet.
«Le président de la République a dit sa détermination et sa détermination est à l’identique de celle du gouvernement», a-t-il poursuivi. Après la première journée de grèves et manifestations, qui a réuni jeudi entre un et deux millions de personnes dans la rue, et avant la prochaine prévue le 31 janvier, Macron et son exécutif s’emploient à relativiser une mobilisation «normale». Ils ont donc profité de l’étape très formelle du Conseil des ministres pour dérouler leur calendrier, qui prévoit un débat parlementaire au pas de course pour une entrée en vigueur du projet contesté à l’été.
Le report de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite, mesure phare de la réforme, est rejeté par les syndicats unanimes, ainsi que par l’essentiel des oppositions et, selon les sondages, une grande majorité des Français.
«Maintenant, il faut pouvoir avancer»
Le chef de l’État a estimé dimanche avoir déjà fait preuve d’«ouverture» par rapport au programme pour son second quinquennat qui prévoyait initialement les 65 ans. Il a dit souhaiter «que le gouvernement, avec les parlementaires,» puisse encore «aménager» le texte. Avant de se montrer plus inflexible: «les besoins» sont «connus», et «je crois que là, maintenant, il faut pouvoir avancer». Ses ministres se relaient donc pour assurer être prêts au «dialogue» afin d’«enrichir» le texte… mais uniquement à la marge.
Alors que le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, avait ouvert la porte pour la première fois durant le week-end à «des mesures coercitives pour les entreprises qui ne joueraient pas le jeu» de l’emploi des seniors, Dussopt s’en est tenu à des sanctions financières uniquement pour les sociétés qui ne publieront pas l’«index» incitatif prévu par la réforme.
«On espère faire encore plus fort le 31»
L’exécutif se montre encore moins disposé sur un autre point qui crispe jusque dans les rangs des Républicains, pourtant seul parti allié annoncé de l’exécutif à l’Assemblée nationale: le fait que les personnes ayant commencé à travailler à 20 ans auront à cotiser 44 ans, et non 43 comme les autres, pour obtenir une retraite à taux plein.
Quant à la proposition des députés MoDem d’augmenter la semaine de travail d’une demi-heure, à 35,5 heures, pour dégager des ressources, «ce n’est pas l’objectif du gouvernement d’ouvrir un débat sur le temps de travail», a balayé Dussopt. Rien donc pour l’instant de nature à satisfaire les opposants à la réforme, qui réclament inlassablement le retrait pur et simple des «mesures d’âge» et promettent une résistance ferme à l’Assemblée nationale et dans la rue. «On espère faire encore plus fort le 31 (janvier)», a prévenu le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.