Ski alpinTanguy Nef a tout changé: son matériel et son coach
Le skieur genevois a effacé sa dernière saison de galère et espère désormais mettre la gomme avec de nouveaux skis et un entraîneur de Coupe d’Europe.


Tanguy Nef est prêt pour une nouvelle saison.
DRHuit slaloms en Coupe du monde, sept sorties de piste et une dix-neuvième place comme seul résultat! Après une saison de galère, avec, en plus, une non-qualification aux Mondiaux de Méribel-Courchevel, Tanguy Nef a éprouvé le besoin de se remettre en question. Et de tourner la page. Changement de cadre, de matériel, d’horizon: le Genevois compte reculer pour mieux sauter entre les portes.
Tanguy Nef, comment fait-on pour tourner la page d’une saison complètement ratée?
Il y avait des choses à oublier, d’autres à améliorer. J’essaie toujours de progresser. Il est important de voir ce qui n’a pas bien fonctionné pour repartir dans de meilleures dispositions la saison suivante. Le ski était relativement là, mais il manquait la confiance. Ce qui a compliqué passablement les choses. À moi de retrouver des bases techniques solides pour arriver en pleine possession de mes moyens dès les premières courses.
«Le ski était relativement là mais il manquait la confiance. Ce qui a compliqué passablement les choses.»
Qu’avez-vous changé pour remonter la pente?
Mon père, qui a son franc-parler, m’a dit que je devais changer quelque chose, voire tout changer! Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Dans cette optique-là, j’ai eu la chance d’avoir été approché par Atomic. Après avoir effectué des tests concluants en fin de saison dernière, j’ai donc décidé de prendre une autre marque de ski. Je restais également sur de bons résultats en Coupe d’Europe dont une victoire et une 2e place à Levi qui m’ont redonné du plaisir. Même si parfois je me suis monté le champignon, c’était quand même cool de rebondir un petit peu de cette manière. Et, surtout, de montrer de quoi j’étais capable en Coupe d’Europe. Cela m’a permis de découvrir une autre équipe, un autre coach et un nouvel environnement. C’était assez stimulant. Je me suis bien entendu avec le coach Wolfi (Wolfgang Auderer). En plus du changement de marque, ce sera une bonne source de préparation pour moi.
Vous aviez besoin de ce nouveau départ?
Avec Wolfi, après une bonne discussion, on a mis le doigt sur ce qu’il fallait travailler et améliorer. On a une bonne ligne de conduite. J’espère qu’il sera à mes côtés pour me guider de temps en temps cette saison. J’en ai besoin, dans la mesure où on essaie de construire quelque chose avec une page blanche dès le début. C’est une démarche importante à ce stade.
Avez-vous eu des discussions avec votre ancien entraîneur?
Je dirais juste qu’entre Matteo Joris et moi nous n’avions pas suffisamment d’affinité pour mieux collaborer. Cela reste toutefois un très bon coach qui m’a apporté énormément. Mais je suis content de passer à autre chose. Maintenant, si je n’avais pas de résultats, ce n’était pas de sa faute. Mais je dois avouer que Wolfi comprend un peu mieux mon caractère. Cela me permettra de discuter de manière plus transparente avec lui, d’être plus à l’aise. En Coupe du monde, avec Sandro Simonet, nous n’étions pas trop la priorité de Matteo, ce que je comprends. Si tu n’es pas le meilleur, tu passes après. À moi de saisir ma chance avec cette nouvelle structure.
«Il n’y a pas de JO ou de Mondiaux, mais j’ai tout de même des objectifs personnels techniques.»
Comme il n’y a ni Mondiaux, ni Jeux olympique cette saison, peut-on parler pour vous d’une transition idéale?
Une saison de transition, mais surtout une saison pour rebondir parce qu’il y avait quand même eu de bonnes choses même si elles n’ont pas été bien exécutées. Mon but est de retrouver de bonnes bases. Il n’y a pas de JO ou de Mondiaux, c’est vrai, mais j’ai tout de même des objectifs personnels techniques. Ils peuvent paraître abstraits pour le public, mais ce sont des petites étapes qui feront que lorsque j’arriverai à remonter dans la hiérarchie mondiale, je pourrai retrouver la confiance, indispensable en slalom.
Michelle Gisin a connu des problèmes d’adaptation la saison dernière avec son nouveau matériel, vous ne craignez pas d’avoir les mêmes soucis?
Je ne l’espère pas mais cela peut arriver, je ne suis pas vacciné contre ça! Je ne peux que me baser sur mes expériences jusqu’à maintenant, pendant les tests qui ont été très rapidement concluants. Dans ma nouvelle marque, il y a un système où les skis sont tous similaires. Par exemple, la chaussure est celle que Marcel Hirscher utilisait. Il y a pas mal d’héritages de l’Autrichien, c’est super intéressant. Mais aussi de sacrés pilotes comme Lucas Braathen et Manuel Feller en slalom. Je ne pourrai pas mettre la faut sur le matériel, car maintenant je sais qu’il me convient et qu’il marche.
C’est à vous de faire le nécessaire?
C’est important de cumuler les kilomètres l’été et de bien sentir le matériel, même si la neige de printemps sur les glaciers ne sera pas aussi agressive et glacée que cet hiver. C’est pour cela qu’au mois d’octobre on va modifier la préparation et mettre les bouchées doubles. Mais je me réjouis vraiment de ce nouveau challenge. Il y a vraiment un bon coup à jouer. Comme je le disais, que ce soit avec la nouvelle marque ou le nouvel entraîneur, c’est le bon moyen de retrouver cette confiance qui était là, mais dormante. Je suis hypermotivé avec ce nouveau groupe, avec les plus jeunes de la Coupe d’Europe. J’espère que je vais garder la tête froide et une ligne de conduite pendant l’hiver, car ça reste du ski. À moi de rester le plus simple possible et d’exécuter ce bon plan sans chercher midi à quatorze heures ou des excuses.

Tanguy Nef a hâte de retrouver les pistes.
AFPAllez-vous commencer la saison en Coupe d’Europe?
Je ne suis pas encore arrivé au programme de l’hiver, mais j’ai entendu que ces épreuves avaient lieu en même temps que celles de Coupe du monde, donc ça tombe assez mal. Si tout se passe bien normalement, je ne serai pas trop en Coupe d’Europe de slalom ou alors en tout début de la saison, juste avant Madonna di Campiglio. En m’élançant avec un bon numéro de dossard, ce serait idéal de gagner encore un peu plus de confiance. S’il y a encore des stratégies à adopter et un travail de fond technique, je dois regarder vers l’avant. Il y a 13 slaloms au lieu de 10 et un voyage de deux semaines aux États-Unis que j’attends avec impatience. Je me réjouis beaucoup de cette saison et de faire plus de courses, dont certains géants, surtout si slalom va bien. Avec mon nouveau matériel, cela va me permettre de bien m’amuser. Que la neige soit dure ou molle, le ski lui-même me correspond un peu plus caractériellement. Il donne beaucoup de power, c’est ce punch qui me manquait.