Série (2/3)La défaite et ses effets: penser à la finalité pour tenir le coup
Briller ou disparaître. Les compétitions le montrent: l’histoire ne retient que les vainqueurs. Le deuxième volet de cette série sur les défaites décrypte la foi en le processus.


Joel Embiid était déjà l’un des grands espoirs du basketball au moment de son transfert. Sa blessure au pied l’a tenu éloigné des terrains pendant environ 2 ans.
AFP«Trust the process»: le mantra associé à Sam Hinkie restera à jamais gravé dans les annales. L’entraîneur des Philadelphia Sixers a fait subir l’enfer à ses supporters pendant trois longues années. Son plan était simple: se débarrasser des meilleurs joueurs, perdre, atteindre le fond et amasser assez de pépites grâce à la draft pour se battre au sommet de la hiérarchie.
«Faites confiance au processus», répétaient Sam Hinkie et ses fidèles. Il faut dire que l’entraîneur a décroché un record pendant son règne. Celui de la plus longue série de défaites en NBA, avec 28 matches d’affilée. Aïe.
Sans trop de surprises, 10 victoires en 82 matches, ça n’a pas ravi les investisseurs. Sam Hinkie a été remercié après trois années sur le banc des 76ers, à peine avant que son plan ne commence à fonctionner. Il s’est fendu d’une lettre de démission de 13 pages, qui évoque tout un tas de choses (parmi elles: Elon Musk, le Prix Nobel ou la stratégie d’investissement). La plus importante est peut-être que «c’est maintenant clair que je ne vais pas récolter les graines que j’ai semées. C’est OK, la vie est comme ça.»
À ce moment-là, les 76ers redressent un peu la tête en saison régulière. Quelques victoires viennent récompenser la traversée du désert des fans de la franchise. Joel Embiid se développe en tant que joueur. Le Camerounais avait été recruté par Hinkie alors qu’il souffrait d’une fracture du pied. Sa période d’indisponibilité a duré deux ans, après quoi «The Process» a pu regagner les parquets du haut de ses 213 cm.
Les 19 défaites du HC Ajoie
Le cas des Sixers devrait redonner un peu de baume au cœur des supporters du HC Ajoie. L’équipe ajoulote a connu une série de 19 défaites d’affilée en championnat. Elle découvre de manière relativement violente la National League, l’élite du hockey sur glace suisse. «On savait que ce serait compliqué», concède Patrick Respinguet, président des Partisans, l’un des clubs de soutien des Jaune et Noir. «Tout le monde est reconnaissant. Il a fallu monter une équipe très rapidement.»
Le Jurassien est formel: il n’a jamais entendu un seul sifflet de la part de son propre camp cette saison. Le public de Porrentruy garde en tête le chemin parcouru. «C’est logique que nous soyons derniers. Si nous avions le budget d’une grande équipe, nous serions peut-être davantage mécontents», ajoute le supporter.
Les Ajoulots espèrent surtout que l’équipe parviendra à se solidifier en vue de la saison prochaine. Les déplacements à la patinoire tirent parfois en longueur, surtout quand l’équipe prend l’eau. Pour lutter, la perspective de passer un bon moment autour de la patinoire suffit.
«Quand nous sommes allés à Ambri, nous avions la raclette à la meule pendant le trajet», sourit encore Patrick Respinguet. Une damassine et une défaite plus tard, les amis se disent au revoir avant le prochain match. «On n’est pas contre une victoire quand même!» précise avec bonne humeur le supporter ajoulot.