Jura bernois«Les oiseaux choisiraient le photovoltaïque»
Directeur romand de «BirdLife», François Turrian commente la mort d’un aigle royal tué par une éolienne.


La tête est sous l’aile, le promeneur qui l’a découvert n’a pas voulu toucher l’oiseau.
BirdLife SuisseAprès la découverte d’un aigle royal mort au pied d’une éolienne de la centrale du Mont-Soleil, le 6 novembre dernier, lematin.ch s’est entretenu avec François Turrian, directeur romand de «BirdLife Suisse».
La mort de l’aigle sert-elle votre cause?
Oui et non. Cet accident confirme que les éoliennes ne sont pas compatibles avec la préservation de l’avifaune. L’impact direct est démontré par la mort de cet aigle royal, mais les éoliennes modifient aussi les habitats sur les crêtes jurassiennes, dans un paysage à la biodiversité très particulière. La mort de l’aigle est triste et on se devait d’informer sur un événement connu des autorités cantonales.
Quels sont les oiseaux les plus vulnérables?
L’aigle royal venait d’arriver dans la région. Ce rapace est l’emblème du Chasseral! Par leur manière d’utiliser les courants thermiques, les grands rapaces sont les premiers piégés dans les courants ascendants. Le 6 novembre dernier, il faisait beau à Mont-Soleil. L’aigle n’a pas vu les pales qui peuvent tourner à 200 km/h. Il en va de même pour tous les oiseaux planeurs, comme les cigognes.

François Turrian est partisan de l’énergie photovoltaïque.
«BirdLife Suisse», La SaugeToutes les éoliennes sont-elles dangereuses?
Les anciens modèles sont remplacés par des machines plus grandes, avec une hauteur totale atteignant 200 mètres. Ce format présente des inconvénients et des avantages. En balayant une surface plus importante (ndlr. 6362 m² avec 90 mètres de diamètre de rotor), le risque de collisions augmente, mais des animaux comme les chauves-souris peuvent passer en dessous.
Quelle énergie choisiraient les oiseaux?
Clairement le photovoltaïque, dont l’impact sur la biodiversité est nul! On peut mettre des panneaux solaires sur tous les toits, aussi bien sur des habitations que sur des entreprises.

Les 16 turbines de la centrale éolienne de Mont-Soleil sont un piège à rapaces.
lematin.ch/Vincent DonzéVous oubliez l’énergie hydraulique!
Non! Son impact est grand sur le milieu aquatique!
Êtes-vous consultés lorsque des projets sont élaborés?
Quasiment jamais. Nous sommes intégrés dans des groupes de travail lorsque le nombre et le design des éoliennes sont déjà fixés. La marge de modifications est alors très faible. L’impact cumulé à l’échelle d’un massif n’est pas pris en compte et à l’image de la centrale de Mont-Soleil, le «repowering» consiste à remplacer périodiquement d’anciennes machines par de plus grandes.