JusticeÀ part Abdeslam, qui sont les 19 autres accusés?
Le procès-fleuve des attentats de Paris s’est ouvert hier. Présentation des 20 accusés et de ce qu’ils auraient commis.

Salah Abdeslam avec certains des coaccusés.
AFP/DRSalah Abdeslam est le visage du procès historique sur les attentats de Paris du 13 novembre 2015 qui s’est ouvert hier. Et pour cause, le Franco-Marocain est «le dixième homme», l’unique survivant des commandos qui ont fait quelque 130 morts et plus de 400 blessés.
Il avait abandonné sa ceinture d’explosif avant de filer se planquer «chez lui», à Bruxelles. Avant, il avait convoyé des djihadistes en Europe, acheté du matériel pour les explosifs, loué des planques et les voitures du «convoi de la mort» – son expression – qui prendra la route pour Paris. Incarcéré en France en avril 2016, il est resté quasi-mutique depuis. Une seule fois, face aux juges d’instruction, il s’est lancé dans une tirade religieuse justifiant les attaques. Mais hier, il s’est exprimé, se décrivant par exemple comme «un combattant de l’État islamique».
Mais si tous les regards se portent naturellement sur le visage des attentats, il y a 19 autres accusés. 14 seront présents: 11 sont détenus et prendront place dans le box des accusés, 3 comparaîtront libres. Les 6 derniers, dont 4 ou 5 sont présumés morts, seront jugés par défaut. Présentation.
Mohamed Abrini, 36 ans
Ami d’enfance des frères Abdeslam, ce Belgo-Marocain est jugé pour avoir accompagné en région parisienne les commandos et participé à leur financement et à la fourniture de leurs armes. Il sera par la suite aussi jugé pour les attentas de Bruxelles. Des images de vidéosurveillance de l’aéroport belge sur lesquelles on le voyait avec deux des kamikazes lui ont valu le surnom de «l’homme au chapeau».
Mohammed Amri, 33 ans
Belgo-Marocain proche des frères Abdeslam, Mohammed Amri a reconnu être allé chercher Salah Abdeslam en voiture le soir des attentats pour le ramener en Belgique, en sachant qu’il était impliqué dans les attaques.
Hamza Attou, 27 ans
Belgo-Marocain également, Hamza Attou avait accompagné Mohammed Amri pour aller chercher Salah Abdeslam à Paris. Il est en liberté, sous contrôle judiciaire.
Yassine Atar, 35 ans
Le Belgo-Marocain Yassine Atar est soupçonné d’avoir détenu une clé de la planque bruxelloise où s’est réfugié Salah Abdeslam après les attentats. C’est là que les ceintures explosives utilisées à Paris avaient été fabriquées.
Sofien Ayari, 28 ans
Le Tunisien Sofien Ayari a été le compagnon de cavale de Salah Abdeslam en Belgique. Son ADN a en outre été retrouvé dans différentes planques ayant servi à la préparation des attaques. Il est en outre soupçonné d’avoir voulu organiser un attentat aux Pays-Bas et a déjà été condamné en Belgique pour avoir ouvert le feu sur un policier: 20 ans de prison.
Osama Krayem, 29 ans
Comme Sofien Ayari, le Suédois Osama Krayem a été un compagnon de cavale de Salah Abdeslam à Bruxelles après les attentats.
Mohamed Bakkali, 34 ans
Le Belgo-Marocain Mohamed Bakkali est considéré comme un des logisticiens du commando, accusé d’avoir loué des voitures en vue des attentats. Il est également poursuivi car soupçonné d’avoir loué des planques à Bruxelles et a été condamné pour avoir servi de chauffeur au tireur de l’attaque déjouée dans un train Thalys en août 2015.
Abdellah Chouaa, 40 ans
Le Belgo-Marocain Abdellah Chouaa est soupçonné d’avoir apporté un soutien logistique à la cellule ayant préparé les attentats. Il n’est pas incarcéré et a été laissé libre sous contrôle judiciaire.
Ali El Haddad Asufi, 36 ans
Le Belgo-Marocain Ali El Haddad Asufi était en contact régulier avec les membres de la cellule djihadiste franco-belge. Il est accusé d’avoir participé à la fourniture d’armes.
Adel Haddadi et Muhammad Usman, 34 et 28 ans
L’Algérien Adel Haddadi et le Pakistanais Muhammad Usman ont été interpellés en décembre 2015 dans un foyer pour migrants en Autriche. Ils ont quitté la Syrie et rejoint l’Europe par la route des migrants avec deux kamikazes du Stade de France. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu commettre un attentat en France.
Farid Kharkhach, 39 ans
Belgo-Marocain, Farid Kharkhach est accusé d’avoir fourni des faux papiers à la cellule.
Ali Oulkadi, 39 ans
Le Français Ali Oulkadi est soupçonné d’avoir aidé Salah Abdeslam à se cacher à son arrivée à Bruxelles le 14 novembre, mais a toujours nié avoir été au courant du projet terroriste de la cellule. Il est en liberté sous contrôle judiciaire.
Et voici les six accusés jugés en leur absence.
Oussama Atar
Oussama Atar – nom de guerre «Abou Ahmed al-Iraki» – est considéré comme un haut responsable du service de renseignement de l’État islamique. Ce Belgo-Marocain serait le principal coordinateur des attentats de Paris. Il n’a jamais été interpellé mais serait mort en Syrie fin 2017 lors d’une frappe aérienne de la coalition internationale.
Ahmad Alkhald
Le Syrien Omar Darif, plus connu sous son nom d’emprunt, Ahmad Alkhald, est considéré comme un des principaux artificiers de l’État islamique. Il serait à l’origine des explosifs: son ADN a d’ailleurs été retrouvé sur des ceintures explosives utilisées à Paris. Qu’est-il devenu? Ce n’est pas clair. Selon certaines sources il serait mort dans une attaque aérienne en 2017. Pour d’autres il serait vivant et toujours en fuite et ce serait donc le seul membre majeur des attaques qui n’a pas été arrêté ou tué.
Fabien et Jean-Michel Clain
Grandes figures françaises du terrorisme djihadiste, les frères Fabien et Jean-Michel Clain sont considérés comme morts. Ces Toulousains auraient été tués dans une frappe aérienne début 2019. En ce qui concerne les attentats de Paris, c’est Fabien Clain qui les avait revendiqués au nom de Daech, avec en fond musical des chants religieux psalmodiés par son frère.
Ahmed Dahmani, 32 ans
Belgo-Marocain, Ahmed Dahmani est comme son ami Salah Abdeslam originaire de Molenbeek, à Bruxelles. On le soupçonne d’être l’un des logisticiens des attentats de Paris. Il est incarcéré en Turquie, où il a écopé de dix ans de prison.
Obeida Aref Dibo
Le Syrien Obeida Aref Dibo, alias «Abou Walid Al-Souri», était un des responsables des opérations extérieures de l’État islamique. Il serait mort dans un bombardement début 2016. Spécialiste de l’entraînement des kamikazes, il serait à l’origine du départ vers l’Europe d’une partie des assaillants des attaques parisiennes.
Le procès-fleuve des attentats de Paris devrait durer 8 mois environ. Les accusés présents seront interrogés d’abord sur leur personnalité et leur parcours, sans évoquer les faits, fin octobre ou début novembre normalement. Puis sur leur implication concrète dans un second temps, probablement dès janvier.