Formule 1: Paddock: Et maintenant?

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Formule 1Paddock: Et maintenant?

Quelques heures après le couronnement de Max Verstappen, à Suzuka, on apprenait que son écurie n’avait pas respecté le plafond financier fixé pour 2021. La Formule 1 retient son souffle…

par
Luc Domenjoz Austin

Un coup de fil qui tombe mal

Il y a quinze jours, Max Verstappen a été titré champion du monde 2022 juste avant de monter sur le podium du Grand Prix du Japon - au moment où les commissaires de piste ont déclassé Charles Leclerc pour être sorti de piste au dernier virage du dernier tour. Le Monégasque reculant à la troisième place, l’avance de Max Verstappen était suffisante pour lui offrir son deuxième titre.

Une heure plus tard, alors que les célébrations battaient leur plein au sein de l’écurie Red Bull, Christian Horner a reçu un coup de fil qui a quelque peu gâché la fête: Sheila-Ann Rao, la secrétaire générale de la Fédération Internationale de l’Automobile (la FIA) l’a appelé pour l’avertir que son écurie avait bel et bien dépassé le plafond budgétaire au terme de la saison 2021, ainsi que les rumeurs couraient depuis le début du week-end japonais.

Ce dépassement a été qualifié de «mineur» par la FIA, puisqu’il se limiterait à 1.8 million de dollars sur un plafond autorisé de 145 millions - l’écurie Red Bull est donc restée dans la marge de 5% qui fixe les dépassements «mineurs». Mais un dépassement mineur peut tout de même entraîner une perte de points au championnat. Max Verstappen ayant terminé la saison 2021 avec huit points d’avance seulement sur Lewis Hamilton, toute perte de points peut menacer rétroactivement son premier titre mondial.

Signature d’un ABA?

Le lendemain de ce coup de fil, la FIA publiait les résultats de ses investigations. Elle attribuait un certificat de conformité à huit des dix écuries. Aston Martin a été jugé en tort pour un problème de procédure, alors que Red Bull a été jugée en faute à la fois sur un problème de procédure, mais aussi, plus sérieusement, sur ce dépassement « mineur » du budget autorisé.

Dans le paddock du circuit d’Austin, il se raconte que la FIA tente de faire signer un ABA à l’écurie Red Bull (un «Accepted Breach Agreement», une reconnaissance de culpabilité). Si l’écurie signe ce document, elle avoue avoir enfreint le règlement, et la sanction s’en retrouve amoindrie, un peu comme en droit américain. Mais pour l’heure, il semble que Red Bull refuse de reconnaître toute culpabilité, et donc refuse de contre-signer le ABA.

Ce qui pourrait conduire à un jugement par les sept juges indépendants nommés par la FIA pour trancher ce genre de situations. Avec des sanctions qui peuvent aller d’une simple amende à un retrait de points pour la saison concernée. Et donc à une perte rétroactive du titre 2021 de Max Verstappen.

Lewis fâché contre Liberty Media

Chantre de la diversité en sport automobile, Lewis Hamilton essaie de faire embaucher un maximum d’employés féminins ou de couleur au sein de l’écurie Mercedes. Côté féminin, il soutenait moralement la Formule W, dont le championnat s’est joué en lever de rideau de plusieurs Grands Prix, cette saison. La Formule W aligne des monoplaces semblables à des Formule 3, et est réservées aux pilotes féminines, dans l’idée de permettre un jour à l’une d’entre elles d’accéder à la F1.

Les dernières manches de ce championnat W 2022 auraient dû se disputer il y a deux semaines à Suzuka, ce week-end à Austin et le week-end prochain à Mexico. Mais faute d’argent - suite à la défaillance d’un partenaire financier -, la Formule W n’a pas pu disputer ses trois derniers week-ends. Ses voitures ne sont donc pas présentes ce week-end à Austin. Du coup, Jamie Chadwick, qui avait largement dominé le championnat, a été titrée championne pour la troisième saison d’affilée - sans toutefois avoir la moindre chance de se hisser en F1 prochainement.

Lewis Hamilton regrette que la Formule 1, et plus spécifiquement Liberty Media, la société qui en détient les droits commerciaux - n’ait pas fait plus pour soutenir la Formule W. «C’était un devoir de la F1 d’aider la Formule W, à 100%, affirme-t-il. Depuis que la F1 existe, on n’en a jamais fait assez pour soutenir les femmes. Personne ne prête suffisamment d’attention à tout le travail qui est effectué là. Il n’existe pas de voie concrète pour permettre à ses pilotes d’arriver en F1.»

Si les chiffres n’ont pas été publiés officiellement, il semble qu’il manquait moins de 10 millions de francs pour permettre à la Formule W de terminer sa saison. «Franchement, vu le succès actuel de la F1 et l’argent encaissé par Liberty, je pense qu’aider la Formule W ne représentait pas beaucoup pour eux…» poursuit Lewis Hamilton. «Nous devons faire davantage pour aider les jeunes femmes.»

Les conclusions d’après Suzuka

Sur le moment, au moment de l’interruption de la course, Pierre Gasly était comme fou: alors qu’il roulait encore en piste, sous le déluge de Suzuka, le Français est passé à côté d’une grue évoluant sur la piste pour évacuer la monoplace accidentée de Carlos Sainz. Ce qui rappelait le terrible accident ayant causé la mort de Jules Bianchi, accident survenu sur ce même circuit et dans les mêmes circonstances, en 2014.

Après coup, Pierre Gasly a été pénalisé de 20 secondes et s’est même excusé auprès des commissaires de piste. Au moment de croiser la grue en piste, il roulait à plus de 200 km/h, sous la pluie, alors que la course était interrompue au drapeau rouge - raison pour laquelle les commissaires japonais avaient cru qu’ils pouvaient envoyer la grue retirer la monoplace de Carlos Sainz. Il roulait donc beaucoup trop vite vu les circonstances.

L’incident a été relevé par de nombreux pilotes. La FIA a donc mené une enquête qui a conduit sur plusieurs conclusions: à partir de ce week-end, le directeur de course restera Niels Wittich jusqu’à la fin de la saison - la FIA met ainsi un terme à l’alternance qui prévalait entre l’Allemand et le Portugais Eduardo Freitas. De plus, la FIA va mettre en place un système d’information qui permettra de connaître en temps réel les véhicules qui se trouvent en piste, afin que les écuries puissent informer leurs pilotes de l’éventuelle présence d’une grue sur le circuit. Il était temps.

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