Motocyclisme - «Au boulot, Messieurs les motoristes de Yamaha!»

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Motocyclisme«Au boulot, Messieurs les motoristes de Yamaha!»

Le vainqueur a toujours raison. Ce d’autant plus lorsqu’il est champion du monde avec une moto que ses équipiers – et pas des moindres (Rossi, Morbidelli et Dovizioso) – peinent à faire entrer dans les points.

par
Jean-Claude Schertenleib

Une chute n’est jamais agréable, jamais volontaire. Mais celle dont a été victime, dimanche, le champion du monde MotoGP Fabio Quartararo, à trois tours de l’arrivée du GP d’Algarve, est l’illustration parfaite d’une situation qui est loin d’être rose chez Yamaha, malgré le titre. Car elle a montré au monde entier les faiblesses de la M1 par rapport à la concurrence – notamment Ducati, bien sûr –, une faiblesse dont parlent depuis plusieurs années les différents pilotes de la marque, sans réaction concrète de leurs ingénieurs.

Dans les faits, cela donne: si un pilote Yamaha ne se qualifie pas tout devant sur la grille, il n’a quasi aucune chance de revenir sur la tête de la course. Or, à Portimão, Fabio Quartararo a vu son meilleur temps des qualifications annulé, puisque réalisé au moment où un drapeau jaune était montré. Septième sur la grille, dominé en accélération dès les premiers mètres de la course, le champion du monde n’avait plus qu’à tenter une «remontada»... qui s’est terminée par terre.

«J’aurais pu être beaucoup plus rapide, je pensais avoir le rythme pour rester avec «Pecco» Bagnaia, a déclaré Quartararo. Mais à la place, j’ai dû rouler quinze tours derrière Jorge Martin (Ducati, lui aussi) qui était presque une seconde plus lent que moi. Nous sommes bien trop loin de la vitesse nécessaire sur de telles pistes et je constate que notre moto a des faiblesses évidentes, que les autres n’ont pas.»

Fabio Quartararo (à dr.) a dû rouler quinze tours derrière Jorge Martin (à g.).

Fabio Quartararo (à dr.) a dû rouler quinze tours derrière Jorge Martin (à g.).

AFP

Le châssis, c’est bien. Le moteur, c’est mieux...

Reste qu’on ne devient pas champion du monde avec une «mauvaise» moto. La Yamaha M1 ne l’est pas, son comportement en virages est très efficace, comme sa stabilité au freinage et en entrées de courbes. Mais, lorsqu’il s’agit de passer une surpuissante Ducati – il y en aura huit en piste l’an prochain! –, c’est beaucoup, beaucoup plus complexe.

Quartararo, encore: «C’est très bien que de nouveaux châssis soient constamment essayés à Jerez, à Misano ou en Catalogne. Mais je pense que les ingénieurs d’Iwata (le siège de la marque) devraient se concentrer beaucoup plus sur le nouveau moteur. Pour être honnête, l’avenir est tout sauf rose. Nous avons besoin de plus de vitesse de pointe, parce que nous ne pouvons tout simplement pas dépasser. Lors de la première course à Portimão, au printemps dernier, Bagnaia était parti de la onzième place (à lui aussi, son meilleur chrono des essais avait été annulé) et n’a eu aucun problème pour revenir jusqu’à la deuxième place. De notre côté, si nous ratons la qualification, nous pouvons dire au revoir au podium dès le samedi.»

Fabio Quartararo à propos de la Yamaha M1: «L’avenir est tout sauf rose. Nous avons besoin de plus de vitesse de pointe, parce que nous ne pouvons tout simplement pas dépasser.»

Fabio Quartararo à propos de la Yamaha M1: «L’avenir est tout sauf rose. Nous avons besoin de plus de vitesse de pointe, parce que nous ne pouvons tout simplement pas dépasser.»

AFP

Dernière précision: Fabio Quartararo est lié avec Yamaha jusqu’à la fin 2022. Et on sait que, désormais, les discussions pour les futurs contrats commencent tôt, très tôt dans l’année. On fait donc confiance à Eric Mahé, le manager du champion du monde, pour rappeler à l’employeur actuel de Fabio qu’il n’est pas nécessairement marié à vie avec les trois diapasons, symboles de la marque.

Darryn Binder, déjà le mal-aimé

Il a commis une erreur – freinage impossible à l’entame du premier virage, choc inévitable avec la moto de Dennis Foggia, qui a perdu du même coup tous ses espoirs mondiaux en Moto3 –, il a voulu s’excuser auprès de sa victime, mais il a été rabroué. Avant d’être disqualifié par les commissaires, pour pilotage jugé «irresponsable»: le Sud-Aficain Darryn Binder, qui fera l’an prochain le saut direct de la Moto3 à la MotoGP (dans le team satellite Yamaha), fait déjà l’unanimité auprès de ses futurs pairs.

Petit florilège: «L’affaire Darryn Binder n’a pas de nom. Une fois de plus, je ne sais pas quoi dire. Il y a des pilotes agressifs qui ont changé, comme Fenati ou Zarco, qui était l’un des plus sales de la catégorie. Mais depuis l’accident en Autriche (l’an dernier), il reste agressif mais il ne fait plus rien de grave. Il devrait être plus difficile d’arriver en MotoGP, où il y a toujours plus d’égalité entre les motos et où nous sommes toujours plus proches les uns des autres»: signé Aleix Espargaró, mondialement reconnu pour avoir des idées sur tout ce qui touche à la course.

«Je pense que nous avons besoin d’un système de super-licence, comme dans le sport automobile. Je déteste critiquer directement un autre pilote, mais nous avons déjà plusieurs fois vu de tels accidents de la part de Darryn. L’année prochaine, il courra contre nous. Une MotoGP est beaucoup plus rapide qu’une Moto3, je ne peux qu’espérer qu’il ne se passe rien», estime pour sa part le vainqueur du GP, Francesco «Pecco» Bagnaia.

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