Jura bernoisTous éligibles, surtout le patron du «Soleil»
Le candidat de la décontraction fait du bien dans une ville polarisée par la Question jurassienne.

Un chasseur dans un costume de lapin posté derrière un chevreuil empaillé avec deux fusils-mitrailleurs, c’est l’affiche électorale qui cartonne à Moutier, à dix jours des élections au Conseil de Ville (Législatif). Une élection libre: tous les citoyens sont éligibles pour remplacer 13 parlementaires pro-bernois démissionnaires, après un vote d’appartenance cantonale favorable au Jura.
Patron du «Soleil», à deux pas de l’Hôtel-de-Ville, «le Pat'» présentera jeudi matin son programme électoral à «L’Ours», son second établissement. Son mot d’ordre après des années de luttes fratricides: «Il faut dé-dra-ma-ti-ser!» «Le Pat’» n’est ni Jurassien, ni Bernois, mais Prévôtois: «C’est le moment de s’intéresser à la vie de la cité», dit-il.
Hormis le Vert
Pour l’élection complémentaire du 13 février prochain, les partis traditionnels sont en retrait. Hormis pour le Vert Léonard Paget, aucun parti n’a lancé une campagne électorale pour une fin de législature de neuf mois. Il y aura 13 sièges à prendre et Patrick Muster est prêt à siéger: «Toute la ville a envie de souffler», dit-il.
«Mon but est de dédramatiser la politique à Moutier», répète-t-il inlassablement depuis qu’il s’est lancé dans une course presque gagnée d’avance, d’autant qu’il offre l‘apéro le dimanche de l’élection, de 10 h à 12 h, à tous ceux qui auront voté pour lui et qui pourront le prouver. Captation de suffrages? «Oui, mais si je dois en répondre devant la justice, j’irai déguisé en lapin», promet-il.
Autant de temps
«Au lieu de critiquer le système, je comprendrai pourquoi ça prend autant de temps», sourit Patrick Muster, originaire de Belprahon. Derrière la provocation, il a l’idée bien ancrée de réconcilier les familles divisées par la Question jurassienne aujourd’hui officiellement résolue. «Être commerçant à Moutier, c’est se priver de la moitié de la clientèle, quoi qu’on dise», dit-il.
Quoi qu’on dise et… «même si vous ne choisissez pas votre camp, comme moi, on vous le reprochera», soupire le restaurateur qui mardi a cuisiné des médaillons de chasse, mais sans fusils-mitrailleurs, pas comme sur son affiche. Quand il a mis un plat bernois au menu, il l’a fait avec des saucisses d’Ajoie… «J’accepte le dialogue de tous bords, tant qu’il est intéressant. Je serai l’oreille du peuple!» fanfaronne «le Pat'», en revendiquant «un esprit de jovialité».