FootballServette redécouvre l’extase dans la jouerie
Pluie d’occasions, arrosage des buts adverses: les Genevois ont noyé GC en retrouvant le goût du spectacle. Le changement de cap est total, les trous à la finition restent. Mais Enzo Crivelli arrive.


Un match référence, ça veut tout dire et ne pas dire grand-chose en même temps. Celui de Servette samedi soir contre Grasshopper (3-1) était un de ceux-là, assurément. Ce match référence en question témoigne de ses progrès, de son goût retrouvé d’aller vers l’avant, de la soirée féerique qu’il a fait passer à son public.
Nettement moins de sa maîtrise du score et des événements. Disons surtout que les Grenat ont mieux jonglé que d’habitude avec leurs lacunes. L’explication à cela tient sans doute en deux mots: le jeu.
Les trois enseignements de la soirée
Servette a joué, il a gagné, ses suiveurs ont passé un moment génial, comme dans un beau cercle vertueux. C’est la leçon numéro 1. Le Servette frileux, souvent ennuyeux des cinq premiers matches est mort au coup de sifflet initial samedi. À en juger par les sorties de son entraîneur et de son président durant la semaine, on pouvait craindre que sa nouvelle réalité avait pour base un bloc bas et pour horizon la minimisation des risques. La victoire contre GC fait passer ces déclarations pour des leurres. Les Genevois se sont créé autant d’occasions nettes en nonante minutes que depuis le début de la saison.
Alain Geiger a bien essayé de temporiser en après-match, la nouvelle ne fait plus vraiment mystère: Enzo Crivelli va s’engager avec le SFC. On pourrait trouver cela symbolique que le deal avec le buteur français ait été confirmé au moment où les Servettiens mettaient beaucoup de cœur à générer des actions d’école qu’ils trouvaient toujours un moyen de conclure négativement. Sachant que c’est le quotidien grenat depuis des mois (des années), l’annonce perd un peu de sa symbolique. L’attaquant est méchamment attendu. Mais à force d’expériences douloureuses, Genève a peur d’être déçu.
Oui, la manière compte. Notamment pour une question de perception du classement. Le Servette qui s’accrochait au haut de Super League jusqu’ici était comme un Européen illégitime, comme une équipe en surrégime qu’on imaginait finir par rentrer dans le rang. Le Servette qui s’est réveillé à la 2e place provisoire dimanche matin peut se permettre de bomber le torse au milieu de ses meilleurs rivaux. Parce que l’ambition dans le jeu se projette forcément en partie au classement. Reste à nuancer: GC était-il la victime idéale ou les Grenat ont-ils vraiment changé de dimension?
L’homme du match: Miroslav Stevanovic

Quand Servette se cloisonne dans son camp, on en oublie ses qualités exceptionnelles. Lorsque son équipe décide d’être proactive, elles luisent de mille feux. Miroslav Stevanovic a disputé l’un de ses meilleurs matches en grenat, et rien que cette information suffit à prendre conscience du spectacle offert à la Praille. Et puisque ses passes plus que décisives finissaient toujours par être gâchées, «Micha» a pris lui-même le soin d’offrir le 2-1 à ses couleurs.
Une performance de tout haut vol, qu’il convient de mettre en relation avec celle de Patrick Pflücke, son pendant sur l’aile gauche. L’Allemand a connu moins de réussite, gâché pas mal d’occasions, mais son activité et ses offrandes (il a fait de chaque corner une arme) auraient mérité une récompense sur la ligne de statistiques.
Le moins bon: Yoan Severin

Yoan Severin n’est ni défenseur central, ni attaquant. Il est un latéral gauche qui dépanne dans l’axe quand il faut. Bon. Reste que depuis la première position, il a offert un autogoal gag qui aurait pu coûter cher. Et dans la deuxième, il a raté deux buts tout faits à deux mètres de la ligne. La charge du mauvais côté de la balance est lourde.
La décla’
«On a montré qu’on pouvait avoir du succès en jouant. Le match de Coupe à Nyon nous a fait prendre conscience de certaines choses à ce niveau.»

La statistique
Mené jusqu’à la 44e minute par Grasshopper, Servette n’avait alors pas concédé le moindre tir cadré. Les Grenat termineront la partie avec 27 tirs tentés. Tout un contraste.
L’avenir en une question
Entre la prolongation de jeune Alexandre Dias Patricio et l’arrivée d’Enzo Crivelli, Servette possède-t-il les armes offensives pour s’établir parmi les quatre premiers de Super League?