Commentaire: Intelligence artificielle contre bêtise naturelle

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CommentaireIntelligence artificielle contre bêtise naturelle

Le PLR se place à l’avant-garde de la communication en utilisation un logiciel d’intelligence artificielle. Mais cela ne change pas les fondamentaux.

Eric Felley
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Eric Felley
L’affiche du PLR et son image générée par un programme d’intelligence artificielle montrant des militants pro climat bloquant une ambulance.

L’affiche du PLR et son image générée par un programme d’intelligence artificielle montrant des militants pro climat bloquant une ambulance.

PLR

En cette période estivale, la campagne pour les élections fédérales d’octobre prochain en est à ses premiers balbutiements. Quelques événements viennent troubler la quiétude des esprits. L’affiche du PLR, qui s’en prend aux activistes du climat, a suscité la semaine dernière des réactions contrastées. Que les libéraux-radicaux s’en prennent à eux n’est pas étonnant. Ce qui interroge, c’est que le parti a revendiqué l’utilisation de l’intelligence artificielle pour la composition de l’image, qui montre une ambulance bloquée par des manifestants de Renovate Switzerland.

On ne voit pas très bien ce que l’intelligence «artificielle» a apporté de plus à ce message, que s’il avait été conçu part une intelligence dite «naturelle». Mais pour le PLR, c’est un coup de marketing visant à se positionner à l’avant-garde de cette technologie, dont la présence est encore toute récente dans l’univers médiatique. Quoi qu’il en soit, l’usage d’images fausses, ayant l’air plus vrai que les vraies, pose un problème déontologique au monde politique.

Brouiller le vrai du faux

Comme l’a relevé «SonntagsBlick» de dimanche, les Vert.e.s ont proposé un code éthique relatif à l’usage de l’intelligence artificielle lors de cette campagne. Tous les partis ont accepté la proposition, sauf l’UDC. Cette dernière a peut-être de nouveaux projets pour des visuels dans ses domaines de prédilection: l’asile et l’immigration. L’UDC n’a d’ailleurs pas attendu l’intelligence artificielle pour brouiller le vrai du faux.

L’objectif déclaré des autres partis est «d’empêcher une tromperie délibérée du public afin de ne pas saper la confiance dans la démocratie». C’est noble et dans l’univers numérique saturé d’images, c’est un combat quotidien ardu. Il est d’autant plus compliqué que les plus machiavéliques assument la «tromperie» comme un instrument légitime de communication, visant la provocation et une visibilité plus grande.

Une vérité commune

L’intelligence artificielle et son aura d’intelligence supérieure n’y changeront rien. La bêtise «naturelle» a encore de beaux jours devant elle. Quant à la démocratie helvétique, qui fête ses 175 ans cette année, elle en a vu bien d’autres. Chaque époque de son histoire est marquée par des phénomènes de manipulation de l’opinion avec des outils et des concepts différents. Le miracle, c’est que malgré tous les efforts de «tromperie» de part et d’autre, une majorité de Suisses demeure attachée à s’approcher le plus possible d’une vérité commune. Celle qui permet d’avancer.

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