Euro en AngleterreDénoncer la haine sur les réseaux plutôt que l’ignorer
L’UEFA a compté 290 posts abusifs pendant les phases de groupe de l’Euro 2022. L’entité entend combattre ces messages indésirables pour protéger ses athlètes.


L’équipe d’Angleterre été particulièrement ciblée par les messages abusifs sur les réseaux sociaux.
AFPSi vous voulez perdre foi en l’humanité, il n’y a qu’à faire un tour sur Twitter, Instagram ou TikTok après la défaite d’une équipe lors d’une grande compétition. Les messages abusifs s’y multiplient, et ciblent notamment les athlètes et leur entourage. Au point qu’une stratégie de lutte a été mise en place par l’UEFA, pour tenter de protéger ses joueurs.
Le premier pas a donc été de prouver l’existence de ces messages. L’association européenne de football a recensé 290 cas d’abus en ligne sur les réseaux sociaux pendant les phrases de groupe de l’Euro 2022. Sur ces 290 messages, 55% ont été retirés par les plateformes. L’entité a aussi appris que presque 4 posts sur 10 visaient la compétition, et presque 2 sur 10 s’adressaient directement aux joueuses. Et pour elles, ce sont soit des insultes gratuites, soit – dans 20% des cas – du sexisme. Du racisme et de l’homophobie ont aussi été rapportés.
Sensibiliser et combattre
«Dans la vraie vie, ces gens ne diraient jamais ça. Ils viendraient sûrement demander un t-shirt ou une signature»
Ce n’est pas nouveau, et l’équipe nationale d’Angleterre avait déjà tenté d’apporter des réponses à cette problématique. En substance, le message était: «Eloignez-vous des abus». Autrement dit, les joueuses sont appelées à éviter d’être confrontées à cela, en évitant les réseaux sociaux par exemple.

La Bernoise Alisha Lehmann a participé à la campagne «Outraged».
IMAGO/Sports Press PhotoSauf que pour certaines, les réseaux sont une forme d’expression. Alisha Lehmann, star de l’équipe de Suisse avec quelque 7,8 millions de followers sur Twitter, a pris part à la campagne «Outraged» (indigné) de l’UEFA. Elle y explique vouloir encourager les filles à se dépasser.
La Bernoise connaît les abus, elle qui avait reçu beaucoup de remarques quand elle sortait avec une femme. «On ne te voit plus de la même manière», «maintenant tu es différente», autant de phrases qui ont attristé la footballeuse. «Dans la vraie vie, ces gens ne diraient jamais ça. Ils viendraient sûrement demander un t-shirt ou une signature.»
Les exemples ne manquent pas dans la série de vidéo de l’UEFA. Karen Carney, ancienne internationale anglaise, a subi une fracture de stress. Elle parle de cette époque durant laquelle elle courait le soir pour s’échapper du stress et des remarques. «On ne peut pas dire à un joueur ou une personne qu’il faut ignorer, vous ne pouvez pas ignorer, poursuit-elle. C’est comme une vague à laquelle vous ne pouvez pas échapper.»