Ski alpin«Professeur Feuz» va manquer à ses élèves
Le Bernois, qui va s’élancer pour la dernière fois sur le Lauberhorn ce week-end, était un mentor pour ses plus jeunes coéquipiers en vitesse. Odermatt, Murisier et Monney lui rendent hommage à Wengen.


Beat Feuz (à g.) a joué le rôle de mentor pour son jeune coéquipier Marco Odermatt en vitesse.
IMAGO/Eibner EuropaA force de tourner autour (six deuxièmes places), on prédit à Marco Odermatt une première victoire en descente. Au Lauberhorn ce samedi ou ailleurs, cela finira bien par tomber. A 25 ans, le Nidwaldien est-il prêt à devenir le leader de l’équipe de descente lors du retrait définitif de Beat Feuz, le 21 janvier, à Kitzbühel? «Non, la retraite de Feuz ne me met pas davantage de pression, il y a Niels (Hintermann) ou Stefan (Rogentin) qui skient vite et qui appartiennent au groupe de purs descendeurs, coupe le Suisse. Mais c’est vrai que l’ambiance dans l’équipe est spéciale ces jours, avec la dernière de Beat et la récente annonce de la retraite de Mauro (Caviezel).»
«Beat était un grand ami, qui m’a aidé dans chaque situation, sur la piste mais aussi en dehors. J’ai tellement appris avec lui.»
Ces dernières saisons, «Odi» avait pris l’habitude de partager la reconnaissance, si capitale en vitesse, avec l’expérimenté Beat Feuz qui l’aiguillait. «Non, je ne serai pas tout seul, sourit-il. J’espère que Justin va faire un pas supplémentaire en descente et plus régulièrement être aligné, parce qu’on a l’habitude de faire les «recos» du géant ensemble.»
La retraite de son mentor, quadruple vainqueur du globe de cristal de descente, va quand même laisser un vide. «Beat m’a appris beaucoup de choses, c’est difficile de mentionner un seul enseignement, raconte le Nidwaldien. C’était un grand ami, qui m’a aidé dans chaque situation, sur la piste mais aussi en dehors. J’ai tellement appris avec lui.»
Des années gagnées grâce à Feuz
L’expertise de «Kugelblitz» lors de la découverte des tracés a permis au géantiste Justin Murisier de progresser à grande vitesse, réalisant son premier top 10 dans la discipline reine (7e) en fin d’année passée à Bormio. «Son aide à la reconnaissance et sur les passages clés a été immense, confirme le Bagnard. Cela nous a fait gagner du temps puisqu’il nous a informés de ces passages et de la manière de skier. Sans cela, cinq années auraient été nécessaires à la bonne compréhension d’une descente.»
«Il va falloir faire sans lui, sans ses conseils. Beat est irremplaçable!»
Le Valaisan a pu aussi s’inspirer de la zénitude du professeur Feuz. «Alors que j’ai tendance à faire tous les entraînements à fond du haut en bas, il m’a conseillé de me calmer, de mettre l’accent sur certaines sections et que cela allait m’aider à gagner de l’énergie sur l’ensemble de la saison, souligne l’apprenti en vitesse. On skie sur la même marque de skis, là aussi il m’a beaucoup apporté en me conseillant d’être moins agressif, de me montrer plus calme.»
«J’ai peur de l’embêter avec mes questions, mais j’ai énormément appris de Beat en observant de nombreuses vidéos de ses descentes.»
Certains le voient comme le successeur tout trouvé de Beat Feuz, triple vainqueur à Wengen, mais le Fribourgeois Alexis Monney (23 ans), qui va découvrir le Lauberhorn, se gêne encore parfois d’interpeller le roi des lieux. «J’ai peur de l’embêter avec mes questions, mais j’ai énormément appris de Beat en observant de nombreuses vidéos de ses descentes. J’ai analysé sa tactique de course, ses lignes et son toucher de neige. D’ailleurs, je lui piquerais bien son toucher de neige, mais ça, c’est impossible!»
Des propos que corrobore son aîné Justin Murisier, qui regrettera le Bernois, malgré les places libérées en descente par les départs de Caviezel et Feuz. «Plutôt qu’une place qui se libère, je le vois comme une perte. Il va falloir faire sans lui, sans ses conseils. Beat est irremplaçable!»