Football fémininFanny Keizer: de remplaçante à Servette à titulaire en Serie A
La gardienne de 21 ans a quitté Servette Chênois l’été dernier pour tenter sa chance en Italie. La Genevoise raconte sa nouvelle aventure.


Fanny Keizer a disputé 12 matches officiels sous ses nouvelles couleurs.
Riccardo DonatoniBarrée par Inês Pereira dans les cages de Servette Chênois, Fanny Keizer a décidé de quitter la Cité de Calvin pour tenter sa chance en Italie. Transférée à l’Hellas Vérone début septembre, la Genevoise découvre la Serie A, un championnat où «le niveau est plus élevé, tout va plus vite et où l’on n’a pas le droit à l’erreur». Espérant rester en Italie, un pays qui lui plaît beaucoup, la gardienne, également passionnée par le dessin et l’art en général, a disputé 10 matches de championnat et 2 de Coupe sous ses nouvelles couleurs, affrontant la Juventus pour son baptême de feu. «C’était un peu comme un rêve», témoigne la jeune femme de 21 ans. Interview.
– Fanny Keizer, il y a 5 mois, vous avez fait le grand saut en quittant Genève pour tenter votre chance à l’étranger. Comment se passe cette aventure?
– Pour le moment mon séjour se passe bien, je suis contente de mon choix et ne regrette pas d’être partie cet été. Bien sûr, il y a des hauts et des bas, mais c’est aussi une très belle leçon de vie. Je suis dans un groupe où je me sens bien, avec un bon staff et de bons entraîneurs. A mon poste, c’est important de bien s’entendre avec celui des gardiennes. C’est la personne avec qui je suis le plus en relation, encore plus qu’avec le coach principal.
– Partir de chez soi n’a pas dû être un choix facile. Qu’est-ce qui vous a poussé à tenter cette expérience?
– La nécessité d’avoir du temps de jeu pour pouvoir progresser. A Servette, cela faisait un moment que j’étais cantonnée à un rôle de numéro 2 ou 3 et le projet que le club avait pour moi cette saison ne me convenait pas. C’est une opportunité incroyable que j’ai eue et la refuser aurait été une erreur que j’aurais certainement regretté plus tard.
– Vous avez dit qu’il y avait des hauts et des bas. Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans cette nouvelle vie?
– À Genève, j’avais toute ma famille et tous mes amis. Ici, je suis venue dans l’inconnu le plus total: nouvelle langue, nouvelle ville, nouvelles coéquipières, nouvelle manière de s’entrainer et de jouer. Quand quelque chose ne va pas comme on veut, on ne peut pas directement se tourner vers les personnes que l’on souhaiterait.
– Pourquoi avoir choisi le Hellas Verona? Comment cela s’est fait?
– J’ai reçu une offre concrète de ce club et je n’ai pas hésité. Je n’avais pas envie d’attendre, il me fallait du changement. Tout s’est fait très rapidement. En moins d’une semaine, c’était réglé : lundi discussion avec Servette, mardi décision, jeudi signature du contrat en Italie.
– Sandy Maendly et Gaëlle Thalmann, qui jouaient avec vous à Servette Chênois, ont également évolué à Vérone. Est-ce que vous en avez discuté avec elles?
– Oui, bien sûr, j’ai parlé avec les deux. Elles m’ont été d’une grande aide pour me conforter dans mon choix. Le fait d’avoir l’avis d’une joueuse et d’une gardienne aussi expérimentées a été très important pour moi. Cela m’a permis de faire le saut en Serie A sans hésiter. En Italie, je peux vivre du football.
– Le Hellas Vérone est lanterne rouge du championnat. Comment est-ce que vous vivez cette période?
– C’est difficile, en particulier en tant que gardienne. Mon rôle est de garder les buts inviolés et si, malgré en grand match de ma part, on perd, cela laisse un goût amer et d’inachevé. Mais, malgré les difficultés, l’ambiance dans l’équipe est très bonne. On reste soudées. Le groupe a vraiment envie de se maintenir en Serie A.
– Lorsqu’on joue régulièrement à l’étranger, on doit penser un peu à l’équipe nationale, non? Est-ce que vous avez déjà eu des discussions avec Nils Nielsen?
– Bien sûr on a envie de représenter son pays je pense que c’est le rêve de tout le monde. Mais pour ma part, je n’ai jamais eu de contact avec le sélectionneur. Pour l’instant, mon objectif est d’emmagasiner du temps de jeu et de l’expérience, de faire de bons matches et de continuer à progresser.
– Gardienne est un poste à part. Comment est-ce que vous êtes arrivée dans les buts?
– Quand j’étais en junior à Plan-les-Ouates, on avait généralement pendant l’entraînement plusieurs petits ateliers et dès qu’il y en avait un pour les frappes, je voulais toujours aller au goal. Je crois que c’est de là qu’est venue ma vocation.
– Le football féminin est en pleine expansion. Qu’est-ce qui doit encore être amélioré?
– Principalement la considération envers les joueuses, même si, en termes de salaire, ce n’est pas possible. Car au final, on fait le même métier que les hommes mais souvent avec très peu de reconnaissance. Il serait également bien de pouvoir bénéficier des même infrastructures. Cela serait un grand atout.
– Vous êtes également passionnée d’art. Comment est-ce que vous arrivez à concilier football et dessin?
– Il y a deux ans, j’ai fini mon collège et obtenu ma maturité avec Art comme option spécifique. En 2020-2021, j’ai commencé une école de design à Genève (IPAC), choisissant un Bachelor en communication et design, où j’ai pu bénéficier d’horaires aménagés. Cela m’a permis de concilier football et études supérieures. Cette année, j’effectue une pause scolaire pour me concentrer à 100% sur le foot, mais j’ai quand même du temps pour dessiner et développer des projets personnels. L’art est vraiment ma deuxième passion. Les deux sont complémentaires et me permettent de me ressourcer et de trouver un équilibre. Pour l’année prochaine, je déciderai en fonction des circonstances et des possibilités.