Jura bernois: Un veau d’un jour tué au pâturage

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Jura bernoisUn veau d’un jour tué au pâturage

Un prédateur a dévoré un tout jeune animal de rente qui pâturait avec sa mère du côté de Corgémont.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Un prédateur a emporté un quart du veau et ses entrailles, ce qui déculpabilise le lynx qui ne les mange pas, tandis que le renard raffole du placenta, laissé sur place.

Un prédateur a emporté un quart du veau et ses entrailles, ce qui déculpabilise le lynx qui ne les mange pas, tandis que le renard raffole du placenta, laissé sur place.

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Après l’attaque d’un troupeau de moutons qui a fait sept cadavres dans la région de Chasseral, dans la nuit du 27 au 28 juillet derniers, le loup est tout désigné après la découverte lundi dernier d’un veau dévoré sur un domaine de la commune de Corgémont, sur un versant du sommet jurassien.

«Un chien qui a goûté du sang chaud peut devenir un tueur, mais si c’était un chien, il devait rôder depuis longtemps…», commente l’éleveur de moutons Ronald Sommer, secrétaire général de l’Association Suisse pour la protection des territoires contre les grands prédateurs.

Poumon dans l’eau

Le veau attaqué au lieu-dit Derrière la Bottière vivait depuis un jour, mais il n’était pas mort-né. Pour en être sûr, le garde-faune a plongé le poumon de l’animal dans l’eau: si l’organe coule, c’est qu’il n’a jamais contenu d’oxygène. Là, le poumon flottait, ce qui indique que le prédateur n’a pas dévoré un cadavre mort-né: le veau pâturait avec sa mère à 300 mètres de la ferme, les premières habitations n’étant pas très éloignées.

«Ce veau mutilé est mort à petit feu», affirme Ronald Sommer. Le chien de la ferme était attaché. Au pâturage, le terrain était piétiné: la vache a-t-elle tenté de protéger son petit? Ou n’a-t-elle pas osé? Mystère. «Un loup solitaire ne s’attaque pas à une vache trop grande pour lui. Mais il pourrait la blesser», remarque l’éleveur de Monible.

Après avoir jeûné

«Un seul veau, c’est un veau de trop!» réagit Ronald Sommer. «Le loup du Chasseral a pris goût au bétail de rente: il n’a plus envie de chasser», estime-t-il, dans l’attente des analyses génétiques. À ses yeux, la photo du veau dépecé plaide pour un loup «qui s’est goinfré après avoir jeûné».

Fallait-il garder le veau à la ferme, sachant que le loup rôde? «La loi stipule qu’un ruminant doit passer 26 jours par mois au pâturage», répond Ronald Sommer. Savoir quand une vache va vêler, c’est impossible dans un espace de dix jours.

La région où rôde peut-être un loup, vers la Montagne-Courtelary, entre Corgémont et le Parc Chasseral.

La région où rôde peut-être un loup, vers la Montagne-Courtelary, entre Corgémont et le Parc Chasseral.

lematin.ch/Vincent Donzé

Le loup a-t-il sa place dans l’arc jurassien? Pas selon Ronald Sommer. Alors où? «Aux Grisons, dans le parc national, une réserve sauvage protégée. Mais une seule louve solitaire réside dans cette région forestière insuffisamment dégagée pour une meute».

Ronald Sommer demande l’autorisation de tirer le loup. Sur Facebook, une voix suggère d’«épauler le fusil». «Ça restera le seul moyen de faire valoir son droit face à l’incompétence de gens qui pensent que le loup a sa place en Suisse», commente un internaute. Ronald Sommer met son veto: «Je ne pousse pas à l’illégalité! Ce qu’il faut faire, c’est communiquer la réalité!»

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