FranceMacron aux agriculteurs: «Cette guerre aura des conséquences»
Le président français a fait un passage éclair samedi au Salon de l’agriculture à Paris. Il s’est exprimé avec gravité, plaçant son intervention sous le signe de la «souveraineté alimentaire».

La visite d’Emmanuel Macron a été beaucoup plus courte que d’habitude.
AFPAccaparé par l’invasion russe en Ukraine, Emmanuel Macron est tout de même venu à la rencontre des paysans inaugurer samedi le Salon de l’agriculture, pour une visite beaucoup plus courte que d’habitude. «Cette guerre durera» et «il faut nous y préparer», a prévenu avec gravité le président français, les traits tirés, à la fin d’une prise de parole d’une demi-heure. «Ce que nous sommes en train de vivre ne sera pas sans conséquences sur le monde agricole et les filières qui sont les vôtres», a averti le chef de l’État. Le monde agricole craint en effet des mesures de rétorsion sur les exportations, notamment en raison des sanctions prises à l’égard de la Russie.
«Ce ne sera pas sans conséquences sur l’augmentation les coûts de l’énergie, ce ne sera pas sans conséquences sur l’alimentation du bétail, son coût, peut-être même la capacité à fournir», a averti le président. «La mission de nourrir le peuple français, nous sommes en train de la réinventer… Ensemble, nous sommes en train de la bâtir», avait déclaré auparavant le président français, plaçant toute son intervention sous le signe de la «souveraineté alimentaire».
Flambée de coûts
«C’est un salon particulier parce qu’il y a les élections présidentielles et parce qu’on est en crise de vocation: on perd en gros 100’000 agriculteurs tous les dix ans et il est bien qu’il y ait un débat sur la vision du métier», avait souligné par ailleurs le président du salon, Jean-Luc Poulain. Cette inquiétude fondamentale est rejointe par la menace plus immédiate du conflit en Ukraine. Les professionnels de l’alimentation redoutent des mesures de rétorsion russes en réaction aux sanctions occidentales, qui viendraient perturber les échanges.
La France est le neuvième fournisseur de la Russie en produits agroalimentaires, pour 780 millions d’euros par an, souligne l’association française de l’agro-industrie Ania. Par ailleurs, plusieurs grands groupes sont implantés en Ukraine, en particulier dans le secteur laitier, des céréales et des semences. Lactalis, qui aura un stand au salon, compte trois sites de production dans l’ex-république socialiste.
La flambée des cours de l’énergie (y compris le gaz qui sert à fabriquer les engrais), des céréales et huiles végétales aura aussi des répercussions au niveau national. Les filières d’élevage sont très dépendantes des céréales pour nourrir les animaux, en particulier les volailles et les porcs. Leurs coûts de production avaient déjà bondi en 2021 (+30% pour le blé), sans que les prix de vente évoluent au même rythme.