FootballYverdon, vraiment plus moderne avec Mangiarratti?
Le successeur de Marco Schällibaum a dirigé son premier match dimanche, lors de la défaite 2-1 à Bâle. Et son équipe paraît déjà plus proactive.


Le Tessinois Alessandro Mangiarratti a dirigé son premier match de Super League avec Yverdon dimanche.
Marc Schumacher/freshfocusLes deux pieds dans le nouveau monde. Cette fois, Yverdon Sport est formellement passé à autre chose, depuis que Marco Schällibaum a été évincé et qu'Alessandro Mangiarratti a été nommé entraîneur. Fin de la transition. Le club nord-vaudois vogue désormais complètement avec son pavillon américain, et le technicien à sa barre est celui que ses nouveaux propriétaires ont choisi.
Le Tessinois est l'homme d'un football «moderne» et «proactif», selon les mots utilisés par les nouveaux dirigeants. Signification? Le premier match qu'il a dirigé dimanche à Bâle en a donné des indices, malgré la défaite 2-1 concédée en fin de match. Rien de définitif, mais il y a là une ébauche de ce à quoi Yverdon pourrait ressembler à terme.
Un système à trois défenseurs
Cela demandera d'être vérifié avec le temps, mais il est envisageable que le nouveau Yverdon s'aligne avec une défense centrale à trois. Ce fut le cas à Bâle dimanche, avec le trio Malula-Del Fabro-Tijani, alors que l'habituelle paire de latéraux Sauthier-Le Pogam occupait les côtés. Ce n'est pas surprenant: Mangiarratti a régulièrement utilisé ce système dans ses précédentes fonctions, notamment à Vaduz.

Le nouveau système d'Yverdon Sport, avec trois défenseurs centraux, deux milieux pour assurer l'équilibre, et surtout deux extérieurs (Le Pogam à gauche, Sauthier à droite) qui donnent la largeur.
Le schéma du nouvel entraîneur est au service de l'animation qu'il veut mettre en place. Elle a pour vocation à avoir de la maîtrise en premier lieu. Cela s'est déjà vu au Parc Saint-Jacques: avec plus de 55% de possession, Yverdon n'avait jamais autant eu le ballon entre ses pieds cette saison. Il faut dire que ce n'était pas vraiment l'objectif de Schällibaum, qui avait l'idée d'une équipe plus attentiste. Il y a déjà là un changement majeur d'idée.

Il y a à Yverdon l'idée d'une relance courte, comme ici avec Kevin Martin qui peut toucher Liziero, plein axe,
Mais comment Mangiarratti entend utiliser cette possession? Première indication: il y a une volonté de relancer court. Plusieurs fois, contre Bâle, Yverdon a cherché à attirer la pression adverse en répétant plusieurs passes courtes avant de verticaliser dans un deuxième temps. Cela demande encore à être affûté, techniquement (quelques erreurs à relever) et tactiquement (des circuits de relance imprécis), mais cela dit une intention.
Utilisation de la largeur
Mais si YS a autant eu le ballon, c'est qu'il a su faire reculer Bâle. Et donc qu'il avait la capacité de construire des actions. On a alors pu voir certains des principes sur lesquels veut appuyer le nouvel entraîneur. Il y a là l'exploitation du système en 3-4-2-1/3-5-2, lequel concentre une grande majorité de joueurs à l'intérieur du jeu. En effet, seuls les extérieurs sont amenés à donner de la largeur.

Yverdon cherche notamment à fixer l'adversaire à l'intérieur du jeu, pour ouvrir les couloirs. Ici, Sauthier en profite pour centrer, ce qui donne une occasion.
C'est d'ailleurs leur mission centrale: il n'a pas été rare de voir Sauthier et Le Pogam coller leur ligne de touche lorsque le ballon était à l'opposé. L'objectif Yverdonnois? Fixer l'adversaire à l'intérieur pour exploiter la largeur. Ainsi, contre Bâle, le défenseur central gauche Tijani a souvent tenté de verticaliser le jeu vers un milieu (Liziero ou Cespedes) ou vers l'un des trois éléments offensifs (Kevin Carlos, Maurin ou Tasar), lesquels orientaient ensuite le jeu sur un côté, où les extérieurs attendaient la balle.

L'idée de pouvoir passer par l'intérieur pour ouvrir de l'espace à l'extérieur a souvent été utilisée par Yverdon dimanche. Comme ici, avec la filière Tijani-Maurin-Le Pogam.
Plus globalement, la première marque du «style Mangiarratti» avec le ballon est cette idée d'alternance et d'échange entre l'intérieur et l'extérieur du jeu. Cela permet faire bouger le bloc adverse, pour ensuite le déborder. Les principales occasions nord-vaudoises, dont l'action précédant le penalty réussi de Cespedes, sont venues de cette filière.
Un bloc plus haut et plus actif
Mais l'évolution vers un Yverdon moderne s'exprime aussi sans ballon. Sous Marco Schällibaum, les Vert et Blanc apparaissaient comme l'une des équipes les plus passives défensivement, avec l'un des blocs les plus bas de Super League. On comprend notamment que cette idée d'être plus «proactif» que «réactif» inclut notamment ce point.

Le bloc haut yverdonnois, orienté sur l'homme, avec un marquage individuel dans le cœur du jeu.
Alors, sans surprise, à Bâle, Yverdon s'est présenté avec un bloc plus haut et avec la volonté d'être fort dans les duels. Bref, l'idée d'un pressing. Il s'est déployé de manière individuelle dans l'axe du jeu, avec tous les Bâlois marqués de près. Seuls les latéraux rhénans n'étaient pas pris, l'objectif étant de pouvoir sortir sur eux sur le temps de passe avec Sauthier et Le Pogam. Là aussi, le système en 3-4-2-1 permet cette agressivité sur les côtés, sans se découvrir derrière.

Seuls les latéraux bâlois étaient laissés un peu libre. Mais dès qu'ils étaient touchés, les extérieurs (ici Sauthier) sortaient dessus sur le temps de passe.
Reste qu'il y a tout de même un écart entre l'intention et l'action. Et si Yverdon a commencé chaque mi-temps pied au plancher à ce niveau, il s'est montré de moins en moins intense au fur et à mesure que le temps avançait. On ne devient pas une équipe courageuse et agressive du jour au lendemain.

En bloc médian, Yverdon a manqué de compacité dans son organisation défensive. Ici, le bloc est trop facilement transpercé dans l'axe. Cela permettra à Bâle d'amorcer l'action de l'ouverture du score.
Ainsi, Alessandro Mangiarratti aura besoin d'un peu de temps pour arriver à ses fins. Il lui faudra aussi des ajustements, notamment en bloc médian, l'organisation défensive yverdonnoise n'était pas encore parfaitement rodée, vu l'absence de compacité qui sautait aux yeux par séquences. Mais au-delà des promesses et de la communication prise avec perplexité durant la semaine, il y avait, dimanche, les prémisses d'un nouvel Yverdon-Sport. Et il faut l'admettre: il paraît plus moderne, parce que proactif.