Coup de cœurAvec le Lausannois Antonin Niclass, l’animation est un poème
Le réalisateur de 30 ans est le récent lauréat d’un BAFTA avec son court-métrage «Do Not Feed The Pigeons». Avant de concourir à Annecy, il nous présente son travail.

Un Suisse romand vainqueur de la plus haute distinction du cinéma britannique, la classe! Il y a un mois, le Lausannois Antonin Niclass, 30 ans, a remporté le BAFTA du meilleur court-métrage d’animation. «Do Not Feed The Pigeons» – son film de fin d’études à la National Film & Television School en Angleterre – est une pure merveille d’inventivité et de poésie. Il se déroule dans une gare routière, la nuit, où l’on suit plusieurs voyageurs avant que ceux-ci ne soient captivés par des pigeons.
Son truc à lui, c’est le stop motion. L’animation image par image à la Wes Anderson («L'île aux chiens») davantage qu’à la Nick Park («Wallace et Gromit»). «Ce que j’aime bien, c’est qu’on peut décider du moindre détail qu’on fabrique», explique-t-il à propos de la technique. Lui-même a développé son propre style en mélangeant son goût pour le stop motion et le dessin. Le travail est minutieux et, outre aux prestigieux British Academy Film and Television Awards, va concourir, en juin, au Festival international du film d’animation d’Annecy. Antonin Niclass y présentera également une version pour casque de réalité virtuelle.
«Vital» de financer le cinéma suisse
S’il rêve de réaliser un jour un long-métrage, c’est un court, «plus solaire», qu’il a en tête. «En Suisse, on a besoin de faire ses preuves avec plusieurs courts-métrages avant de passer à un long», pense-t-il. En attendant, celui qui a découvert le métier en travaillant sur des fictions romandes comme assistant caméra avant de partir étudier en Belgique, affirme qu’il est «vital» de financer le cinéma suisse «pour qu’on soit fiers des productions de notre pays». «Il y a plein de talents locaux à faire fleurir», assure-t-il.
«Avec ces 4%, on ne demande pas grand-chose aux géants du streaming par rapport aux pays voisins», dit-il à propos de la «Lex Netflix», sur laquelle le peuple votera le 15 mai prochain. «Je ne comprends pas bien les jeunes des partis de droite qui sont en général présents pour défendre l’exception suisse, sauf quand il s’agit de culture. N’ont-ils pas envie de voir des séries grand public qui se passent chez eux? s'interroge Antonin Niclass. Netflix, par exemple, a dû produire des séries européennes qui ont fait le tour du monde, comme «Lupin» ou «La Casa de Papel». Pourquoi pas chez nous?»