Exposition - A Berne, quatre chasseurs entrent en ville

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ExpositionÀ Berne, quatre chasseurs entrent en ville

Grâce au Musée alpin suisse, des nemrods descendent de la montagne pour faire réfléchir les citadins.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Une exposition sur la chasse, pourquoi? «L’intérêt pour l’enseignement de la chasse augmente malgré le fait que de plus en plus de personnes remettent en question leur consommation de viande», explique le Musée alpin suisse à Berne, par la voix de sa porte-parole Beatrice Häusler.

L’exposition inaugurée ce mercredi s’intitule «À l’affût». Elle est conçue pour emmener les visiteurs «au plus près de la tête, du cœur et des mains de quatre chasseurs», comme une invitation à la discussion. Prompts à dégainer contre les chasseurs, les activistes neuchâtelois Alain Prêtre et Tomi Tomek n’ont pas souhaité s’exprimer à brûle-pourpoint.

Intérêt des femmes


«La chasse fait partie des plus anciens métiers de l’humanité, mais elle n‘est plus depuis longtemps nécessaire à sa survie», constate le Musée alpin suisse, en relevant l’augmentation des inscriptions aux cours de formation de l’association Chasse Suisse. «Beaucoup de personnes s’y intéressent sans avoir de relation directe avec la chasse: on y compte beaucoup de citadins et clairement davantage de femmes», indique son directeur David Clavadetscher.

Le nombre de chasseresses a plus que doublé dans le canton de Zurich, majoritairement urbain, entre 2014 et 2019. «La chasse est considérée comme une expérience ultime en milieu naturel, dans une relation authentique très éloignée de la production animale», indiquent le directeur du Musée alpin suisse Beat Hächler et la commissaire d’exposition Barbara Keller, tout en reconnaissant que «pour d’autres, la chasse n’est qu’un sport cruel».

Sur le métier

«À l’affût. Sur le métier de la chasse» relate les parties de chasse d’Eduard Epp, Kurt Huggler, Pirmina Caminada et Arnold Bärchtold, dans les cantons des Grisons, de Berne, du Valais et d’Uri. Quelles sont leurs motivations? Quel est leur rapport à l’animal chassé? Quelles sont les connaissances nécessaires au dépeçage du gibier et à la préparation de la viande? L’exposition se concentre sur le métier.

Le chasseur Arnold Bärchtold explique son éthique: «J’ai une carabine à un coup. Cela signifie qu’une seule tentative m’est accordée. Le temps de recharger, et ce sera trop tard. En tant que chasseur, on ne tire qu’avec la certitude de toucher et de ne pas imposer de longues souffrances à l’animal. Sinon, mieux vaut ne pas tirer.»

Les photographies d’Anne Golaz et Alex Ochsner incitent à la réflexion et à la discussion. Dans la série «Philosopher avec…», le musée proposera des échanges sur les questions «À qui appartient la nature?» et «Les animaux ont-ils des droits?». Alain Prêtre et Tomi Tomek feront-ils le déplacement?

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