PolémiqueFaire payer les non vaccinés? La tension monte à Genève
«Personne n’a à me donner de leçon sur le droit des patients», tonne Mauro Poggia, qui réplique à Antonio Hodgers sur la question de la liberté vaccinale.


Répondant à son collègue de la Santé, Mauro Poggia, Antonio Hodgers a tenu à rappeler
Il y a un mois, le conseiller national Kurt Fluri (PLR/SO) avait lancé l’idée que, dans certains cas, les assurances maladie ne devraient plus prendre en charge les coûts d’une personne atteinte du Covid-19, si celle-ci aurait pu se faire vacciner. Une telle personne ferait preuve «de négligence». Sa proposition n’a pas eu de suite et a même fait l’objet de critiques dans son propre parti. Vendredi, c’est le ministre genevois en charge de la Santé, Mauro Poggia, qui est revenu à la charge avec une proposition similaire, désespéré de voir que 90% des patients Covid-19 qui finissent à l’hôpital ne sont pas vaccinés.
Son collègue Antonio Hodgers, chef du Département du territoire, est sorti de sa réserve collégiale dimanche soir pour faire part de son désaccord sur Facebook: «L’accès aux soins est un droit fondamental, a-t-il rappelé, et il ne saurait être restreint pour des motifs de responsabilité individuelle. (…) Il en résulterait une atteinte fondamentale au droit du patient dans laquelle s’engouffreraient les assurances maladies en faisant des procès à leurs clients pour ne pas payer la prise en charge de leur frais. »
Une «position constante»
Le ministre écologique se plaît également à rappeler la ligne suivie par le Conseil d’État genevois, «qui a plusieurs fois fait appel à une vaccination générale pour mettre un terme à la crise sanitaire, tout en réaffirmant son attachement à la liberté individuelle vaccinale. Telle est sa position constante. Pour être garantie dans les faits, celle-ci implique que les restrictions aux personnes non vaccinées soient minimales et proportionnées». À la suite de cette publication, une majorité de commentaires l’ont remercié pour sa réponse «éclairée et pleine de bon sens», pour n’en citer qu’un.
«Un acte qui prend deux fois vingt minutes»
Ce mardi, dans «Le Temps», Mauro Poggia lui rétorque sèchement dans un article consacré à la polémique qu’il a lancée: «Personne n’a à me donner de leçons sur les droits des patients, mon parcours est là pour le rappeler. Mais on ne peut pas comparer la responsabilité devant la vaccination, un acte qui prend deux fois vingt minutes, avec celle d’un fumeur ou d’un alcoolique, qui souffrent d’addictions et à qui on infligerait des malus. Je dis simplement qu’on peut trouver une voie médiane entre ne rien faire et la ligne rouge».
Avec sa proposition, le ministre de la Santé genevois dit surtout vouloir lancer un débat national sur une pénalité financière qui toucherait les non vaccinés, que «tous les bien-pensants ne veulent pas voir posée sur la table».