Biodiversité - Politique du loup: un compromis historique à Berne

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BiodiversitéPolitique du loup: un compromis historique à Berne

Pour la première fois, les milieux de la protection de la nature, de l’élevage et de la montagne ont réussi à se mettre d’accord. Après l’échec de la loi sur la chasse, le ton est à l’apaisement sur ce dossier conflictuel depuis plus de vingt ans.

Eric Felley
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Eric Felley
Si chacun renonce à des exigences maximales, la gestion du loup peut faire l’objet d’un compromis.

Si chacun renonce à des exigences maximales, la gestion du loup peut faire l’objet d’un compromis.

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Les polémiques sans fin autour de la gestion du loup à Berne seront-elles bientôt du passé? Après l’échec de la loi sur la chasse en septembre 2020, attaquée par un référendum des milieux de la protection de la nature, le dossier de la gestion du loup se retrouvait dans une nouvelle impasse. Entre ceux qui voudraient carrément le voir disparaître et ceux qui défendent une protection stricte, le grand écart semblait devoir durer. Eh bien non. Aujourd’hui, un compromis que l’on peut qualifier d’historique semble se dessiner.

Pour rappel, c’est un juillet 1995 qu’un premier «animal mystérieux» s’en était pris à 70 moutons, dans des alpages du district d’Entremont en Valais. L’année suivante, il était clairement identifié comme un loup. Vingt-cinq ans plus tard, la Suisse compte une quinzaine de meutes pour 150 individus vivant entre le Valais, les Grisons et le Tessin. Selon Pro Natura, «On n’est plus très éloigné d’un statut de conservation favorable pour le loup en Suisse».

Vingt-cinq ans de controverse

Mais, durant ces vingt-cinq ans, la présence du loup a été systématiquement un objet de controverse au Parlement. Les représentants valaisans, en particulier, n’ont cessé de dénoncer le statut d’animal strictement protégé, tandis qu’il faisait chaque année des dégâts dans les alpages. La dernière révision de la loi sur la chasse a été marquée, encore, par la problématique du loup et elle a échoué devant le peuple, de peu, avec 51,9% de non. Les milieux de protection de la nature avaient promis que l’on reparlerait rapidement de la gestion du loup.

Cette volonté de compromis a trouvé un écho au Parlement. Mardi, la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du National a annoncé que ses membres avaient trouvé une solution à l’unanimité (moins deux abstentions) pour modifier la loi sur la chasse. Elle confirme ainsi une initiative du Conseil des États qui ouvre la voie à des tirs préventifs, là où les loups «s’approchent de façon menaçante des zones habitées et des êtres humains ou pour lesquels les mesures de protection des troupeaux sont inefficaces».

Renoncer «aux exigences unilatérales maximales»

Ce qui est intéressant, à ce stade en tout cas, c’est que ce compromis a fait l’objet d’une position commune, hors Parlement, des associations jusqu’ici divisées sur le loup. Autour de la table, on trouve la Société suisse d’économie alpestre (SSEA), l’Union suisse des paysans (USP), le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB), la Société forestière suisse (SFS), ChasseSuisse, BirdLife Suisse, le Groupe Loup Suisse, Pro Natura et WWF Suisse.

Océane Dayer, la responsable politique du WWF Suisse, résume l’état d’esprit de cette nouvelle donne: «Les organisations de protection de la nature sont persuadées qu’avec la volonté de tous les acteurs de renoncer à des exigences unilatérales maximales, une révision de la loi adéquate, légère et capable de rallier la majorité, est possible. Il s’agit de saisir cette chance.» Cette chance doit maintenant être inscrite dans la loi sur la chasse au Parlement.

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