Besançon (F)Meurtre de Narumi: «On n’appelle pas un mort»
Le Chilien suspecté du meurtre d’une jeune étudiante japonaise, à Besançon (F) en 2016, a dû s’exprimer face à ses incohérences. Il continue de nier les faits.

Les proches de Narumi ont fait le déplacement depuis le Japon pour être présents au procès.
AFPAu troisième jour de son procès à Besançon, où il répond de l’assassinat de Narumi Kurosaki, Nicolas Z. a maintenu que l’étudiante japonaise était vivante après leurs «belles retrouvailles», versant toutefois quelques larmes face à un flot de questions sur ses incohérences.
Le Chilien de 31 ans a assuré, jeudi, devant la Cour d’assises du Doubs, avoir quitté la résidence universitaire de la jeune femme de 21 ans au terme de ces «belles retrouvailles» de trente heures, le 6 décembre 2016, jour de la disparition de l’étudiante.
Pourtant, après ces retrouvailles, «jamais, vous n’avez contacté Narumi ni sa famille. Pourquoi?» a attaqué l’un des avocats des parties civiles, Me Randall Schwerdorffer, lors de ce premier interrogatoire sur les faits. Avant d’asséner: «Vous aviez peut-être raison de ne pas l’appeler, si elle ne pouvait pas répondre. On n’appelle pas un mort.»
«Est-ce qu’il vous arrive de mentir?»
Le Chilien de 31 ans, qui clame son innocence et répondait jusque-là d’une voix ferme et assurée, n’a pas achevé sa phrase, épongeant quelques larmes. Les premières banderilles avaient été plantées par Me Sylvie Galley, l’avocate de la famille de Narumi Kurosaki, dont la mère et la sœur suivent silencieusement les débats sur le banc de la partie civile, serrant une photo de la victime et prenant tout en note.
«Est-ce qu’il vous arrive, à vous, de mentir, Monsieur Z.?» lui a lancé l’avocate, dans un moment de tension à propos des messages prétendument envoyés par l’étudiante après sa disparition mais attribués à Nicolas Z. par les enquêteurs. D’étranges messages avec un énigmatique «merci de t’en soucier» en français, répété à plusieurs reprises. «Je n’ai pas l’intention de mentir, j’essaie de faire toujours ce qui est correct», a répondu l’accusé, imperturbable, après un moment de silence.
Jalousie
Interrogé sur sa venue à Besançon, où Narumi Kurosaki étudiait depuis l’été 2016, alors qu’ils avaient rompu à l’automne, Nicolas Z., qui s’exprime en espagnol, a répondu la plupart du temps d’un air assuré, quitte à esquiver et à reprendre les interprètes, qui assurent une traduction simultanée des débats. «Cette enquête n’est pas exhaustive», a-t-il critiqué. Mais, pour l’accusation, les choses sont claires: il n’a pas supporté la rupture et a étouffé Narumi avant de se débarrasser de son corps, jamais retrouvé, dans une forêt du Jura.
Cherchant à écarter l’idée de retrouvailles houleuses, son avocate, Me Jacqueline Laffont, a produit devant la cour des photos des deux jeunes, souriants, lors de la soirée du 4 décembre. «C’était une joie réciproque de vous retrouver?» a-t-elle demandé à son client. «Effectivement», a répondu le jeune l’homme en chemise blanche et cravate ajustée, réfutant par la suite avoir fait preuve d’une «jalousie excessive».
«Vous la surveillez»
Une jalousie à l’égard notamment des autres garçons que côtoyait l’étudiante. Dans une vidéo diffusée au cours de l’audience et enregistrée le 7 septembre 2016, le Chilien pose ses «conditions» mais affirme qu’elles resteront «sans effet» si elle s’y plie. Menaçant, il ajoute qu’elle doit «payer un petit coût pour ce qu’elle a fait». Une sorte de «journal intime», a balayé Nicolas Z.
Qu’a pu ressentir Narumi Kurosaki en recevant cette vidéo? «Vous semblez ne pas répondre à la question», s’agace le président de la Cour, Matthieu Husson, après plusieurs tentatives. «Vous la surveillez et vous lui imposez d’être une «meilleure fille», insiste Me Galley face à un accusé qui cède à l’énervement en fin d’audience.