Jumeaux enlevés: la justice neuchâteloise face à un vrai casse-tête

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NeuchâtelJumeaux enlevés: le procureur craint une récidive

La justice neuchâteloise s’efforce de reconstituer l’enlèvement de deux enfants par leur père espagnol, le 14 octobre dernier à La Chaux-de-Fonds.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
L’enlèvement de jumeaux s’est déroulé le 14 octobre dernier à La Chaux-de-Fonds.

L’enlèvement de jumeaux s’est déroulé le 14 octobre dernier à La Chaux-de-Fonds.

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Que s’est-il passé le 14 octobre dernier à La Chaux-de-Fonds? Le père espagnol qui a enlevé ses jumeaux de 7 ans chez leur grand-mère maternelle n’ayant pas été extradé après son arrestation en France, le Ministère public neuchâtelois piétine. Mais en réponse au ravisseur, qui assure publiquement n’avoir qu’exercé son droit de visite, les procureurs Pierre Aubert et Sarah Weingart accréditent la version de la plaignante lors d’un point presse tenu ce mardi.

Jetée au sol, ligotée et bâillonnée, la grand-maman de 54 ans a vécu l’enfer, mais après s’être «dégagée de ses entraves», selon les termes du procureur général Pierre Aubert, elle a appelé la police. Après l’arrestation des kidnappeurs tombés dans un barrage de police à Pau (F) à une heure de la frontière espagnole, les grands-parents maternels sont allés rechercher leurs petits-enfants, la grand-maman avec des côtes cassées.

«Lecture erronée»

Le refus de l’extradition par la justice française déconcerte Pierre Aubert, qui attribue cette décision à la «lecture erronée d’un courrier». Ce qui complique la tâche de la procureure chargée de cette affaire, Sarah Weingart, c’est que le procès-verbal de l’audition du père et de ses deux amis d’enfance ne lui est pas parvenu. Libérés, les trois prévenus sont de retour en Espagne, du côté de Madrid.

Pour la justice neuchâteloise, les trois ravisseurs ont proféré des menaces et malmené la grand-mère des jumeaux lorsqu’ils sont venus en Suisse pour enlever les jumeaux. Sarah Weingart précise que selon le médecin légiste qui a examiné la grand-mère molestée, «ses blessures corroborent ses déclarations», alors que les ravisseurs contestent tout acte de violence.

Le procureur général Pierre Aubert s’est exprimé avec la procureure chargée de l’affaire, Sarah Weingart.

Le procureur général Pierre Aubert s’est exprimé avec la procureure chargée de l’affaire, Sarah Weingart.

le matin.ch/Vincent Donzé

«Le déplacement a été minutieusement prévu: il ne s’agissait pas d’exercer un droit de visite», insiste le procureur général Pierre Aubert. La mère installée en Suisse depuis l’été dernier dispose d’un droit de garde, mais le volet civil n’a pas d’influence sur l’enquête pénale, limitée à l’intervention du 14 octobre dernier, lorsque le père a repris ses enfants sans préavis.

«Savoir qui est le meilleur du père ou de la mère, ce n’est pas l’objet de l’enquête», martèle Pierre Aubert. Lorsque la mère s’est installée en Suisse, le père a porté plainte, ce déménagement ayant transgressé son droit de visite.

Pierre Aubert voit mal comment l’affaire pourra se décanter: «les esprits sont échauffés», si bien qu’un apaisement est «peu vraisemblable». Le procureur général voit «un imbroglio qui va être long à démêler». Un mandat d’arrêt international a un effet dissuasif, mais devant la «hardiesse» et la «détermination» des ravisseurs, Pierre Aubert va jusqu’à craindre une récidive. Sa première préoccupation? Protéger les enfants.

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